Séance : La saison mentale du poète Activité 1 : lecture comparée Supports : Hugo, Vigny, Lamartine, Apollinaire L'automne : une saison mentale Alfred Vigny « Le cor « (extrait) « J'aime le son du cor, le soir, au fond des bois, Soit qu'il chante les pleurs de la biche aux abois, Ou l'adieu du chasseur que l'écho faible accueille, Et que le vent du nord porte de feuille en feuille. « Voici que la saison décline Voici que la saison décline,L'ombre grandit, l'azur décroît,Le vent fraîchit sur la colline,L'oiseau frissonne, l'herbe a froid. Août contre septembre lutte ;L'océan n'a plus d'alcyon ;= oiseau martin pêcheurChaque jour perd une minute,Chaque aurore pleure un rayon. La mouche, comme prise au piège,Est immobile à mon plafond ;Et comme un blanc flocon de neige,Petit à petit, l'été fond. Victor Hugo, Dernière gerbe L'automne Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques Automne malade Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !Feuillages jaunissants sur les gazons épars !Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la natureConvient à la douleur et plaît à mes regards ! Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire, [...] Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourireDes lèvres que la mort va fermer pour jamais ! Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui,Je me retourne encore, et d'un regard d'envieJe contemple ses biens dont je n'ai pas joui ! Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;L'air est si parfumé ! la lumière est si pure !Aux regards d'un mourant le soleil est si beau ! Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lieCe calice mêlé de nectar et de fiel ! [...] Peut-être dans la foule, une âme que j'ignoreAurait compris mon âme, et m'aurait répondu ? ... La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire,S'exhale comme un son triste et mélodieux. Automne malade et adoréTu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraiesQuand il aura neigéDans les vergers Pauvre automneMeurs en blancheur et en richesseDe neige et de fruits mûrsAu fond du cielDes éperviers planentSur les nixes nicettes aux cheveux verts et nainesQui n'ont jamais aimé Aux lisières lointainesLes cerfs ont bramé Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeursLes fruits tombant sans qu'on les cueilleLe vent et la forêt qui pleurentToutes leurs larmes en automne feuille à feuilleLes feuillesQu'on fouleUn trainQui rouleLa vieS'écoule Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913 Question sur un corpus : quelles ressemblances et différences trouvez-vous entre ces quatre poèmes ? 1 5 10 15 20 Automne malade Automne malade et adoréTu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraiesQuand il aura neigéDans les vergers Pauvre automneMeurs en blancheur et en richesseDe neige et de fruits mûrsAu fond du cielDes éperviers planentSur les nixes nicettes aux cheveux verts et nainesQui n'ont jamais aimé Aux lisières lointainesLes cerfs ont bramé Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeursLes fruits tombant sans qu'on les cueilleLe vent et la forêt qui pleurentToutes leurs larmes en automne feuille à feuilleLes feuillesQu'on fouleUn trainQui rouleLa vieS'écoule Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913 Vocabulaire : Nixes : Divinités des eaux, Ondines, dans la mythologie germanique. Elles rappellent ici le Rhin ( leurs cheveux « verts « sont des algues. Nicettes : simplettes en ancien français.
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Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !
Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire,
[…]
Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits,
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !
Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d’un regard d’envie
Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui !
Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;
L’air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !
Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
[…]
Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore
Aurait compris mon âme, et m’aurait répondu ? …
La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;
A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu’elle expire,
S’exhale comme un son triste et mélodieux.
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent.
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