Yasunari KAWABATA : Pays de neige

« Yasunari Kawabata .

D.R.

Au Jap on, une « gei­ sha » est une jeun e femme qui joue le r ô le d'hôtesse lors de ban­ quets ou de cérémo­ ni es.

Elle a appris le chant , la danse, la poésie , la musique et, bien sûr, /'art de ser­ vir l e thé.

Pa~fait e femme d'intérieur, elle sait aussi divertir un public.

Le livre L'histoire d'un grand amour impossible K omako est une geisha qui vit toute l'année dans le Pays de neige , au climat particulièrement rigoureux.

Shimamura est un homme riche, un rentier, dont toute l 'ac tivité se borne à tr ad uir e Alain ou Valéry et des traités de danse.

A Tokyo , il laisse femme et enfants quand il prend le chemin du Pay s de neige une fois par an pour s'y reposer.

Il y fera trois séjours et, chaq ue fois, son amour pour Komako grandira.

D 'abord méfiante, Komako se prendra petit à petit au jeu de l 'amour, n'attendant plus que le retour de Shimamura.

Celui-ci vit cet amo ur avec moins d'intensité : le caractère passionné de Komako lui est parfois étranger.

La première fois, il avait été frappé , à son arrivée, par la beauté de Yokô , rencontrée dans le train et dont l' image reste entière dans son esprit, comme un objet défendu.

Komako a pour Y okô de curieux sentimen ts, sans doute causés par la mort de Yukio qu'elles aimaient toutes les deux.

Shimamura et Komako ne peuvent vivre harmonieuse­ ment leur amour, car l'une aime sans hiatus , l'autre, même s'il est sincère, par intermittence .

Leur impuissance est symbolisée par un incendie au cours duquel , sous leurs yeux, périt Yokô.

Lorsque l'ineffable devient réalité Œ uvre très achevée, Pays de neige est le fruit d'une recherche personnelle que Kawabata a menée de 1935 à 1948.

Il publia dans différentes revues des fragments de Yukiguni (titre original) qui ne sera définitivement achevé qu'au bout de treize ans de maturation .

Le résultat est pourtant d'une grande cohérence.

Au réalisme géographique (le Pays de neige existe sur la carte) s'ajoute le réalisme social (les traditions , les coutumes, le mode de vie) et celui des sensations .

La concision caractérise le style de Kaw a bata: éludant ce qu'il ne juge pas indispensable à la bonne compréhension des personnages, il représente tout à travers le regard de Shimamura et ne nous donne aucun commentaire d 'ordre psychologique ni aucune description gratuite.

L 'objectivité par la sensibi lité, voi là son seul souci.

Symboliquement, 1' incendie final sert à immortaliser un amour voué à l 'éc hec ; il apporte la mort.. »