VOYAGEUR SUR LA TERRE (Le) de Julien Green : Fiche de lecture
Publié le 21/11/2018
Extrait du document
VOYAGEUR SUR LA TERRE (Le) Julien Green. Nouvelles, 1927.
Daniel O’Donovan est-il tombé accidentellement ou volontairement du haut de la falaise? Autrement dit: a-t-il droit à une sépulture chrétienne ? Pour répondre à cette question, on dispose d'une sorte de journal laissé par le jeune homme et dans lequel il relate sa vie: des parents morts prématurément, une enfance morne près d’un oncle peu aimant, le goût des livres et du rêve, une bien triste vie. Lorsqu’il a dix-sept ans, son oncle le munit d’un peu d'argent et l’envoie faire ses études dans une université du sud des États-Unis. Arrivé trop tôt, désorienté, Daniel rencontre un sympathique mais étrange jeune homme, Paul. Celui-ci, en effet, le pousse à accomplir toutes les démarches nécessaires, mais refuse de s’en charger comme il refuse d’habiter avec lui. Cependant ils se fréquentent régulièrement, Paul exerçant sur Daniel une influence croissante, excessive même: il brûle ceux de ses livres qu’il juge malsains, lui vole son argent pour le pousser à travailler, tout cela sans provoquer chez
«
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)VOYAGEUR SUR LA TERRE (Le).
Publié en 1925, cet ouvrage de l'écrivain français
Julien Green (né en 1900) comprend quatre nou
velles : deux longues pour commencer et deux
brèves pour finir.
La première d'entre elles prête
son titre au livre.
Habilement composée, plus
habilement écrite encore, elle a pour cadre le Sud
des États- Unis, pays que l'auteur connaît bien.
Son thème est la folie, mais on ne s'en rend compte
que progressivement.
Nous sommes d'abord
informés, d'une manière très impersonnelle, de la
mort tragique du jeune Daniel O'Donovan.
Il
semble qu'il se soit jeté volontairement du haut
d'une falaise.
On découvre qu'il a laissé un cahier
où il relate sa vie.
Ayant perdu ses parents à l'âge
de dix ans, il a été recueilli par son oncle, misan
thrope grincheux qui passait ses journées enfermé
dans sa bibliothèque.
Point n'était besoin, selon
celui-ci, que l'enfant aille à l'école.
Il a donc grandi
seul, dans la triste et sombre atmosphère d'une
vieille demeure provinciale.
Ses penchants le
portaient à rêvasser et à lire.
Tandis que son oncle
ne lui parlait que pour lui débiter, parfois.
de
grandiloquents sermons.
sa tante.
grosse bonne
femme dévote et volubile, aimait à lui conter de
brumeuses histoires.
Quant au père de celle-ci.
vétéran de la guerre de Sécession, c'était un homme
cassant et autoritaire que son petit-neveu n'in
téressait pas.
La tante mourut.
Le vétéran quitta
la maison.
Resté en tête-à-tête avec son oncle,
Daniel fut condamné à une existence encore plus
morne.
Mais quand il eut dix-sept ans, le vétéran
le convoqua et lui remit de l'argent en lui enjoi
gnant d'un ton bourru d'aller suivre les cours de
l'Université où lui-même avait étudié autrefois.
Après avoir hésité, Daniel quitta furtivement la
maison de son oncle.
se contentant de l'avertir par
lettre.
Il arriva à l'Université quinze jours avant
que les vacances ne finissent.
Impression d'aban
don, de désarroi.
Assis dans un jardin, sa valise à
ses pieds, il devait se sentir.
sans se l'avouer.
presque incapable de surmonter sa timidité et de
faire la moindre démarche.
Soudain surgit devant
lui un jeune homme de son âge, souriant et très à
l'aise, qui lui dit s'appeler Paul et proposa qu'ils
cherchent une chambre ensemble.
Daniel accepta
avec joie, mais il découvrit bientôt que l'attitude
de son nouvel ami était étrange et qu'au lieu de lui
faciliter les formalités qu'il redoutait, il se bornait à
veiller à ce qu'il les accomplît.
En outre il ne voulut
point loger au même endroit et s'esquiva sans
fournir d'explication.
Il prit cependant l'habitude
de reparaître de temps à autre.
toujours à l'impro
viste.
et de se mêler avec une extraordinaire indis
crétion des affaires de Daniel.
sans lui souiller
mot des siennes.
Pendant une absence de son ami.
il vint même brûler, sous prétexte qu'il les jugeait
malsains, les romans auxquels le pauvre garçon
Bois gravé de Ben Sussan pour
le Voyageur sur la terre.
1929.
tenait par-dessus tout.
La nuit suivante, ce dernier
fit trois fois de suite le même cauchemar.
Entraîné
par Paul sur la fameuse falaise, il s'abîmait dans le
vide.
Au réveil, une nouvelle déconvenue l'atten
dait: la perte de son argent.
Il soupçonna son cama
rade de le lui avoir volé, mais ne songea nullement
à s'en plaindre.
Il travaillerait.
C'était pour son
bien en somme.
cela aurait pour conséquence de
l'aguerrir.
Le cahier s'achève là.
Suivent quelques
témoignages qui l'éclairent et le complètent.
Confirmant.
ainsi qu'on l'avait deviné, que Paul
n'était que la création d'un esprit malade, ils
décrivent de manière saisissante le singulier com
portement de celui qui nous a, avec tant d'inno
cence et de naturel, confié ses pensées et dépeint
ses hallucinations.
sans se douter une seconde
qu'elles n'étaient pas le fait d'un homme normal,
mais trahissaient.
au contraire, une folie de plus en
plus caractérisée.
Comme souvent dans la réalité,
tous les détails ne sont pourtant pas élucidés.
ce
qui laisse de la marge à l'interprétation et au rêve.
On retrouve dans le reste du livre les éléments et les
qualités qui font le charme de cette histoire : mys
tère et rebondissements savamment ménagés,
idées fixes et obsessions meurtrières analysées
avec un art subtil, maisons qui semblent n'être
peuplées que de fantômes, adolescents trop sen
sibles et trop solitaires, voués à d'éternelles
vacances.
Julien Green y montre une aptitude
remarquable à évoquer des atmosphères troubles,
à louvoyer entre la raison et la déraison, à montrer
quelle frontière les sépare et comment cette fron
tière se franchit..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- VOYAGEUR SUR LA TERRE (Le). (résumé & analyse) Julien Green
- Fiche de Lecture "La terre des Peaux-Rouges" de Philippe JACQUIN
- VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE de Jules Verne : Fiche de lecture
- TERRE À LA LUNE (De la) de Jules Verne : Fiche de lecture
- TERRE DU SACRE (La) de Jean-Claude Renard : Fiche de lecture