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Paul Gauguin

Publié le 22/02/2012

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gauguin
(1848-1903) Une quête acharnée. En 1965, Tahiti inaugure enfin un musée consacré au plus célèbre de ses habitants: Paul Gauguin. Cet institut nous renseigne à la fois sur l'oeuvre et sur la vie du grand peintre. L'une explique l'autre beaucoup plus que chez d'autres artistes. Le père de Gauguin, journaliste libéral parisien, doit s'exiler en 1851 à Panama. La mère de l'artiste, de famille péruvienne noble, militante saint-simonienne et femme de lettres extravagante, se rend à Lima. Paul a 3 ans; son séjour au Pérou, chez son oncle, don Pio de Tristan y Moscoso, le marque profondément. A 17 ans, le jeune Gauguin s'engage dans la marine, visite Rio, Bahia, la Scandinavie. Et puis, soudain, il semble renoncer à l'aventure, travaille chez un agent de change, épouse en 1873 une jeune Danoise, Mette Gad, qui lui donne cinq enfants.
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« GAUGUIN 1848-1903 IL échut à Gauguin de devenir le héros d'un mythe: celui d'un artiste romantique en révolte contre toute convention, ignorant de tous les sordides détails matériels, sacrifiant à la recherche de la beauté pure toute douceur humaine.

En cette fin du XIXe siècle, si peu romantique, il apparaît sur la scène de l'histoire comme une incarnation anachronique de l'idéal romantique.

:Mais ne voir -en Gauguin qu'un disciple attardé de Rousseau, c'est se tromper aussi bien sur Gauguin que sur le romantisme.

Il apparaît comme la fleur dernière et la plus exotique de l'arbre planté par Rousseau et arrosé par Byron (sa défense à la Don Quichotte des indigènes des Marquises contre les gendarmes est une action typiquement byronienne), mais son journal âpre et amer nous montre un homme violent, ironique, irritable, suffisant, dont la nostalgie des tropiques était plus sensuelle qu'idéale.

« La barbarie est pour moi un rajeunissement », disait-il.

Sa nature revendicatrice s'accorde mal avec les figures de rêve de ses toiles, et pourtant l'homme et l'œuvre sont également sincères.

Son décor d'exotisme est aussi naturel qu'est instinc­ tif son besoin de peindre.

En faisant d'immenses sacrifices, il parvient à réaliser son double souhait.

Pourtant, à l'heure de la mort, dans la misérable hutte du Pacifique, lieu de son exil volontaire, il savait bien qu'il n'était parvenu.

ni au bonheur personnel, ni à la réalisation d'un art classique.

Car, bien qu'un romantique soupire après l'inaccessible, il fuit d'instinct la désillusion que lui apportera le réel.

Gauguin, qui est un arriviste type, a commis l'erreur d'arriver.

Ce n'est qu'en étudiant sa vie et son œuvre que l'on peut comprendre tout le tragique de son cas.

Les documents qu'il nous a laissés sont heureusement nombreux.

L'histoire de sa vie nous occupera tout d'abord.

EuGÈNE-HENRI-PAUL GAUGUIN est né à Paris le 7 juin 1848.

Son père, un petit journaliste d'Orléans, fit un curieux mariage.

En effet, sa belle-mère, Flora Tristan, était une personne fort agitée.

Saint-Simonienne en théorie et agitatrice de gauche en pratique, elle était d'origine hispano-péruvienne et Gauguin se vantait que le sang tumultueux des Borgia fût mêlé dans ses veines à celui du roi Montézuma.

Après le coup d'Etat de 1851, estimant bien à pr9pos que le séjour en France était malsain pour un libéral, ce père s'embarqua pour le Pérou en compagnie de sa famille.

Grâce aux riches relations de sa femme, il espérait fonder un journal.

Mais il mourut pendant le voyage et Mme Gauguin et ses deux enfants furent abandonnés à la charité de leur famille qui prit soin d'eux pendant les cinq ans de leur séjour à Lima.

Il est certain que l'enfant impressionnable, à demi hispanisé, qu'était alors Gauguin, dut rapporter à Orléans bien des souvenirs de sa lointaine enfance.

C'est dans cette ville, en effet, que la famille s'installa en 1856 et qu'il fit ses études.

En 1865, il entre dans la marine de commerce. »

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