WERTHER. Héros des Souffrances du jeune Werther de Gœthe

WERTHER. Héros des Souffrances du jeune Werther (1774), roman de jeunesse de Gœthe qui eut aussitôt — exemple sans précédent — un succès énorme dans le monde entier, et qui influa profondément sur la vie et même sur la mode du temps, puisqu’il y eut un « costume à la Werther » : souliers et pantalons jaunes, habit bleu, porté de préférence par des jeunes gens. Werther est, d’après les théories du « Sturm und Drang », l’absolu de la sensibilité, comme Prométhee et Mahomet sur lesquels le jeune Gœthe écrivit également, sont les absolus l’un de la force créatrice, l’autre de l’action héroïque. La violence du drame — qui pourtant commence, sur

un ton idyllique, par les louanges des beautés de la nature — se complique du fait que la sensibilité du jeune Werther se heurte moins aux lois sociales codifiées comme le mariage qu’à ce que les « Stürmer und Drànger » considéraient comme le plus sacré des liens humains librement contractés, à savoir l’amitié. Werther s’éprend de Charlotte, la fiancée de son ami le plus cher, et c’est pourquoi il se tue. Mais ce suicide ne peut être considéré uniquement comme la solution tragique d’un cas personnel : c’est le conflit étemel entre l’exubérance sentimentale et incontrôlée du «je» et l’existence des autres, de la collectivité. Si le personnage a tant de force, c’est que Gœthe possédait une faculté quasi miraculeuse :