Maurice Ravel

(1875-1937) Un génie difficilement reconnu. On connaît les crescendos du Boléro, avec son thème obsédant mais jamais monotone, la permanence rythmique d'Un Grand Sommeil noir, les basses sépulcrales du Concerto pour la main gauche ou la frénésie giratoire de la Rhapsodie espagnole. H suffit de constater qu'aujourd'hui Ravel reste un révolutionnaire ou, pour le moins, un compositeur déconcertant, pour imaginer l'accueil qu'il reçut de ses contemporains. Le jeune Ravel a eu des maîtres de tout premier plan: à l'âge de 7 ans, Henri Ghys pour le piano; à 12 ans, Charles René pour l'harmonie. Cela ne l'empêche pas d'échouer, en 1905, à sa dernière tentative pour obtenir le grand prix de Rome. A l'époque post-romantique, où il effectue ses premières recherches, une harmonie presque classique est encore de rigueur. Or, malgré les influences conjuguées de Chabrier, de Satie ou de Fauré — ou à cause d'elles —, la gamme des premières oeuvres de Ravel passe pour une insulte au système tonal, un ensemble de dissonances, loin du goût du jour.