compte rendu Baguley, David, Le récit de la guerre

« Référence : Baguley, David, « Le récit de la guerre : narration et focalisation dans La Débâcle.

In : Littérature, n°50, 1983.

Le pouvoir dans ses fables.

Pages 77-90. Résumé de l’article :  Cet article s'inscrit principalement dans le champ de la littérature comparée et des études littéraires en explorant la narratologie, le roman historique et les rapports entre fiction et histoire.

Il analyse les techniques narratives de Zola, notamment la focalisation et la structure du récit, tout en interrogeant les dimensions idéologiques et esthétiques de son œuvre naturaliste.  La problématique de l’article est la suivante : Comment Émile Zola, dans La Débâcle, parvient-il à articuler les perspectives divergentes du récit historique et du récit romanesque pour représenter les événements de la guerre tout en conciliant intelligibilité, immersion mimétique, et portée idéologique ?  L’article s’organise selon le plan suivant : 1.

Introduction : Contexte du roman dans la tradition historique et méthodologie sur la représentation de la guerre. 2.

Structure formelle : Analyse de la division du roman, des variations narratives et comparaisons avec d'autres œuvres notamment celle de Tolstoï. 3.

Focalisation : Exploration des points de vue multiples et du rôle des personnages comme médiateurs d’information. 4.

Fragmentation et cohérence : Étude des techniques narratives, comme les changements de perspectives « diégétisation », et de leur impact sur le réalisme et l’explication historique. 5.

Implications idéologiques : Analyse de l’évolution des personnages, vision déterministe de l’histoire et dépassement des conflits sociaux par la nature. 6.

Conclusion : Synthèse des tensions entre fragmentation mimétique et recomposition historique, et finalité idéologique du roman.  Des exemples clés et significatifs :  Confusion dans la bataille À travers la focalisation interne de Maurice Levasseur, Zola restitue l’ignorance et la désorientation des soldats pendant la bataille de Sedan : « On ne voyait toujours rien,     on ne savait rien.

Impossible d’avoir la moindre idée de la bataille : était-ce même une vraie, une grande bataille ? » (La Débâcle, p.

597). Contraste des perspectives Le roi Guillaume observe la bataille de manière ordonnée et détachée, depuis une position dominante : « Là-haut, sur la Marfée [...] il regardait, debout sur la colline, comme du trône réservé de cette gigantesque loge de gala » (La Débâcle, p.

583). Ce regard contraste avec la confusion des soldats, symbolisant l'autorité de l'ennemi. Les récits intradiégétiques Zola introduit des faits historiques par le biais de dialogues, comme la conversation entre Maurice et deux soldats décrivant les batailles de Froeschwiller et Wissembourg. Ces récits intègrent l’histoire tout en restant ancrés dans la narration. La guerre comme théâtre La bataille est mise en scène comme un spectacle, avec une description progressive et théâtralisée : « Et il y eut comme un coup de théâtre : le soleil se levait, les vapeurs de la Meuse s'envolèrent en lambeaux de fine mousseline » (La Débâcle, p.

569). La mort de Maurice : un symbole idéologique La confrontation entre Jean et Maurice, où ce dernier est tué, représente la régénération de la France par la suppression de ses excès : « C’était la partie saine de la France [...] qui supprimait la partie folle, exaspérée » (La Débâcle, p.

907). Ce dénouement symbolise la résolution des tensions entre réalisme et impératifs idéologiques. Mise en relation de l’article avec le thème : Ce que l’article apporte au thème de la guerre au XIXème siècle : Dans son article intitulé « Le récit de guerre : narration et focalisation dans La Débâcle », David Baguley enrichit le thème de la guerre au XIXème siècle en analysant les techniques narratives qu’Émile Zola utilise pour représenter la guerre franco-prussienne et ses répercussions.

L’auteur met en évidence l’articulation entre fiction et histoire, montrant comment Zola combine une représentation réaliste et mimétique des événements avec des schémas narratifs empruntés à l’historiographie, ce qui reflète un double mouvement de fragmentation et de reconstitution de l’histoire.

Baguley explore, également, l’usage de la focalisation interne et externe, qui permet de capter à la fois le chaos des batailles et des visions panoramiques structurées.

La structure tripartite (avant la guerre, pendant la guerre, après la guerre) de La Débâcle fait l’objet d’une analyse approfondie, montrant comment les variations temporelles influencent les rythmes narratifs et les perspectives des événements.

De plus, l’article met en lumière les tensions entre réalisme et didactisme, Zola mêlant des.... »