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Publié le 19/04/2013
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« Alo rs que 15 % de l’humanité n’a pas accès à l’eau potable, se préoccuper du goût de l’eau, n’est-ce pas un luxe ? « C’est un luxe dans la mesure où l’eau saine coule au robinet. Dans les pays oc- cidentaux, le besoin essentiel est couvert mais le besoin de confort évolue. Il n’y a pas si longtemps, en France, on indiquait dans les immeubles « eau et gaz à tous les étages ». Avoir l’eau courante à domicile était un élément de confort. Aujourd’hui, le consommateur est plus exigeant. Il se plaint quand l’eau ne lui plaît pas. Pour autant, quand l’eau potable a un goût si désagréable qu’elle est imbuvable, cela ne relève pas du luxe. Dans les pays chauds où l’eau est rare et se renouvelle peu, les conditions sont réunies pour que la ressource dégage des odeurs. Dans une ville australien- ne par exemple, elle a un goût de fosse septique. Naturellement riche en algues, elle contient cer- tains composés odorants à une teneur 1 000 fois plus élevée que dans les villes françaises où l’on se plaint d’un relent de moisi ! Par ailleurs, le mauvais goût de l’eau préoc- cupe au-delà des seuls pays riches. Lors de son dernier congrès consacré à ce sujet, l’In- ternational Water Association a rassemblé des chercheurs de 75 pays, dont le Chili, le Brésil ou le Sri Lanka. » Le mauvais goût est-il signe de risque sanitaire ? « Il est diffi cile de convaincre le public que l’eau potable est bonne à boire si elle n’a pas bon goût ou si elle ne sent pas bon. Elle est assimilée à une eau dangereuse. Pourtant, aux concentrations observées dans les ré- seaux, les composés odorants ne présentent pas de risque pour la santé. » C’est quoi une eau savoureuse ? « Il n’existe pas de critères pour défi nir le goût et l’odeur que l’eau doit avoir. Si l’on s’en tient à ce que prévoit la réglementa- tion française, l’eau doit être claire, limpi- de, équilibrée en sels minéraux et agréable à boire. Se pencher sur le goût de l’eau, sur l’agrément qu’elle procure au consomma- teur, c’est sortir du champ de la qualité sa- nitaire de l’eau mesurable par l'analyse, et entrer dans celui, beaucoup plus subjectif, de la qualité gustative. Malgré l’absence de critères réglementaires évaluables, Veolia intervient quand une insatisfaction s’exprime. » Depuis quand la recherche de Veolia tra- vaille-t-elle sur le goût de l’eau ? « Depuis quelques années. Auparavant, il était diffi cile de répondre aux plaintes : la chaîne de mesure des composés odorants, du prélèvement jusqu’au laboratoire en pas- sant par l’acheminement des échantillons, était inadaptée à la problématique, d’autant que dans la majorité des cas le mauvais goût de l’eau est fugace. Pour capter, isoler et identifi er des composés volatils, présents dans l’eau à des doses infi nitésimales parmi De quoi se plaint-on ? Les principaux mécontentements auxquels la recherche de Veolia doit apporter une réponse portent sur les goûts de chlore et de moisi. Le goût de chlore est toutefois révélateur d’une eau saine : système bactéricide, la chloration est à ce jour le procédé le plus économi- que pour éviter les maladies d’origine hydrique. L’ozonation et la nanofi ltration peuvent être utilisées pour réduire ou éviter de pro- duire de désagréables saveurs. La première a été mise au point par la Générale des Eaux en 1905. Beaucoup plus récente, la seconde utilise des membranes pour fi ltrer des éléments microscopiques et évite de recourir à des réactifs, mais elle est encore dévoreuse d’éner- gie et d’un coût d’entretien élevé. L’une et l’autre se justifi ent pour une ressource en eau particulièrement dégradée. En France, elles ne dispensent pas d’ajouter du chlore dans les réseaux. À l’échelle do- mestique, un remède simple pour limiter le goût de chlore : mettre l’eau du robinet au réfrigérateur (au froid, le chlore dissous dans l’eau ne se fait plus sentir). Le goût de moisi a des origines multiples. S’il aff ecte la ressource même, il est émis par une micro-algue qui produit de la géosmine et du 2-methylisoborneol (MIB). Il peut aussi provenir de molécules or- ganiques présentes dans la ressource que le traitement transforme en précurseurs de composés odorants. Utilisés comme nourriture par les bactéries qui vivent dans le réseau de distribution, ces der- niers se transforment alors en composés odorants (trichloroanisole et tribromoanisole). 2 No. 9 / Le goût et l'odeur de l'eau /janvier 2007Recherche & Développement INTERV IEW “En l’absence de critères réglementaires, Veolia intervient quand une insatisfaction s’exprime” « Faute d’outils adéquats, l’étude des caractéristiques organoleptiques de l’eau a débuté récemment. » Le cahier des chroniques scientifi ques David Benanou, responsable de l’équipe Expertise en chimie du Centre de recherche sur l’Eau de Veolia. [email protected]. »
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