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ZONE ÉROGÈNE de Philippe Djian : Fiche de lecture

Publié le 20/11/2018

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lecture

ZONE ÉROGÈNE

 

Philippe Djian. Roman, 1989.

 

« Ce qui pousse un type à écrire, c’est que ne pas écrire est encore plus effrayant»: telle est la réponse que donne Djian au long questionnement qui traverse son roman et dont le caractère à la fois lapidaire et évasif résume toute l’amertume. Zone érogène raconte page après page, chapitre après chapitre, dans un univers incertain où foisonnent les personnages de recontre, les aventures et les péripéties, la solitude d’un écrivain condamné à tout saccager autour de lui, tout sacrifier de sa vie, des siens, de la femme qu’il aime, afin de mener à bien son œuvre, «la seule chose qui vaut la peine, après tout, peut-être la seule et unique chose vraiment réelle dans tout ça». Hypothétiquement autobiographique, plutôt narcissique — le narrateur s’appelle Philippe Djian, mais, comme le suggère avec humour une page du roman, de quel Philippe Djian s’agit-il? —, Zone érogène esquisse de façon originale un portrait d’écrivain, figure fragile et contradictoire emplie tout à la fois de doute et d’amour de soi-même. Cette histoire pourtant truculente et drôle est avant tout la chronique d’une création

lecture

« douloureuse mais nécessaire; si le livre s'achève sur la victoire de l'écri­ vain, cette fin n'est que provisoire, bref répit avant que ne surgisse à nouveau, taraudant et impérieux, le désir d'un autre roman.

Ce livre à venir, roman dans le roman, roman fictif étrange­ ment absent du roman qui le porte, à peine pressenti, est peut-être cette figure de l'inaccessible, à • la pureté de cristal •, dont le narrateur de Zone érogène semble garder l'invincible nostalgie.

+ Les romans de Philippe Djian (né en 1949) étaient restés peu connus du grand public jusqu'à l'adaptation cinématogra­ phique de 37,2" le matin (publié en 1985) par Jean-Jacques Beneix.

L'auteur connaît alors un succès aussi important que soudain.

Il a publié Bleu comme l'enfer en 1983, Maudit Manège en 1986, Échine en 1988 et plus récemment, en 1991, Lent dehors.

Il a également écrit un recueil de nouvelles, Crocodiles, paru en 1989.

Dans chacune de ses œuvres, le désir, l'érotisme et l'écriture constituent les thèmes essentiels.

+ Avec humour, Djian se compare dans Zone érogène à Faulkner, Bukowski et Céline ...

Comme les deux premiers, il tente de saisir l'immédiateté des états de conscience souvent douloureux.

Le lan­ gage est sans afféterie, en quête d'une certaine spontanéité.

Comme Céline, Djian expérimente un style parlé, fami­ lier, •grossier• disent ses adversaires, vivant et moderne répond l'écrivain, éloi­ gné autant que possible des phrases • raides et momifiées • de la littérature écrite, littérature désuète, •littérature du XIX" siècle• selon Djian.

ÉomoN• Philippe Djian, Zone érogène.

Bernard Sarra ult, 1989.

�nmE• Jean-Pierre Richard, L'État des choses: étude sur huit écrivains d'aujourd'hui, Gallimard.

1990.. »

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