VOYAGE DE MONSIEUR PERRICHON (le) d'Eugène Labiche (résumé & analyse)
Publié le 08/11/2018
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Dangereux voyage qui le met, lui et sa famille, à la merci des intrigants, des douaniers et des commandants de zouaves, bref de tous ceux qu'il eût évités en demeurant tranquillement à sa place. Ce voyage, la langue bourgeoise qui permet de sauver la face dans des situations humiliantes (<
Telle est la leçon, sans doute peu exaltante, que Labiche adresse à ses congénères saisis par la bougeotte, que celle-ci soit géographique (la Cagnotte, 1864) ou sociale (la Poudre aux yeux, 1861; Un mari qui lance sa fe mme, 1864, etc.). Heureusement, la maîtrise du dramaturge, la subtilité du portrait sauvent la pièce de tout moralisme simpliste à la manière de Dumas fils ou d'Augier. Car l'auteur sait, en son héros << insupportable de vanité bête >> (Zola), coupler de façon inattendue deux caractères dont la mise en œuvre alter
VOYAGE DE MONSIEUR PERRICHON (le). Comédie en quatre actes et en prose d'Eugène Labiche (1815-1888) et Édouard Martin (1828-1866), créée à Paris au théâtre du Gymnase le 10 septembre 1860, et publiée à Paris chez Bourdilliat la même année.
La gare de Lyon, à Paris. Le riche Perrichon, carrossier retiré des affaires, a décidé d'emmener à Chamouny (l'actuel Chamonix) sa femme et sa fille Henriette. Départ laborieux sous les yeux de Daniel et d'Armand, tous deux épris d'Henriette. Assiste aussi à la scène Majorin, petit employé envieux, venu, lui, emprunter de l'argent à Perri chon. Dans le même convoi prend place le commandant Mathieu, désireux d'oublier une cocotte qui le ruine. Daniel et Armand décident de suivre la famille Perrichon et de se livrer une « lutte loyale et amicale » (Acte 1).
Une auberge de montagne, près de la mer de Glace. Daniel et Armand devisent en attendant leurs compagnons de voyage. Parti en éclaireur, Armand revient avec un Perrichon décomposé qu'il a tiré d'une crevasse, mais dont la reconnais sance se mue bientôt en agacement contre son sauveur - ce que Daniel constate avec satisfac tion. Perrichon et Daniel reprennent seuls l'excursion, alors qu'arrive le commandant, qui corrige ironiquement sur le « livre des voya geurs» la graphie incertaine (« Que l'homme est petit quand on le contemple du haut de la mère de Glace ») du carrossier. Celui-ci, tout glorieux.
«
fortu ne.
Resté, dans l'âme, un produc
teur -non plus de biens, mais de phra
ses « Adieu, France, reine des
nations >> (I, 8) -, le rentier, puisqu'il a
renoncé à > davantage, tente
pa r conséq uent d'> un autre : un
conquérant, voire un héros de la mon
tagne, un duelliste ...
Dangereux voyage
qui le met, lui et sa famille, à la merci
des intrigants, des douaniers et des
commandants de zouaves, bref de tous
ce ux qu'il eût évités en demeurant
tranquillement à sa place.
Ce voyage,
la langue bourgeoise qui permet de sau
ver la face dans des situations humi
liantes (>, Il, 10), le maintient pourtant
touj ours dans le champ de la comédie.
Telle est la leçon, sans doute peu
e xaltante, que Labiche adresse à ses
congénères saisis par la bougeotte, que
celle-ci soit géographique (la Cagnotte,
186 4) ou sociale (la Poudre aux yeux,
1861 ; Un mari qui lance sa femme,
186 4, etc.).
Heureusement, la maîtrise
du dramaturge, la subtilité du portrait
sauvent la pièce de tout moralisme
simpliste à la manière de Dumas fils ou
d'A ugier.
Car l'auteur sait, en son héros
> (Zola),
coupler de façon inattendue deux
caractères dont la mise en œuvre alter- née
rythme la pièce comme le va-et
vient d'une machine à vapeur, et per
met de plaisantes symétries : Perrichon
est en effet, à la fois, le Bienfaisant -
mais pratiquée ainsi, cette vertu
devient un vice, l'expression d'une
insupportable volonté de puissance -,
et l'Ingrat -mais ce vice est aussi le
contrepoint d'une formidable énergie
vitale : >
(I V, 6).
Autour de ce point focal gravi
tent les autres personnages, actualisant
dive rses modalités du dispen
dieu ses ne lui ramènent pas la volage
Anita), ou se situant par rapport à lui,
soit pour en profiter (Daniel) soit pour
en figurer l'antith èse, bougonne
(Mme Perrichon) ou naïve (Armand,
Henr iette).
La loi de compor tement
incarnée par Perrichon dépasse ainsi sa
seule personne, pour devenir le prin
cipe d'unité d'une pièce dont le
dénoue ment miraculeux confirme le
ju gement de Zola sur un écrivain qui a
>..
»
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