Le film musical
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
Fiche de synthèse.
«
personnage violent aux limites de la délinquance
: Le Rock du bagne
(Richard Thorpe, 1958) et, surtout,
Bagarres au King Creole
(Michael Curtiz, 1958).
•
Déferlante musicale sans précédent, la Beatlemania submergea les années 60 en émergeant des décombres d'une société déliquescente, même si les échos cinématographiques furent ténus.
Quatre Garçons dans le vent
(Richard Lester, 1964) ou
Help
(id., 1965) utilisent le groupe pour des intrigues parodiques burlesques, tandis que
Le
Sous-Marin
jaune
(George Dunning, 1968) illustre sa musique sous forme de dessin animé psychédélique.
Après la séparation du groupe, de nombreux films de montage lui furent consacrés. Ainsi
Beatlemania
(Joseph Manduke, 1981). Mais les temps avaient changé : ce fut un échec absolu.
•
Un immense succès résume ces années folles
: American Graffiti,
de George Lucas (1973), qui s'ouvre sur Rock
Around the Clock
avant d'enchaîner une quarantaine de tubes d'époque. Même s'il ne s'agit que de musiques d'accompagnement, c'est le plus grand témoignage qui soit sur l'univers adolescent et ses modes.
•
La seconde partie des seventies, enfin, enregistre, après le rock et le twist, le double déferlement du disco et de John i Travolta. Sur I des thèmes I primitifs et j obsessionnels, J il vivra deux I triomphes I contigus : I
La Fièvre du ! samedi soir
I (John Badham, 11977), suivi de
Grease
(Randal Kleiser, 1978).
•
Quarante ans après le magistral
Fantasia
(Walt Disney, 1940),
Pink Floyd, the Wall
(Alan Parker, 1982) reste le plus bel exemple d'illustration lyrique et inventive d'une œuvre musicale.
UNE GRANDE DIVERSITÉ
GRANDS ORCHESTRES...
L'immédiat après-guerre a vu, comme une sorte de thérapie, la France se remettre à chanter et ce qu'on appelle le film d'orchestre connaître une grande vogue dans les années 50. Ray Ventura et ses Collégiens (qui avaient débuté en 1939 dans
Tourbillon de Paris,
Henri I Diamant-Berger) reprennent du J service en 1949 J pour
Nous irons à Paris
"j (Jean Boyer), j puis
Nous irons 3 à Monte-Carlo
j (id., 1950).
I Pigalle
-
Saint- Germain-des-Prés
(André Berthomieu, 1950),
Musique en tête
(Georges Combret, 1951),
Tambour battant
(id., 1952) mettent en scène l'orchestre de Jacques Hélian. Dans tous les cas, une intrigue simplissime sous-tend les démonstrations musicales et révèle des chanteurs (Henri Salvador, Henri Genès...) ou de futures grandes vedettes (Françoise Arnoul, Martine
JACQUES DEMY
Ce réalisateur français est incontestablement le plus original, le plus complet et le plus audacieux qui ait abordé le genre. D'un pari extrême
(Les Parapluies de Cherbourg,
1964, entièrement chanté sur fond de guerre d'Algérie), il fait un triomphe international. Après être repassé par la comédie musicale traditionnelle
{Les Demoiselles de Rochefort,
1967), il revient au récitatif avec une forme d'opéra social
(Une chambre en ville,
1982), puis une adaptation musicale du mythe d'Orphée
(Parking,
1985), qui seront des échecs publics, tout comme son dernier film
(Trois Places pour le 26,1988).
Carol, Jeanne Moreau...). Un âge d'or qui fut bref, tandis que se développaient des pousses singulières.
...ET DÉCLINAISONS POPULAIRES
•
Rappelons-nous que le
musical
est né du « vaudeville » américain, sans grand rapport avec son homologue français.
Dans cette forme de spectacle itinérant et populaire se mélangeaient les sketches comiques aux numéros dansés, les girls sommairement vêtues
aux chanteurs et musiciens. Les
Marx Brothers
y firent leurs premières armes, et Groucho, dans ses
Mémoires capitales,
raconte qu'à leur arrivée « on enfermait les jeunes filles à double tour, on fermait les volets et on cachait l'argenterie... ».
Puis Broadway devint le creuset de ces formes disparates sans que le gigantisme et le vedettariat oublient l'élément de base : la femme- spectacle. De même que nombre de comédies musicales se déroulent (bien naturellement) au sein d'une troupe, le music-hall et le cabaret serviront de décor à des intrigues où la musique sera sollicitée pour des motifs accessoires.
