Bougainville
Publié le 09/06/2013
Extrait du document
«
Mais la relation nest pas aussi déséquilibrée car dune part A commente les informations apportées pa r B, lun
renchérissant sur lautre dans un échange égalitair e, dautre part A montre un sens critique qui aigui se les
raisonnements de B.
Il y a donc bien dialectique puisque que les deux p ersonnages ont un niveau de connaissance équivalent ; le
dialogue est basée sur une relative égalité, un déb at didées entre deux thèses opposées mais il ne de vient jamais
polémique (absence de rapports de force)
Le didactique
On peut aussi considérer que leur couple mime le co uple Diderot / lecteur.
B serait alors le représentant du
philosophe qui gloserait le Voyage de Bougainville pour A cest-à-dire pour les lecteurs potentiels de louvrage.
Diderot a dailleurs rédigé un compte rendu de lect ure pour La Correspondance littéraire , il y parle à la première
personne et apostrophe Bougainville.
Larticle nes t pas publié mais devient la matière première de l ouvrage
Supplément au voyage de Bougainville .
Pour autant, si A et B apparaissent comme les por te-paroles didées de
Diderot, aucun indice ne permet au lecteur de consi dérer lun ou lautre comme le représentant de Dide rot.
En outre,
en tant que futurs (re)lecteurs / commentateurs du Supplément (p38), A et B incarnent tous les deux la figure du
lecteur lui-même qui est invité à leur suite à exer cer son regard critique.
Voilà le lecteur qui devient la tierce
personne, le C en quête dun D énigmatique qui se d érobe mais qui linvite à travers la dialectique serrée entre A et
B à réfléchir et à se forger sa propre opinion !
Cet incipit introduit donc louvrage dans le genre du dialogue philosophique : il implique le débat, la diversité des
points de vue, or les philosophes ne veulent pas as séner leurs idées mais permettre au lecteur de se forger les
siennes.
Dautre part, le dialogue est limitation dune conversation, pratique sociale et culturelle très développée
au XVIII° siècle puisque lélite lisante se presse dans les cafés, nouveaux hauts-lieux de rencontres, et les salons
tenus par diverses personnalités, pour échanger les opinions (voir le document complémentaire « salons littéraires
et philosophes »).
Le dialogue est donc la retransc ription écrite dune parole en action ; il introduit de la vie et une
pluralité de points de vue.
Diderot, lui-même grand bavard, affectionne particulièrement cette forme quil utilise
dans des textes brefs ou dans ses uvres majeures.
II) Un manifeste de lesprit des Lumières ?
Des domaines de connaissance représentatifs des Lum ières
Le débat métérologique
A et B paraissent bien informés et utilisent un voc abulaire assez technique : « partie inférieure de
latmosphère » ; « chargée dhumidité » ; « il traverse léponge » ; « région supérieure » ; « air moins dense
saturé ».
A signale explicitement quil utilise le langag e des chimistes « comme disent les chimistes ».
Cette
connaissance témoigne du goût et de la curiosité au siècle des Lumières pour les Sciences de la Nature.
Mais en
même temps a et B ne sont pas daccord sur les prév isions météorologiques : les indices dobservation sont
insuffisants pour trancher.
Le « il faut attendre » est représentatif de la prudence des penseurs de s Lumières qui se
fondent sur la raison et sur lobservation des fait s mais préfèrent suspendre leur jugement au lieu de tirer des
conclusions hasardeuses.
Lévocation dautres domaines scientifiques : A et B sintéressent à différentes sciences,
les Mathématiques (A sait que Bougainville est aute ur dun Traité de calcul différentiel et intégral) et la
géographie (B signale que lors de son exploration, Bougainville a amélioré les cartes de géographie).
Portrait de Bougainville en philosophe des lumières
Bougainville est lauteur réel qui a relaté son tou r du monde en 1771 : lettré, savant, sociable et au dacieux,
Bougainville incarne lexplorateur-philosophe ou l officier-philosophe,
· Il est le personnage de la contradiction, du moins apparente, entre deux périodes
de sa vie et entre deux façons de se conduire : le nomade et le sédentaire ; le mondain et le rustre.
Cette opposition
exprimée par A, interne à Bougainville, se retrouve dans le système des personnages mais elle apparaît ici comme
une alternance naturelle : B la souligne par linte rmédiaire dun chiasme jouant sur les verbes appliquer / dissiper
« il se dissipe après sêtre appliqué, et sapplique après sêtre dissipé ».
Pour lui, il est illusoire de croire à la
constance du caractère humain : « il fait comme tout le monde ».
Les premières observations de A sont marquées
par des préjugés même si implicitement lemploi de la métaphore filée du « tourbillon du monde » mis en relation
avec la mer « élément sur lequel il a été ballotté » inscrit déjà limage de linconstance de lêtre et du monde.
B va
battre en brèche les préjugés de son interlocuteur.
Faire le portrait de quelquun en voulant le figer dans une.
»
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