Baudelaire - Fiche Dissertation (Bac)
Publié le 28/11/2021
Extrait du document
v Infos générales
> décès de son père : Charles à 6 ans et vit mal le remariage de sa mère avec le général Aupick, qui le destine à des études de droit et à une carrière de notable bourgeois
> il préfère mener une vie de bohême à Paris : il dépense son héritage et fréquente les milieux littéraires parisiens > se lie alors avec les grandes figures littéraires (Gérard de Nerval, Théophile Gautier, Honoré de Balzac…)
> malgré le peu d’écho des poèmes qu’il publie dans les journaux ; il fait paraître la traduction des récits d’Edgar Allan Poe
> publication des Fleurs du Mal en 1857 > il avait longtemps réfléchit à ce recueil, pensant l’appeler d’abord Les Lesbiennes puis Les Limbes
> le poète échappe aux catégories de l’histoire littéraire, comme à celles de la morale
> si le titre antithétique de l’œuvre revendique le mal, c’est que la poésie de Baudelaire cherche à extraire le beau de la laideur et de la souffrance
> le poète vise le beau qui échappe ; l’infini, le « nouveau » (dernier mot du recueil), et multiplie toutes sortes de tentatives, à travers les figures de l’amour, du rêve, de l’ivresse, de la révolte et de l’exploration de la mort
v L’œuvre et ses parties
> Les Fleurs du Mal sera condamnée par la censure pour immoralité et outrage aux bonnes mœurs : la peinture du mal, des vices, de la déchéance, un certain érotisme et un goût de la provocation, la « joie de descendre » frappent, choquent les juges > cela conduira à la censure de 6 poèmes et à une amende
> 1861 : la deuxième édition des Fleurs du Mal paraît, totalement remaniée et amplement enrichie
> de nombreux poètes voient en Charles Baudelaire un chef de file : certains voient en lui la figure d’un second romantisme, d’autres voient en lui la modernité
> structure de l’œuvre (dans sa version définitive de 1861) :
> « Spleen et Idéal » (85 poèmes) > la première partie est d’ailleurs plutôt consacrée à l’idéal et la seconde au spleen, mais le passage de l’idéal au spleen opère insensiblement car le beau et l’amour sont presque toujours menacés. Le titre antithétique de cette section annonce d’emblée la double aspiration du poète, déchiré entre sa quête d’une perfection, d’une harmonie (qui apparaissent perdues ou inaccessibles), et le « spleen »
> « Tableaux parisiens » (18 poèmes, reprise de certains poèmes de 1857) > l’ajout de cette section après les poèmes consacrés au spleen crée une impression d’enfoncement, de lente descente dans le spleen > les poèmes de cette section traduisent en effet la solitude de l’homme, y compris dans la foule de la grande ville. Dans cette section, le poète paraît attentif au peuple de Paris auquel il s’identifie et pour lequel il manifeste une compassion certaine. Mais l’expérience poétique dépasse celle du quotidien : le poète s’attache moins à la description réaliste du Paris moderne qu’à la transfiguration de cette ville
> « Le vin » (5 poèmes) > les 5 poèmes de cette section chantent le pouvoir de libération de l’alcool (du vin), malgré son artificialité et la courte durée de ses effets. Cette section intervient plus tôt dans l’œuvre dans l’édition de 1861, et donne ainsi un côté plus éphémère et moins puissant à l’évasion procurée par l’ivresse
> « Fleurs du mal » (9 poèmes) > après le vin et l’alcool, la débauche apparaît comme un nouveau moyen d’évasion, d’émancipation. On peut considérer cette section comme une mise en abyme de l’ensemble du recueil, où le poète s’intéresse à la chair, à la luxure et aux plaisirs interdits. Les provocations à travers la mention d’expériences où le plaisir et la mort (« Une martyre »), le sacré et le sadisme (« Femmes damnées ») se rejoignent, choquant certains lecteurs
> « Révolte » (3 poèmes) > face à l’impassibilité de Dieu devant la misère humaine, le poète tente dans cette section de s’opposer au christianisme pour approcher différemment « l’absolu ». Cette section clôt sur une prière qui demeure sans réponse. Satan, pas plus que Dieu, n’offre au poète ou à l’homme la possibilité de s’élever
> « La mort » (6 poèmes) > cette section n’apparaît pas comme une fin définitive et punitive, mais comme un champ d’exploration et d’expérimentation. Le recueil se conclut sur un dernier voyage qui semble retracer le parcours
«
du poète et répète sa volonté de percer le connu comme son aspiration à l’universel > « trouver du nouveau » (dernier
mot de l’œuvre, « Le voyage »)
❖ Alchimie poé tique : la boue et l’or
> Les Fleurs du Mal est associé au parcours « Alchimie poétique : la boue et l’or »
> le libellé de ce parcours reprend les termes de Baudelaire lui -même à propos de sa poésie > on retrouve en effet
cette expression dans les « Bri bes » des Fleurs du Mal (fragments de poèmes que Baudelaire souhaitait certainement
utiliser un jour) : « J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or » + on le retrouve aussi dans un projet d’épilogue pour
Les Fleurs du Mal , rédigé en 1861 : « Comme un p arfait chimise et comme une âme sainte.
