CONCOURS EXTTERNE D''ADJJOIINTT ADMIINIISTTRATTIIFF DE LL''ADMIINIISTTRATTIION CENTTRALLE ETT DES SERVII CES DECONCENTTRES DE LL''ADMIINIISTTRATTIION PENIITTENTTIIAIIRE SPECIALITE "Administration générale"

« LES FRANÇAIS de Denis Jeambar publié dans l'Express du 28/12/2000 C'est une bien étrange chose qu'une nation.

Conjugaison des contraires, l'unité est son âme et la diversité sa richesse.

“La France, écrivait le grand historien Fernand Braudel, aura vécu sans fin, elle vit encore, entre le pluriel et le singulier.” 1870, 1940, 1958, années 90, etc.) peut aussi bien rétrécir au lavage que se transfigurer (version siècle des Lumières, Révolution française, Trente Glorieuses, etc.).

Dans sa variante IIIe millénaire, le voici, en tout cas, requinqué : il y a trois ans encore, marqué par deux décennies de récession, il était gris, morose et tristounet ; aujourd'hui, il se laisse aller gaillardement à l'optimisme et a moins peur du lendemain.

Il crée, il entreprend, il se décentralise, il s'exporte, il européanise, il mondialise, il voyage, il humanitarise, il pacse, il judiciarise, il écologise, etc.

Bref, les Français sont, à nouveau, en mouvement.

Fini le voir-venir des années taupe, le présent dessine des années mixtes, cigale-fourmi.

Ce mélange de prodigalité et de mesure s'explique peut-être parce que la France, minée par sa crise politique, est moins en forme que les Français eux-mêmes.

Le visage pâlichon de nos dirigeants décalque mal, en effet, la belle apparence des Français saisis par le photographe Yann Arthus-Bertrand.

Dans l'objectif de ce magicien de la Terre, des paysages et des êtres, ces femmes et ces hommes ne constituent pas une simple galerie de portraits.

La représentation photographique fait, ici, leçon et information.

Ces personnages, avec leur métier et leur épaisseur de vie, forment une trame.

Derrière les visages, les attitudes et les pauses se dévoile, sans simulacre, une vérité française, un peuple qui vient de loin et poursuit son aventure sans dilapider son héritage.

La profondeur du temps est là: Ces individus sont les acteurs, au présent, d'une des plus vieilles nations du monde et d'une société pleine d'histoires, qui ne manque pas de mots de passe pour pousser la porte de 2001 et des années à suivre.

Denis Jeambar www.lexpress.fr Le singulier, c'est cet espace hexagonal varié et harmonieux, une langue aux consonnes adoucies et aux voyelles nuancées, des règles et des lois communes, un Etat central fort, une mystique aussi.

Le pluriel, ce sont les femmes et les hommes qui composent ce pays, 60 millions d'individus qui mélangent tant et tant d'hérédités, une extraordinaire mosaïque de visages, de tempéraments, de caractères ou de métiers.

Dans l'histoire de France, les Français sont la houle, cet infini de vagues dissemblables qui se mêlent et se démêlent dans des hauts et des bas pour former l'écume des jours et l'océan du temps.

Si la France est une image ou une idée, les Français sont sa chair, le foyer de sa grandeur et la source de ses vicissitudes.

Elle n'est que ce qu'ils en font.

Il y a toujours une France après la France parce que ce peuple imprévisible, finalement, ne sombre jamais.

Sa vitalité finit toujours par dominer ses capitulations et le meilleur par triompher du pire.

Pour autant, malgré ses rodomontades cartésiennes, le Français n'est pas homme de pure raison.

Son trait principal est la cyclothymie, tant il alterne les périodes d'exaltation et de dépression.

Cette ambivalence psychologique fait qu'il n'est pas si facile d'extraire le diamant du filon et d'identifier les ressorts vrais des Français.

Il faut balayer le factice, défaire l'emballage et décaper.

Le Français (version Photos: Yann Arthus-Bertrand Assisté de Françoise Jacquot et Erwan Sourget, avec la collaboration de Eric Badault, Benjamin Dauchez, Clément Delamour et Pierre-Yves Dinasquet, les studios Pin-Up, Clivia et Jimmy.

Coordination: Geneviève Lamoureux.

La plupart des articles de ce dossier sur les Français sont des portraits types.

Sauf exception, les faits et les propos relatés ne concernent donc pas - en tout cas directement. »