Fiche sur les principaux auteurs latins
Publié le 16/02/2014
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LUCRECE Lucrèce (en latin Titus Lucretius Carus) est un poète philosophe latin du Ier siècle av. J.-C., (peut-être 98-55), auteur d'un seul livre inachevé, le De rerum natura (De la nature des choses, qu'on traduit le plus souvent par De la nature), un long poème passionné qui décrit le monde selon les principes d'Épicure. C'est essentiellement grâce à lui que nous connaissons l'une des plus importantes écoles philosophiques de l'Antiquité, l'épicurisme, car des ouvrages d'Épicure, qui fut beaucoup lu et célébré dans toute l'Antiquité tardive, il ne reste pratiquement rien, sauf trois lettres et quelques sentences. Si Lucrèce expose fidèlement la doctrine de son maître, il met à la défendre une âpreté nouvelle, une sombre ardeur. « On entend dans son vers les spectres qui s'appellent1. « dit Hugo. Son tempérament angoissé et passionné est presque à l'opposé de celui du philosophe grec. Et il vit une époque troublée par les guerres civiles et les proscriptions (massacres de Marius, proscriptions de Sylla, révolte de Spartacus, conjuration de Catilina). De là, les pages sombres du De rerum natura sur la mort, le dégoût de la vie, la peste d'Athènes, de là aussi sa passion anti-religieuse qui s'en prend avec acharnement aux dieux, aux cultes et aux prêtres, passion que l'on ne retrouve pas dans les textes conservés d'Épicure, même si celui-ci critique la superstition et même la religion populaire. Contre les positions du monde clérical, il propose de se soustraire aux craintes induites par la sphère religieuse, à laquelle il oppose la dimension rationnelle. Ainsi, il explique de façon matérielle les objets et le vivant, qui prennent forme via des combinaisons d'atomes. Surtout Lucrèce unit à la science épicurienne, souvent difficile, la douceur et la dimension visionnaire de la poésie. Le De rerum natura, composé à partir de l'ouvrage d'Épicure La Nature, est rédigé en hexamètres dactyliques. Il comprend 7 415 vers et se compose de six livres se regroupant en trois parties successives : La première partie porte sur la nature considérée dans ses constituants essentiels, les atomes et le vide : Elle correspond à peu près à la Lettre à Hérodote d'Epicure : dans le vide tombent éternellement des atomes indivisibles, indestructibles, semences de tous les univers passés, présents ou à venir, car rien ne se crée, rien ne se perd (Livre I). La pesanteur et une certaine « déclinaison « (clinamen) de la verticale les amènent à se grouper, à donner naissances aux corps inertes et animés, sans l'intervention des dieux (Livre II). La deuxième partie est consacrée à « l'homme « : Elle recouvre partiellement la Lettre à Ménécée : l'homme est matériel, même son esprit et son âme. Matériel donc mortel, car toute combinaison d'atomes finit par se résoudre en ses éléments. Et, si l'âme est mortelle, une vie future n'est pas à craindre (Livre III). À l'origine de la connaissance sont les sensations qui, matériellement émanées des corps, ne trompent pas si on les interprète sans illusions passionnelles (Livre IV). La troisième partie porte sur « le monde et les choses de la nature « : Elle recouvre en partie la Lettre à Hérodote et la Lettre à Pythoclès: le monde non plus n'est pas l'oeuvre des dieux : son évolution et celle de l'humanité peuvent se suivre à partir de combinaisons fortuites par progrès conjoints (Livre V). Et les phénomènes les plus étranges qui épouvantent les hommes, même les épidémies, sont dus à des causes naturelles (Livre VI). Le poème s'adresse à Memmius, habituellement identifié à un patricien romain, protecteur des lettres et des poètes (Catulle en particulier), préteur en -58, gouverneur de Bithynie en -57. La doctrine épicurienne La sensibilité humaine est liée à l'existence d'atomes plus subtils encore que ceux qui composent l'air, le vent, le feu. Néanmoins ces atomes ne sont pas sensibles en eux-mêmes, mais seulement dans les mouvements communs à eux et au reste du corps. Ce que réclame la nature, c'est l'absence de douleur (dans le corps) et d'inquiétude (dans l'âme). Pour cela, il faut se soustraire à la crainte des dieux et de la vie future, apprécier le plaisir et l'amitié qui est une valeur essentielle de l'épicurisme, mais se débarrasser des passions pour éviter la souffrance. En politique ne pas prendre part aux affaires, dans la vie privée éviter toutes les causes de trouble et de chagrin. Primat absolu de l'intérêt individuel. L'essentiel est d'être heureux, c'est-à-dire que rien ne vienne troubler notre plaisir. CATULLE Catulle (en latin Catullus) était un poète romain. Selon Suétone, il serait né à Vérone en Gaule cisalpine ou peut-être à Sirmio en 87 avant J.