Car j’ai de chaque chose
extrait la quintessence.
Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or »
> Baudelaire compare sa poésie à de l’alchimie > le langage poétique doit permettre de transfigurer la réalité pour en
révéler la vérité
> la poésie est vécue comme une expérience de déchiffrement > le poète fait son étude du monde sensible et
comprend « le langage des fleurs et des choses muettes » (« Elévation »).
Comme pour l’alchimiste, cette étude vise
à transformer la matière vile en or : par le verbe poétique, l’expérience du monde, fût -elle la plus abjecte et la plus
désordonnée, devient beauté poétique. Extraire la beauté du mal, prendre la « boue » et en faire de « l’or », c’est
ainsi donner au verbe poétique le pouvoir d’enchanter le réel
> la poésie comme alchimie : l’alchimie renvoie à une recherche pratique , fabriquer la pierre philosophale, qui
permettait de transformer les métaux en or et de créer un élixir de longue vie + quête spirituelle , proche de
l’occultisme, qui vise à « percer les secrets du monde et de la matière » > pour Baudelaire, le poète est un alchimiste :
il cherche donc à déchiffrer « le langage des choses et des fleurs muettes » (« Elévation »)
> chez Baudelaire, la boue renvoie à la terre et donc à la condition humaine , qui est incapable d’atteindre l’ Idéal >
elle représente aussi l’époque moderne, qui fait de Paris une « cité de fange » (« Crépuscule du soir ») + lai deur morale
et malheur quotidien > la poésie doit permettre de transformer cette laideur en beauté et de « gard[er] la forme et
l’essence divine » (« Une charogne ») des existences
❖ Thèmes
> les femmes et l’amour : muses , femmes de la vie de Baudelaire > la femme est une inspiratrice pour Baudelaire, une
muse « aux multiples visages » : mère, amante, déesse, diablesse .
Les femmes tiennent une place prépondérante dans
ce recueil.
Créatures dangereuses et fatales, à même de torturer le poète, femmes protectr ices et réconfortantes ou
encore muses sensuelles, elles incarnent presque toujours des figures ambiguës ou ambivalentes
> Jeanne Duval : métisse aux yeux noirs avec laquelle le poète entretenait des relations houleuses > sensualité,
exotisme > permet l’évasion et la lutte contre le spleen
> « La Chevelure », « L’:éautontimorouménos », « Une charogne »
> Marie Daubrun : comédienne aux yeux verts, qui préféra Baudelaire à un autre écrivain : Théodore de
Banville > légèreté, sérénité > paysages calmes
> « L’invitation au voyage », « L’irréparable »
> Apollonie Sabatier : femme aux yeux bleus qui tenait un salon littéraire, « l’Ange plein de bonheur, de joie
et de lumières » > spiritualité, force, joie, vie > « Madame Sabatier »
> « Réversibilité »
> les femmes permettent au poète d’exprimer toutes les nuances du sentiment amoureux > il peut ainsi confier
sa tendresse et son affection, chanter la sensualité de l’être aimé (« Parfum exotique », « La Chevelure », « Le serpent
qui danse »)
> les femmes soumettent également le poète et le tiennent en esclavage (« Le Vampire ») > elles le font tant
souffrir qu’il finit par avoir une grande haine à leur égard, comme en témoignent les nombreuses apostrophes dans
ses poèmes (« ô, démon sans pitié ! » (« Sed non satiata »), « A une madone »).
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