Claude Monet
Publié le 22/02/2012
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MONET
1840-1926
QuE reste-t-il aujourd'hui, sinon peu de choses assurément, du personnage que l'on a pré
tendu faire jouer à Claude Monet? Lui-même, il faut l'avouer, entraîné par sa rouerie d'auto
didacte, s'y était prêté avec complaisance, dans toute son attitude comme dans ses lettres.
Et à
leur tour, esthètes, écrivains ou critiques n'avaient pas manqué de surenchérir sur cette légende.
L'image
en était alléchante, haute en couleurs et wagnérienne à souhait: le solitaire de Giverny,
grand-prêtre
d'une nouvelle confrérie nationale et internationale; à la fois poète, théosophe et
alchimiste, fondateur
de la doctrine du plein-airisme, maître des secrets de l'univers comme de
la technique, contemplateur de l'infini, adorateur du soleil et de« l'insaisissable».
Heureusement
qu'un tel artiste a d'autres titres moins spectaculaires pour entrer dans l'histoire.
Certes, avec le recul des ans, bien des idées se sont transformées.
Il n'est plus possible de
considérer l'impressionnisme comme
un fait en soi, indépendant de son temps et réduit aux pro
portions
d'un petit groupe ayant usé de quelques procédés particuliers.
Le mot déborde sa dési
gnation première et sert
maintenant à définir l'ensemble de divers courants et contre-courants
qui
marquent la fin du réalisme et les prémices des nouvelles bases esthétiques.
Il représente un
moment crucial de l'art français, caractérisé par le vaste mouvement spirituel qui, durant les
trente dernières années
du XIXe siècle, va conduire presque tous les artistes à adopter en fait
des conceptions à
peu près similaires.
Apparemment dépouillé de ses prérogatives traditionnelles par cette extension du sens même
et des caractères de l'impressionnisme,
Monet cependant tire avantage de cette sévère confron
tation générale qui
se situe sur le seul plan de la peinture.
Si Cézanne, Van Gogh ou même Renoir
le dépassent sans conteste à présent, il garde néanmoins sa place à leurs côtés.
Car non seulement
il assuma auprès de la
plupart d'entre eux, durant la période difficile de 1867 à 188o environ, un
rôle humain important par son opiniâtre esprit de lutte, sa foi naïve et absolue en lui-même
et dans
l'art, mais surtout, dans la prise de conscience picturale qui s'opère alors, il prend une
part prépondérante.
Le concept de la réalité
en soi, immuable, conforme aux conventions tacitement accep
tées, est
abandonné par les artistes qui lui substituent peu à peu celui d'une réalité personnelle
et intransmissible, puisque basée sur les seules sensations.
Monet est à l'origine de ce bouleverse
ment des idées et des valeurs, qui ouvre désormais la voie à toutes les spéculations de la subjec
tivité.
La peinture redevient ce qu'elle était jusqu'à la Renaissance, une libre extériorisation de
la sensibilité.
Moins
que quiconque, il ne songeait à renier le credo qui régit l'époque avec tant d'au
torité: le réalisme.
Mais tout en le respectant scrupuleusement, il en vient à le contester jusqu'en
ses fondements mêmes.
Chez lui, rien de concerté ni de raisonné.
Il agit comme une véritable
force de la nature.
Tour à tour, les influences de Boudin durant-sa jeunesse, de Jongkind en 1864,
de Courbet en 1865, de Manet au cours des années 1863- x865, ont façonné en lui une extra
ordinaire acuité
de vision, un sens profond de l'analyse -il avait de rares dispositions -, et.
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