VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT Louis-Ferdinand Céline
Publié le 19/11/2018
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VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT Louis-Ferdinand Céline. Roman, 1932.
Ce roman picaresque dénonce toutes les formes d’aliénation qu’une société vouée à la haine et à la veulerie a mises en place. Son héros Bardamu découvre d’abord de façon brutale et définitive le mensonge de la Grande Guerre, ainsi que le caractère inutile et grotesque d’un héroïsme qu’au fond rien ne justifie. Réformé, il connaîtra le cauchemar de l’Afrique coloniale, dont le récit nous donne une image à la fois pittoresque et grandguignolesque, en en dévoilant toutes les cruautés. Plus tard, débarqué dans l’Amérique des années vingt, il fera l’expérience du travail à la chaîne et de l’extrême misère. Revenu en France, le héros, devenu médecin, côtoie tout un petit peuple dont il décrit les bassesses et les mesquineries avec une sensibilité de sociologue, sans indulgence ni complaisance. Parfois cette écriture rageuse dans sa forme, violemment négatrice dans son propos, s’infléchit dans une tonalité plus mélancolique d’où surgissent la poésie triste des banlieues grises et pauvres ou l’image pathétique de quelques êtres innocents, à qui va toute la tendresse du narrateur.
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CÉLINE: Voyage au bout de la nuit (Analyse et Résumé)
1894-1961
La vie de Céline est le matériau que son imagination déforme et transpose dans ses romans.
Louis-FerdinandDestouches (Céline est le nom de sa grand-mère, qu'il choisira comme nom de plume) est né en 1894 à Courbevoie,dans une famille de petits commerçants.
Ses parents le mettent en apprentissage assez tôt, mais il montre peu degoût pour le travail ingrat de commis de magasin; la vie passage Choiseul, la boutique de sa mère, sonapprentissage et la découverte, à cette occasion, de la méchanceté humaine apparaissent dans Mort à crédit (1936), roman où se mêlent fantasmes et souvenirs d'enfance.
La guerre est pour lui l'occasion d'échapper à ce milieu étriqué; le jeune homme s'engage à dix-huit ans dans unrégiment de cuirassiers, à Rambouillet, en 1914.
Après trois mois de guerre, il est blessé, puis réformé, et fait unséjour à Londres, dans les services d'observation de l'armée.
En 1916, il part pour l'Afrique, au Cameroun; mais des raisons de santé le ramènent en France sans qu'il ait faitfortune.
Il entreprend alors des études tardives: il passe son baccalauréat, fait ses études de médecine et optepour une spécialité de médecin hygiéniste.
Sa carrière médicale est variée: il parcourt le monde en tant que médecinattaché à la Société des Nations, puis ouvre un cabinet à Clichy en 1927.
Ces trois étapes de sa vie sont le fondautobiographique de son premier roman, Voyage au bout de la nuit, qui fait scandale dès sa parution en 1932, car il tourne en dérision les valeurs morales et sociales et la langue française elle-même.
L'année 1937 marque un tournant: l'écrivain sort de la fiction et s'engage politiquennent en manifestant unantisémitisme virulent.
Faut-il chercher la naissance de ces idées dans les éléments de sa vie personnelle, ou dansl'état des esprits à la veille de la Seconde Guerre mondiale ? En 1937, le pamphlet Bagatelles pour un massacre, voulant mettre le monde en garde contre les dangers de la guerre, jette l'anathème sur «le pouvoir juif» fauteur deguerre.
Céline récidive avec L'École des cadavres en 1939 et Les Beaux Draps en 1941.
À la fin de la guerre, il échappe à une probable condamnation à mort en s'enfuyant en Allemagne, en 1944, puis au Danemark.
L'errancetraquée, la prison, les étapes de ces années d'exil inspireront les pages de sa trilogie D'un château l'autre (1957), Nord (1960) et Rigodon (1961).
En 1950, Céline est jugé et amnistié.
Il survit jusqu'en 1961, définitivement figé dans son rôle d'imprécateur solitaire et malheureux.
Voyage au bout de la nuit, roman (1932).
Mort à crédit, roman (1936).
Bagatelles pour un massacre, pamphlet (1937).
Guignol's Band, roman (1944).
D'un château l'autre, roman (1957).
Nord, roman (1960).
Rigodon, roman (1961).
1.
RÉCIT D'UNE VIE, CHRONIQUE D'UNE GÉNÉRATION
Les premiers mots de Voyage au bout de la nuit surprennent ; le narrateur,
Ferdinand Bardamu, prend la parole de façon impulsive et maladroite :
«Ça a débuté comme ça.
Moi, j'avais jamais rien dit.
Rien.
C'est Arthur Ganate qui m'a fait parler.»
Puis le langage s'affirme, ainsi que le dessein du livre :
«Quand on sera au bord du trou faudra pas faire les malins nous autres, mais faudra pas oublier non plus,faudra raconter tout sans changer un mot, de ce qu'on a vu de plus vicieux chez les hommes et puis poser sachique et puis descendre.
Ça suffit comme boulot pour une vie entière.»
Le livre, de plus de six cents pages, va, en effet, «tout raconter» ; il se partage en deux grandes parties : l'une oùle héros se forme au gré des expériences et des voyages, l'autre où il croit avoir trouvé la voie où engager sa vie.
On peut repérer trois étapes dans la première partie.
Première étape.
Ferdinand Bardamu s'engage sur un coup de tête et découvre les horreurs de la guerre de 14.
Au front, c'est la guerre vue par un homme de troupe qui la démystifie ; les ordres sont incohérents, la peuromniprésente ; l'amitié de Ferdinand et de Robinson Léon se noue dans leur haine contre les gradés.
À l'arrière, c'estle règne de l'hypocrisie et des bons sentiments ; tous conspirent pour renvoyer les blessés au «casse-pipe»..
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