-C.. Il mourut en 54 avant J.-C., à Rome, où il passa la plus grande partie de sa vie. On dénombre 116 pièces écrites en vers dans l'oeuvre de Catulle, dont la plus longue compte 400 vers, et quelques autres fragments épars. Son oeuvre nous est parvenue sous le titre de Carmina, mais aucun titre ne figure en tête de l'oeuvre de Catulle. Certains manuscrits disent Catulli Veronensis Liber (Le Livre de Catulle de Vérone), là où Catulle lui-même parle de son libellus. Catulle étale sa passion au grand jour, le plus souvent inassouvie et malheureuse : il ne manque ni de courage, ni du sens de la provocation. C'est en ce sens qu'on peut le considérer comme un précurseur du genre élégiaque. Aucun écrivain, avant lui, ne s'était pris pour sujet de son oeuvre, surtout pas pour parler de sa passion amoureuse. Les sentiments qu'un homme pouvait nourrir à l'égard d'une femme avaient, chez les Romains, quelque chose de ridicule, de dégradant, voire d'humiliant. La relation homme-femme était le plus souvent conçue dans une perspective de procréation et revêtait souvent un caractère vénal. La passion amoureuse était presque, pour ainsi dire, indigne d'un homme libre et d'un citoyen romain. Qui plus est, Catulle fait état d'un amour pluriel : il aime les femmes comme les hommes. Il se lia d'ailleurs avec les hommes les plus distingués de son temps. En se montrant tel qu'il est dans son oeuvre, Catulle est bel et bien novateur. Le poète aborde aussi le genre épigrammatique avec des pièces érotiques d'une très grande vulgarité. Mais on trouve tout aussi bien, dans l'oeuvre du poète, des poèmes raffinés : les noces de Thétis et Pélée (pièce 64), les aventures d'Ariane et de Thésée (pièce 64), la célèbre Chevelure de Bérénice (pièce 66, version latine d'un poème grec de Callimaque) ou des poèmes d'amour d'une sensibilité très moderne, déplorant par exemple sa pauvreté et la mort de son frère dans la pièce 68. Catulle ne craignit pas enfin d'attaquer, dans ses vers, le dictateur César qui, au lieu de s'en irriter, sut gagner son amitié. VIRGILE Virgile, en latin Publius Vergilius Maro (né vers le 15 octobre 70 av. J.-C. à Andes, dans l'actuelle Lombardie et mort le 21 septembre 19 av. J.-C. à Brindes), est un poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste. Bucoliques Cette oeuvre visait à ramener les Romains à l'agriculture.[réf. souhaitée] La première édition se composait des neuf premières bucoliques11 (du grec ancien ????????/boukólos, le bouvier), harmonieusement disposées en deux groupes de quatre autour de la cinquième pièce, comme autant de planètes gravitant autour d'un astre. Cet astre, c'est Daphnis, souvent assimilé à Jules César fraîchement assassiné, ce qui sous-estime gravement la subtilité virgilienne. En fait, la cinquième bucolique pourrait bien nous présenter deux « Daphnis «, l'un ténébreux, celui de Mopse (masque d'Octavien), et qui figure en effet le feu dictateur, l'autre lumineux, celui de Ménalque (masque de Virgile), qui représente Catulle, secrètement éliminé par le premier. On ne peut qu'admirer les impeccables proportions de ce petit « temple pythagoricien «, pour reprendre la métaphore de Paul Maury qui fut le premier à les mettre en évidence en 1944. L'architecture la plus visible, qui donc équilibre les quatre premières pièces (83, 73, 111 et 63 vers = 330) par les quatre dernières (86, 70, 110, 67 vers = 333) autour du pivot central (90 vers), se redouble d'une autre, plus secrète, qui les couple par cercles concentriques (I + IX ; II + VIII ; III + VII ; IV + VI)12, lesquels correspondent à des thèmes (malheurs des paysans expropriés ; tourments de l'amour ; joutes poétiques ; élévation au niveau universel et cosmique) autant qu'à des formes (alternance de dialogues et de chants continus), et obéissent aux mêmes proportions numériques que dans la première architecture, soit : I + IX + II + VIII (333 vers), face à III + VII + IV + VI (330 vers). Géorgiques Ce poème didactique, terminé en -2913, se divise en quatre livres (514, 542, 566, 566 vers), abordant successivement la culture des champs, l'arboriculture (spécialement la vigne), l'élevage et l'apiculture13 : Livre I - blé et saison du laboureur ; Livre II - vigne et olivier ; Livre III - élevage du bétail ; Livre IV - le rucher. S'inspirant surtout d'Hésiode14, de Lucrèce14 et d'Aratos, mais aussi de Théophraste14, de Varron14, de Caton l'Ancien, voire d'Aristote14, Virgile trace son chemin propre en infusant à l'intérieur de la matière proprement didactique, souvent aride et ingrate en soi, ce que l'on pourrait appeler « l'âme virgilienne «, faite d'une extraordinaire empathie à l'égard de tous les êtres, qui anime l'inanimé, comprend de l'intérieur végétaux et animaux, participe activement au travail à la fois pénible et exaltant du paysan. Les Géorgiques sont beaucoup moins un traité d'agriculture (aussi ne visent-elles pas à l'exhaustivité) qu'un poème sur l'agriculture ; elles s'adressent au moins autant à l'homme des villes qu'à l'homme des champs. Elles offrent à l'amateur de poésie un plaisir sans cesse renouvelé, autant par leur sujet même qui ressource les Muses dans la fraîcheur et l'authenticité de la nature, que par le souffle qui les soulève de bout en bout, et par l'extraordinaire variété de leur style. Virgile sait agrémenter son sujet d'épisodes variés et de véritables morceaux de bravoure qui sont autant de « respirations « dans le poème. On peut citer les Pronostics de la guerre civile, l'Hymne au Printemps, l'Éloge de l'Italie, l'Éloge de la vie champêtre, l'Épizootie du Norique, le Vieillard de Tarente, Aristée et ses abeilles, Orphée et Eurydice. Énéide Offrir à Rome une épopée nationale capable de rivaliser en prestige avec l'Iliade et l'Odyssée, tel est le premier défi que Virgile avait à relever en entreprenant l'Énéide au cours des 11 dernières années de sa vie. Mission réussie, puisque, l'oeuvre à peine publiée, son auteur fut communément salué comme un alter Homerus, le seul capable de disputer à Homère sa prééminence au Parnasse. Virgile ne cache d'ailleurs nullement son ambition. Au niveau architectural le plus visible (car l'Enéide fait jouer simultanément plusieurs « géométries «), le poème se compose d'une Odyssée (chants I à VI : les errances d'Énée, rescapé de Troie, pour atteindre le Lavinium) suivie d'une Iliade (chants VII à XII : la guerre menée par Énée pour s'établir au Lavinium)15. Mais l'émulation avec Homère se manifeste surtout par le nombre considérable des imitations textuelles, dont les critiques s'employèrent très tôt à dresser la liste, cela quelquefois dans une intention maligne, et pour accuser Virgile de plagiat. À quoi celui-ci répliquait qu'il était plus facile de dérober sa massue à Hercule que d'emprunter un vers à Homère16 [réf. incomplète]. Et de fait, loin d'être servile ou arbitraire, l'imitation virgilienne obéit toujours à une intention précise et poursuit un projet qu'il appartient au lecteur de découvrir à travers l'écart, parfois minime, qui la sépare de son modèle - Homère ou l'un des nombreux autres écrivains, tant grecs que latins, auxquels Virgile se mesure tout en leur rendant hommage. Ce jeu intertextuel presque illimité n'est pas la moindre source de la fascination qu'exerça toujours l'Énéide sur les lettrés. Le second défi consistait à filtrer l'actualité de Rome à travers le prisme de la légende. Deux fils s'entrelacent constamment pour former la trame de l'Énéide, celui des origines troyennes de Rome et celui de la Rome augustéenne. Plus d'un millénaire sépare ces deux fils. Pour franchir un tel abîme temporel, et annuler en quelque sorte le temps, le poète, outre l'usage systématique qu'il fait de l'allégorie, ne s'interdit pas de recourir éventuellement à la prophétie, et peut même, au beau centre de l'oeuvre, descendre jusqu'aux enfers afin d'en ramener une vision panoramique, sub specie aeternitatis, de la grandeur romaine vue comme devant encore advenir. Il fallait montrer comment, à partir de presque rien, Rome s'était élevée jusqu'à l'empire du monde. Il fallait faire ressortir le dessein providentiel qui avait présidé à cette irrésistible ascension. Surtout, il fallait montrer comment, à travers la personne sacrée d'Auguste, l'Histoire venait trouver son achèvement et son couronnement dans une paix et un bonheur universels. C'est du moins ce qu...
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