La Pléiade
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
LA PLEIADE
Les rencontres Dans les derrieres annees du regne de Fran-
cois Pr, Pierre de Ronsard, gentilhomme ven-
dornois, rencontra au Mans un jeune lettre,
Jacques Peletier
(1517-1582).
Theoricien
en
matiere de poesie, Peletier avait traduit quelques grandes ceuvres de l'Antiquite (et notamment
l'Art poitioue d'Horace en 1545).
PoCte lui-
meme (ses (E'uvres poCtiques parurent en 1547),
it fut le precurseur et l'initiateur de la Pleiade.
II
confirma en effet Ronsard et du Bellay dans leur
enthousiasme pour la langue nationale, et dans
leur volonte de renover la poesie frangaise, et it
encouragea leurs premiers essais poetiques.
Cependant, 3 partir de 1547, une autre influence,
decisive, s'exerga sur les futurs poetes, celle de
Jean Dorat, ou Daurat (1508-1588), savant helle-
niste devenu principal du college de Coqueret,
sur lamontagne Sainte-Genevieve a Paris.
Ronsard, du Bel lay, Balt- furent ses etudiants.
A Coqueret, college humaniste on l'enseigne-
ment etait fon& sur la pratique des grands testes
anciens, le regime &aft severe : lever a quatre
heures, « aux etudes » de cinq a dix heures, puis
diner et recreation oil, comme Gargantua sous
la ferule de Ponocrates, on lisait « sous forme de
jeu Sophocle ou Aristophane ou Euripide, et
et quelquefois Demosthene, Ciceron, Virgile,
Horace »; etude de une heure a six heures, souper,
lecture « en grec et en latin » et toucher (v).
Dorat n'etait pas seulement un intellectuel
et un savant, mais un amateur exigeant de
poesie.
Paradoxalement, cet homme petri de
lettres grecques contribua done, indirectement
mais d'une maniere non negligeable, a la « defense
et illustration de la langue francaise ».
La Brigade Les &eves de Dorat etaient de jeunes adultes,
Venus volontairement reprendre des etudes, qu'ils
jugeaient insuffisantes, dans des disciplines qui les
1.
Ces renseignements sont donnas par Henri de Mesmes,
ancien (drive de Coqueret, dans ses Memoires.
passionnaient.
En 1547, Ronsard avait vingt-
trois ans et du Bellay vingt-cinq.
Avec quelques
autres, Ball' notamment, ils formerent un groupe
que Ronsard appela la Brigade.
Un peu plus
tard, certains etudiants d'un college voisin, le
college de Boncourt, vinrent accroitre les troupes de la Brigade.
Recrues de choix : Jodelle, Belleau,
L'entree de la Brigade dans I'histoire de la
litterature fut fracassante.
En 1549, du Bellay
publiait son pamphlet La defense et illustration
de la langue franeaise (I) et le premier recueil
petrarquiste du groupe, L'Olive.
L'annee sui-
vante, Ronsard proposait quatre livres d'Odes
é un public stupefait.
Un trait constant carac-
terisait les diverges declarations de la Brigade :
le mepris pour les marotiques et les poltes de
tour.
Certains le prirent mal.
Mellin de Saint- Gelais (1491-1558), ancien ami de Marot et
poete favori des grands, dont l'ceuvre n'est
d'ailleurs pas sans charme, essaya de miner
Ronsard dans l'esprit du roi.
Les deux hommes
finirent par se reconcilier, mais la panic etait
gagnee par la Brigade.
A la mort de Mellin,
I.
Voir p.
124.
Saint-Gelais,discipledes
Rhetoridueurs,
and de Marot et rival de Itoesard dans la
farad des Grande.
LA
PLÉIADE
Les rencontres Dans
les dernières années du règne de Fran
çois
Jer,
Pierre
de
Ronsard,
gentilhomme ven
dômois,
rencontra
au
Mans
un
jeune lettré,
Jacques Peletier (1517-1582).
Théoricien
en
matière de poésie , Peletier avait
traduit
quelques
grandes œuvres de 1 'Antiquité (et notamment
1
'Art
poétique
d'Horace
en
1545).
