LA PESTE Lectures analytiques 1 , 2 ,3,4,5
Publié le 03/02/2013
Extrait du document
«
2II .
Les différents modes d’illusion du réel choisis par le romancier impliquent un certain T YPE DE
NARRATION
a) Le souci chronologique
En choisissant de définir son récit comme une chronique (mot qui vient du terme grec chronos, qui
signifie le temps ), Camus adopte un mode de récit particulier, caractérisé par l'importance donnée aux
repères temporels ; le texte en comporte un certain nombre : « le samedi soir et le dimanche », « les
autres jours de la semaine », « le soir », « à heure fixe».
Et le livre commence avec l'évocation du
rythme des saisons : la succession « printemps, été, automne, hiver » évoquée au second paragraphe
annonce le déroulement chronologique du roman dans son ensemble qui commence au printemps, se
poursuit à l'été puis à l'automne et se termine au moment de l'hiver.
Mais surtout, en indiquant qu'il se
prépare à écrire une chronique , Camus annonce un type de récit très marqué par le souci d'une
chronologie rigoureuse : le chapitre II commencera par l'expression : « Le matin du 16 avril », et
comportera, en tête de nombreux paragraphes, des indications temporelles, voire des dates précises (« le
soir même », « le lendemain 17 avril », « un moment après », « l'après-midi du même jour », « à dix-
sept heures», «le lendemain matin 18 avril»).
La suite du roman confirmera, en maints endroits, ce souci
de suivre une chronologie détaillée, qui permet au narrateur de donner à son récit un caractère —
ou une apparence — de grande objectivité .
b) Un narrateur relativement discret
Ce ton «objectif», le narrateur y parvient aussi en Cultivant la discrétion .
Le texte ne comporte pas
une seule fois la mention du pronom personnel de la première personne du silgulier: on notera à cet
égard la formulation de la première phrase qui, en évoquant « les événements qui font le sujet de cette
chronique », occulte la personne même du chroniqueur.
Et le sujet de l'incise «on doit l'avouer » permet
de masquer l'individualité du narrateur derrière le flou de l'indéfini « on » .
Cette discrétion
s'explique dès lors que l'on sait que Camus a le souci de ne dévoiler l'identité de ce narrateur qu'à la fin
du livre.
c ) Un narrateur présent dans l’action
Pour discret qu’il soit, le narrateur n’en est pas moins présent dans l’action.
Comme l'indique
l’usage qu'il fait du possessif de la première personne du pluriel : en écrivant « notre ville ».
« nos
concitoyens,», il se présente comme l'un des habitants d'Oran, l 'un des témoins de l'action qu'il va
raconter.
D'entrée de jeu d'ailleurs, en écrivant au présent de l'indicatif, il se donne comme contemporain
de ces êtres dont il va évoquer les aventures récentes
d) Un narrateur apparemment détaché
Cette présence dans l'action revêt toutefois caractère particulier : le narrateur apparait relativement
détaché par rapport aux événements dont il va parler.
Ceci frappera le lecteur à sa seconde lecture :
parler de « curieux » événements pour évoquer la peste, indiquer que ceux-ci sortaient « un peu » de
l'ordinaire relève d'un usage de l’euphémisme à valeur humoristique.
Et cet humour semble indiquer que
le narrateur, simple témoin, n'a pas-été très impliqué dans l'aventure dont il se fait le chroniqueur.
Cet
apparent détachement a d’abord une valeur sur le plan de l'efficacité du récit ; le romancier provoquera
un effet de surprise à la fin du roman et lui conférera un surcroît d'intensité en révélant que le narrateur
apparemment distant n'était autre que Bernard Rieux, le héros le plus impliqué dans l'aventure.
Ce ton
détaché a aussi un intérêt sur le plan de la signification du livre ; il donne à penser qu'un événement
aussi extraordinaire et choquant que l'apparition de la peste — ou du fascisme — peut survenir sans
qu'on y prenne garde, appartient au monde du quotidien (alors qu'un ton emphatique soulignerait, au
contraire le caractère exceptionnel du fait).
Enfin, cette distance humoristique revêt — à seconde
lecture — une valeur psychologique : elle trahit, chez le docteur Rieux qui a eu doublement à souffrir
de cette période (avec la mort de sa femme et celle de son ami) une pudeur, une réserve, un refus de.
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