Alexander Graham Bell (Sciences & Technique)
Publié le 17/01/2022
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Supposons maintenant qu'à côté du premier électroaimant on place deux ou plusieurs diapasons de fréquencesdifférentes, chacun d'eux frappant le fil à sa fréquence propre, et qu'un nombre égal de diapasons correspondantssoient placés près du second électroaimant : chacun des diapasons du second groupe ne répondra-t-il pas auxvibrations émises par le diapason correspondant du premier groupe, et à celles-là seulement ? S'il en est bien ainsi,et si les courants sont suffisamment forts, il doit être possible d'envoyer par l'intermédiaire d'un même fil autant demessages différents qu'il y a de diapasons, chaque message étant capté par le diapason approprié qui ne répondra àaucun des autres messages.
Ce fut le principe du "télégraphe harmonique" de Bell.
Par la suite, Bell remplaça les diapasons par des anches d'orgues, petites lamelles d'acier ayant chacune leurfréquence propre ; il fut ensuite amené à aimanter ces lamelles de façon à accroître la force entre la lamelle etl'électroaimant.
Il se rendit compte alors que, suivant la loi fondamentale de l'électromagnétisme, les anchesmagnétisées devaient donner naissance, en vibrant, à un courant induit dans l'électroaimant lui-même, courantvibratoire d'une fréquence identique à celui de l'anche.
Il tenait là la clé de son invention ultérieure, et le journaltenu par son père ainsi que les notes prises par ses assistants indiquent qu'il en avait clairement conscience, mais ilpensa d'abord que le courant induit serait trop faible pour pouvoir être utilisé.
En 1875, il fut reçu par l'un des plusgrands physiciens du temps, et le plus grand des États-Unis, Joseph Henry, à qui il confia son idée et lui demandas'il devait la publier.
Henry lui conseilla de l'approfondir sans la divulguer.
Comme Bell répondait qu'il ne pensait pasavoir des connaissances suffisamment étendues en matière d'électricité, Henry lui dit en bref : "Acquérez-les."
Bell revint donc à Boston et à son télégraphe harmonique.
Un jour, c'était le 2 juin 1875, il travaillait avec sonassistant Watson, dans des pièces différentes, aux deux bouts d'un fil conducteur.
Une des lamelles surveillées parWatson vint à se coller contre l'électroaimant.
Watson la dégagea d'un mouvement sec et la lamelle émit un sonbrusque.
A l'autre bout du fil, Bell perçut le son et le reconnut.
Se précipitant dans la pièce où se trouvait Watson, ilcria : "Que s'est-il passé ? Ne changez rien.
Laissez-moi voir." Il se mit au travail sur l'appareil téléphonique et, lejour suivant, il était en mesure de transmettre le son de la voix humaine, reconnaissable comme telle bien que lesparoles ne fussent pas intelligibles.
L'année suivante, le 10 mars 1876 exactement, des paroles furent pour lapremière fois transmises de manière intelligible.
Dans l'intervalle, Bell, préoccupé de la faiblesse des courants induitsdéveloppés, avait remplacé l'anche d'émission et son électroaimant par un dispositif différent.
C'était un dispositifqu'il avait employé à d'autres fins dans son télégraphe harmonique : il consistait en une membrane au centre delaquelle faisait perpendiculairement saillie un court fil métallique dont l'extrémité plongeait dans une solution d'acidesulfurique.
Quand la membrane, mise en mouvement par la voix humaine, se mettait à vibrer, le fil de fer s'élevait ets'abaissait dans le liquide, et la résistance du circuit formé par la membrane, le fil métallique, l'acide et le reste de laligne variait en un synchronisme exact avec les vibrations de la membrane ; il en était de même du courant quitraversait le circuit.
Loin d'être préparée à l'avance, la première phrase transmise fut toute accidentelle, Bell avaitrenversé de l'acide sur ses vêtements et s'était écrié : "M.
Watson, venez ici, j'ai besoin de vous." Watson entenditl'appel par téléphone et accourut.
Le téléphone était né.
Bell passa les quatre années suivantes à faire connaître son invention.
Il fut servi par un heureux concours decirconstances.
Le centenaire de l'indépendance américaine, qui tombait en 1876, fut marqué par une grandioseexposition à Philadelphie qui attira un nombre immense de visiteurs.
En y montrant son téléphone, Bell assura à sonOeuvre une publicité qu'il n'aurait pu atteindre autrement pendant des années.
Le célèbre physiologiste anglaisKelvin parlait du téléphone comme de "la chose la plus merveilleuse en Amérique".
Bell avait vingt-huit ans lorsqu'il inventa le téléphone ; il en avait soixante-quinze à sa mort.
Contrairement à cequ'on serait tenté de croire, dès 1880 il prenait sa retraite, retraite active au sein d'une prospérité bien gagnée.Jusqu'en 1894, il eut à soutenir de nombreux procès pour la défense de ses droits d'inventeur, dont il sortitinvariablement vainqueur.
Son dernier brevet venant à expiration en 1894, il put se consacrer entièrement à cequ'on pourrait appeler ses marottes.
C'étaient de merveilleuses marottes et qui témoignent hautement du niveau intellectuel exceptionnel de l'homme quis'y adonnait.
Il téléphona sur un rayon de lumière, utilisant le fait que, lorsque la lumière tombe sur le sélénium, larésistance de ce corps varie selon l'intensité de la lumière : en 1880 cette expérience constituait un exploitsensationnel.
Il imagina de substituer la cire aux feuilles métalliques dont étaient faits jusque-là les disques dephonographe et la cire supplanta vite le métal.
Il consacra à cette entreprise les 50 000 francs qu'il avait reçus dugouvernement français par l'obtention du prix Volta.
Il élabora un diagnostic électrique pour la localisation des ballesou autres objets métalliques dans le corps humain, qui demeura en usage jusqu'à l'introduction des rayons X.
Il selivra à des expériences avec des cerfs-volants et d'autres appareils qui frayèrent la voie à l'avion actuel.
C'est à ungroupe de jeunes gens qu'il dirigeait qu'on attribue l'invention de l'aileron.
Il écouta les sons sous-marins et décelales sons produits par les poissons.
Il organisa un élevage de moutons dans sa propriété de Nouvelle Écosse...
Quant à son intérêt pour les problèmes de la surdité et l'enseignement du langage aux sourds, il est permis de direque ce fut la préoccupation dominante de sa vie.
Plus de la moitié de tous ses ouvrages (le nombre total en est decent vingt-cinq) s'y rapportent.
On peut lire dans une des lettres qu'il a adressées à sa femme : "Il est une chosedont je suis chaque jour plus certain, c'est que mon intérêt pour les sourds durera toute ma vie.
Je vois tant à faireet si peu de gens qualifiés pour le faire.
Je n'abandonnerai jamais ce travail et vous devez vous persuader que, quelsque soient les succès, pécuniaires ou autres, que je pourrais remporter par ailleurs dans la vie, votre mari seratoujours connu comme un éducateur de sourds-muets ou comme un homme qui s'intéresse à eux." Il faisait parfoisdes apparitions publiques à des cérémonies telles que l'inauguration du premier service téléphonique transcontinentalou transocéanique.
Avec son port noble et sa belle barbe à l'ancienne mode, il est aisément reconnaissable sur les.
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