•
Du côté du comique, on trouve Robert Dhéry et ses Branquignols dans le film éponyme de 1949, suivi de
Ah ! Les Belles Bacchantes
en 1954. Pour la veine sexy, des cabarets héritiers de
m—
celui de
L'Ange bleu
(Josef von Sternberg, 1930) sont peuplés de modèles aux seins nus
: Énigme aux
Folies-Bergère
(Jean Mitry, 1955),
Folies-Bergère
(Henri Decoin, 1956),
Casino de Paris
(André Hunebelle, 1957). Parfois, mais trop rarement, la reconstitution est honnête, la chorégraphie fidèle, la musique de qualité
: French-Cancan
(Jean Renoir, 1955) en est un exemple quasi unique.
•
Le film de strip-tease provient du burlesque, forme dégradée des bataillons de girls qu'imposa le grand Ziegfeld. Le déshabillage chorégraphié (sommairement) sur une musique (quelconque) ne justifie qu'une brève mention. Hormis Bardot « effeuillant la marguerite » (Marc Allégret, 1956), peu de stars s'y commirent. Seul le plus célèbre établissement parisien du genre (le Crazy Horse Saloon) fit l'objet d'une fiction
(Strip-Tease,
Jacques Poitrenaud, 1963) et d'un reportage sulfrureux
(24 Heures d'un Américain à Paris,
José Bénazéraf, 1963).
LA REINE OPÉRETTE
•
Beaucoup plus ancrée dans la culture hexagonale, l'opérette, héritière directe de l'opéra bouffe et du maître Offenbach, se révèle un genre très populaire. Des chanteurs venus du cabaret s'y reconvertissent. Le plus célèbre fut Maurice Chevalier, partenaire de Mistinguett, qui tourna treize films au temps du muet avant de débuter une carrière internationale bilingue qui en fit le
french lover
le plus célèbre d'Hollywood. Avec Ernst Lubitsch, il enchaîna les opérettes :
Parade d'amour
^ (1929),
Le
Lieutenant - ^
souriant
(1932),
"" La Veuve
joyeuse (1934). En fin de carrière, tournera
Gigi
(Vincente Minnelli, 1958).
•
D'autres spécialistes du genre y gagneront une petite célébrité : Georges Milton avec
Le Roi des resquilleurs
(Pierre Colombier, 1930), Pils et Tabet dans
Toi c'est moi
(René Guissart, 1936). Mais le grand renouveau du genre se situera dans l'après-guerre, avec l'apparition des grandes stars popularisées par le disque et la radio.
•
Tino Rossi, Georges Guétary et Luis Mariano seront les plus célèbres des comédiens chanteurs.
Voix d'or, mais comédien exécrable, le premier enchaînera les succès, dont
Marinella
(Pierre Caron, 1936),
Naples au baiser de feu
(Augusto Genina, 1937)ou
La Belle Meunière
(Marcel Pagnol, 1948).
Bien que plus complet, le deuxième brilla sur scène, mais connut une carrière cinématographique décevante
:
seize films entre 1945 et 1955, dont
Le Cavalier noir
(Gilles Grangier, 1945),
Les Aventures de Casanova
(Jean Boyer, 1946)
eiJo la Romance
(de nouveau Gilles Grangier, 1948), mais rien d'inoubliable, à l'exception
d'Un Américain à Paris
(Vincente Minnelli, 1951), où il donnait la réplique au grand Gene Kelly en personne.
Luis Mariano, quant
à
lui, triompha
dans les deux registres au fil d'adaptations d'opérettes à succès le plus souvent signées Francis Lopez (Violettes impériales,
La Belle de Cadix
ou encore
Le Chanteur de Mexico).
•
Des chanteurs devenus comédiens, peu ont tiré leur épingle du jeu.
Citons Johnny Hallyday qui, passé une première période malencontreuse où il interprète une future vedette
(D'où viens-tu Johnny ?,
Noël Howard, 1963 ;
Cherchez l'idole,
Michel Boisrond, 1964), occupera des emplois dramatiques conséquents.
Et Yves Montand, surtout, star incontestée du cinéma français.
Paradoxalement, ce magnifique interprète qui évitait les emplois chantés connut deux de ses rares échecs avec des films musicaux :
Le Milliardaire
(George Cukor, 1960) et
Trois Places pour le 26
(Jacques Demy, 1988), où il interprétait pourtant son propre rôle !
BIOGRAPHIES ET FICTIONS
LES GRANDES FIGURES Une partie non négligeable du film musical est constituée de biographies de musiciens ou d'interprètes célèbres.