Poète
lui
même (ses
Œuvres poétiques
parurent en 1547),
il fut le précurseur et l'initiateur de la
Pléiade.
Il
confirma
en
effet
Ronsard
et
du
Bellay dans leur
enthousiasme
pour
la langue nationale, et dans
leur volonté de rénover la poésie française, et
il
encouragea leurs premiers essais poétiques.
Cependant,
à partir
de 1547, une autre influence,
décisive, s'exerça
sur
les futurs poètes, celle de
Jean
Dorat,
ou
Daurat
(1508-1588), savant hellé
niste devenu principal du
collège de Coqueret,
sur
la
montagne
Sainte-Geneviève
à
Paris.
Ronsard,
du Bellay, Baïf furent ses étudiants
..
A Coqueret, collège humaniste
où
l'enseigne
ment était fondé
sur
la
pratique
des grands textes
anciens, le régime était sévère : lever
à quatre
heures,
« aux études
» de cinq
à dix
heures, puis
dîner et récréation
où,
comme
Gargantua
sous
la
férule de Ponocrates,
on
lisait
« sous forme de
jeu
Sophocle
ou
Aristophane
ou
Euripide, et
et quelquefois Démosthène, Cicéron, Virgile,
Horace»;
étude de une heure
à six heures, souper,
lecture
« en
grec
et
en
latin
»
et coucher
(1).
Dorat
n'était
pas seulement
un
intellectuel
et
un
savant, mais
un
amateur
exigeant de
poésie.
Paradoxalement , cet homme pétri de
lettres grecques
contribua
donc, indirectement
mais
d'une
manière non négligeable,
à la « défense
et illustration de la langue française
».
La Brigade Les élèves
de
Dorat
étaient de jeunes adultes,
venus volontairement reprendre des études, qu'ils
jugeaient insuffisantes, dans des disciplines qui les
1.
Ces renseignements
sont
donnés
par
Henri de Mesmes,
ancien élève de
Coqueret,
dans
ses
Mémoires.
passionnaient.
En
1547, Ronsard avait vingt
trois ans et du Bellay vingt-cinq .
Avec quelques
autres, Baïf notamment, ils formèrent
un
groupe
que
Ronsard
appela la Brigade.
Un
peu plus
tard, certains étudiants
d'un
collège voisin, le
collège de Boncourt, vinrent accroître les troupes
de la Brigade.
Recrues de choix : Jodelle, Belieau,
Grévin ..
.
L'entrée de la Brigade dans 1 'histoire de la
littérature fut fracassante.
En
1549, du Bellay
publiait son pamphlet
La
défense
et
illustration
de
la langue française
(1)
et le premier recueil
pétrarquiste du groupe, L'Olive.
L'année sui
vante,
Ronsard
proposait quatre livres
d'Odes
à un public stupéfait.
Un
trait constant carac
térisait les diverses déclarations de la Brigade :
le mépris
pour
les marotiques et les poètes de
cour.
Certains le prirent mal.
Mellin de
Saint
Gelais (1491-1558), ancien ami de Marot et
poète favori des grands, dont l'œuvre n'est
d'ailleurs pas sans charme, essaya de ruiner
Ronsard dans 1 'esprit
du
roi.
Les deux hommes
finirent
par
se réconcilier, mais la partie
etait
gagnée
par
la
Brigade.
A la mort de Mellin,
1.
Voir p.
124.
Saint-Gelais,
discipl e des
Rhétoriqueurs
,
ami
de
Marot
et rival
de Ronsard
dans
la
faveur
des
Grands
.
B .
N .
Paris .
© Coll.
L.
B..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- PLÉIADE (la)
- PLÉIADE (la) : Fiche de lecture
- Cours sur la Pléiade
- PASCAL : Le haïssable du moi - fragment 455 de l’édition Brunschvicg ou du fragment 136 de l’édition Chevalier (en Pléiade)
- Descartes, Le Traité de l'Homme, 1664, La Pléiade, p. 807. Commentaire