Commentaire composé sur un extrait de germinie lacerteux
Publié le 28/04/2015
Extrait du document
«
On note tout d’abord la présence d’une description extrêmement détaillée d’un paysage de campagne.
Nous sommes dans la « première zone de banlieue intra-muros » (l.
7) « ce qui vient où Paris finit »
(l.5), le lieu est déjà très précis.
Mais le narrateur ne se contente pas de ces quelques mots : le premier
paragraphe n’est qu’énumérations et accumulations.
En effet, la seconde phrase du texte fait quant à
elle cinq lignes.
L’énumération d’adjectifs qualificatifs concernant la route apporte une impression
d’abondance, de désordre et de grandeur.
Tout comme l’accumulation de la ligne neuf à quatorze, qui
quant à elle, décrit le paysage légèrement plus dans sa globalité, utilisant de nombreux groupes
nominaux.
Nous remarquons aussi la présence de parallélismes qui rythment les phrases et mettent en
avant certaines similitudes : « La descente finissait, le pavé cessait » (l.1), « Du monde allait et venait
toujours.
La route vivait et amusait l’œil » (l.
16).
Cette description est également très complète : elle
décrit aussi bien des éléments vivants que non-vivants.
Ainsi, le premier paragraphe est réservé à
l’immobilité du paysage et le second à la mobilité des figurants.
On trouve alors de nombreux verbes
d’actions dans le second paragraphe tels que « allait et venait », « trainaient », « passait ».
Cet extrait est doté d’une simplicité frappante.
On n’y trouve aucune autre sorte de ponctuation que
des virgules et des points, aucune figure de substitution, d’équivalence, d’amplification ou encore
d’atténuation.
Le narrateur décrit les choses de son point de vue externe, c’est-à-dire telles qu’il les
voit, avec des mots simples.
Il utilise très peu de figures de styles différentes car il ne veut aucune
fioriture pouvant altérer la réalité.
Son texte n’est que description plate, utilisant uniquement de
l’imparfait et du présent à valeur de description.
Il n’introduit aucune action réelle.
Son niveau de
langage est soutenu.
Beaucoup de ses phrases sont simples, et pourtant très longues.
A travers cet extrait, les auteurs affectent un choix de description particulier.
En effet, les objets et les
figurants qui y sont dépeints ne sont pas des sujets de description classique : ils représentent la banalité
de la vie de l’époque et ne sont habituellement pas intéressants.
Le fait que les auteurs les aient choisis
les rend quelque peu captivant.
Le narrateur fait prendre conscience au lecteur que cette banalité
quotidienne est la réalité et est importante.
Il utilise tout au long du texte le champ lexical de la
tristesse : il décrit des évènements qui d’habitude égaient la vie de façon sombre et morne.
Par
exemple : « mettait sur un mur l’ombre de sa grossesse » (l .19), « promeneurs faisaient des taches
noires, presque immobiles, au loin » (l.35).
Il utilise un oxymore à la ligne 32 : « paresse heureuse »
qui renforce le caractère abattu de la description.
« Le dernier réverbère pendu à un poteau vert » (l.15)
comporte une rime intérieure ; cela ajoute une touche de poésie au texte mais la syllabe –ère n’est pas
un son doux ce qui conforte la lassitude du texte.
Tout au long du passage règne une ambiance triste,
grise, faite de calme oppressant et de mélancolie.
Les nombreux détails de ce texte permettraient donc de le transposer en peinture.
Cependant, il
faudrait que le peintre montre cette même volonté des auteurs de décrire uniquement la réalité et rien
d’autre.
Si cet extrait représente un tableau littéraire, on perçoit aussi le désir de représenter la réalité
de la part des auteurs.
Ce passage est pour ainsi dire caractéristique du roman dans son ensemble.
À les lire on est frappé de
cette discordance : d'un côté une attention maniaque aux moindres détails, de l'autre un souci de " faire
vrai " tout en restant poétique : c'est ce qu'ils appellent " l'écriture artiste ".
Ils donnent l’impression de
réaliser une œuvre scientifique tellement cette précision est prenante..
»
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