Au premier chef, les grandes figures romantiques combinent l'intérêt de leur musique, mondialement connue, à des vies tourmentées.
•
Entre 1927
(Beethoven,
Hans Otto) et 1985
(Le Neveu de Beethoven,
Paul Morissey), Abel Gance, Sacha Guitry ou Georg Tressler évoquent également l'existence passionnée de l'auteur de la
Neuvième Symphonie.
•
Tchaïkovski, Mahler et Liszt intéressent successivement Ken Russell
(Music Lovers, 1971 ; Mahler,
1974;
Lisztomania,
1975), tandis que Mozart est le héros bouleversant
d'Amadeus
(Milos Forman, 1984), tiré d'une pièce de Roman Polanski.
•
Parfois, la fiction est encore plus belle que la réalité : ainsi,
Le Fantôme de l'opéra,
qui compte à ce jour pas moins de huit versions, n'est-il pas le symbole éclatant du compositeur maudit
?
Primitivement consacré à Janis Joplin,
The Rose
(Mark Rydell, 1979) restitue quant à lui le versant tragique des grandes chanteuses de rock. Et le
HonkyTonk Man
de Clint Eastwood (1982) résume à lui seul la douloureuse destinée de bien des interprètes contemporains.
•
Enfin, plus proche de notre univers français,
Tous les matins du monde
(Alain Corneau, 1991) évoque l'ombrageux violiste Marin Marais, tandis que
Le Maître de musique
(Gérard Corbiau, 1987) trace un portrait composite et symbolique de grands artistes lyriques du xvnesiècle.
UNE VITALITÉ QUI NE SE DÉMENT PAS
•
Comme le western ou la comédie américaine, on a souvent enterré le film musical. Mais il ne dort jamais que d'un œil : après Jean Renoir et John Huston, Baz Luhrmann ressuscite, en 2001, un
Moulin-Rouge
très rock, avec Nicole Kidman. Puis Rob Marshall reprend en 2003 la chorégraphie de Bob Fosse pour son
Chicago
(avec, entre autres, Catherine Zeta-Jones et Richard Gere), tandis que Jamie Foxx incarne un Ray Charles plus vrai que nature
(Ray,
Taylor Hackford, 2005).
•
En France, Alain Resnais fait un joli triomphe avec un hommage drolatique ïr m* m aux rengaines o*cOH%
^W0N populaires
(On connaît la chanson,
1997) avant d'oser le remake d'une opérette des années 20
(Pas
•
sur la bouche,
2003). En 2004,
Les Choristes
(Christophe Barratier), remake de
La Cage aux rossignols
(Jean Dréville, 1944), séduit plus de 8 millions de spectateurs ! Et il nous reste à découvrir un demi- siècle de l'énorme production musicale indienne, dont les premiers spécimens sont enfin sur nos écrans.
SCORSESE - LE BLUES DES BLANCS
Peu de films de Martin Scorsese relèvent directement du genre musical
: New York, New York
(1997), évoquant les grands orchestres swing des années
40, The Last Walz
(1978), reportage sur le concert d'adieu du Band. Pourtant, le blues, le jazz, la pop irriguent toute son œuvre. Rappelons qu'il collabora au fameux
Woodstock
(1970) comme assistant et monteur, illustra son
Taxi Driver
(1976) de lancinantes partitions et mit en scène l'inoubliable clip de
Bad
pour Michael Jackson (1995).
Plus récemment, mais sans doute dans la ligne de cette passion, Martin Scorsese fut
à
l'origine d'une série de sept films d'environ cent minutes consacrés à l'épopée du blues
(The Blues,
2003). Assurément, le plus grand opus cinématographique
jamais consacré à ce genre musical.
Élaboré sur une dizaine d'années, l'ensemble fait se côtoyer quelques illustres amoureux de la musique américaine traditionnelle, par ailleurs grandes figures du cinéma. Participent ainsi à l'aventure, entre autres, Clint Eastwood
(Bird, HonkyTonk Man,
déjà évoqués), lui-même compositeur de plusieurs partitions de ses films (pour exemple,
Mystic River,
2003, ou
Million Dollar Baby,
2004), et qui signe ici
Piano Bues;
ou encore Wim Wenders, réalisateur du triomphal
Buena Vista Social Club
(1999) et inconditionnel du blues, pour
The Soul
of
a Man.
Scorsese a pour sa part réalisé
Feel like Going Home.
Entre la fiction et le documentaire, chacun de ces films est un hymne unique au blues et
à
ses interprètes..
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