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Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline (résumé et analyse de l'oeuvre)

Publié le 27/10/2018

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Voyage au bout de la nuit.

 

Roman de Louis-Ferdinand Céline, pseudonyme de Louis Ferdinand Destouches (1894-1961), publié à Paris chez Denoël et Steele en 1932. Prix Théophraste-Renaudot.

 

À sa sortie, le roman suscita des réactions d'une violence inégalée pour le premier roman d'un auteur inconnu. Son originalité stylistique et son ambiguïté idéologique divisèrent profondément la critique, par-delà tout clivage préexistant. S'agissait-il d'une véritable « révolution littéraire » dans la tradition de la « littérature maudite >>, ou bien d'un livre « illisible, écœurant >> écrit dans un « verbiage délirant >> ? Les écrivains eux-mêmes eurent à cœur de prendre position dans le débat. Certains, aussi différents que Léon Daudet, Élie Faure, Malraux, Aragon ou Bernanos, témoignèrent bien vite qu'il reconnaissaient Céline comme un de leurs pairs. Cependant, Voyage au bout de la nuit, qui faillit obtenir le prix Goncourt 1932, le manqua par suite d'un revirement de dernière minute des frères Rosny. Le scandale dura plus d'un an, se termina par deux procès, fit vaciller l'académie et mit en cause la légitimité des jurés accusés de corruption. Entre-temps le roman avait été couronné par le prix Renaudot.

Ce premier roman d'un médecin âgé de trente-huit ans n'est pas pour autant sa première tentative d'écrivain. Il s'inscrit dans la continuité d'une thèse de médecine consacrée à un médecin viennois, martyr de la science, le docteur Semmelweis, et dans le prolongement d'une première ébauche théâtrale. « Voyage au bout de la nuit a d'abord été une pièce de théâtre, ça s'appelait l'Église>>, confiait Céline à Paul Vialar. On retrouve en effet dans cette œuvre de jeunesse, datée de 1926 mais publiée après le roman (Denoël et Steele, 1933) et créée en 1936, le découpage en épisodes ainsi que le personnage principal qui en constituent l'amorce.

 

L’Église. Le docteur Bardamu, envoyé en Bragamance - région imaginaire d'Afrique noire -par la Commission des épidémies de la Société des Nations, découvre que le jeune docteur Gaige vient de mourir de la peste pneumonique. L'administration coloniale se refuse à reconnaître a cause du décès. Bardamu adopte le petit boy de Gaige, Gologolo, et annonce son départ pour l'Amérique (Acte 1). À New York, au Quick Theatre, Bardamu venu annoncer à Elizabeth Gaige la mort de son mari, rencontre d'abord Flora, une Française, puis la directrice Vera Stem qui, compromise dans un trafic d'alcool en cette époque de prohibition, lui propose de l'épouser. Il accepte et rentre en Europe sans même avoir vu Elizabeth (Acte Il). À la Société des Nations règne une agitation stérile et paperassière. Le directeur du Service des compromis, M. Yudenzweck (sic), reçoit Bardamu qui mani feste son peu d'intérêt pour tous les travaux administratifs. Il n'a d'ailleurs remis qu'une toute petite page de rapport sur l'affaire Gaige. Lorsque Bardamu quitte Yudenzweck, celui ci a déjà oublié son nom (Acte Ill). Victime d'une épidé mie en Bragamance, l'administrateur adjoint Pistil a acheté un bistrot en banlieue parisienne, où Bardamu donne régulièrement ses consultations. janine, jeune fille boiteuse et légèrement bossue, est amoureuse de lui. Vera annonce son départ pour New York : elle va retrouver son théâtre

Robinson s'exile à Toulouse, tandis que Bardamu quitte Rancy et se fait engager au cinéma Tarapout et comme figurant dans un ballet. Henrouille meurt dans des conditions suspectes, probablement empoisonné par sa femme. Bardamu retrouve Robinson convalescent à Toulouse où il fait la connaissance de Madelon, sa fiancée. Avec la mère Henrouille, ils font visiter un caveau plein de cadavres aux touristes. La vieille tombe dans un escalier et se tue. Bardamu s'enfuit À Vigny sur Seine, il entre comme médecin dans l'asile psychiatrique du docteur Baryton. Cette fois, c'est Robinson, lassé de sa fiancée, qui vient l'y rejoindre. Mais Madelon, amoureuse, le poursuit ; et lorsque, de retour de la fête des Batignolles où ils se sont tous rendus, Robinson finit par avouer son dégoût des grands senti ments, Madelon le tue de trois coups de revolver. Ferdinand échoue au bistrot de l'écluse. Le jour se lève.

 

<< Le seul livre vraiment méchant de tous mes livres c'est le Voyage ... Je me comprends... Le fonds sensible ... » Plus qu'une simple volonté de faire oublier les publications antisémites qui avaient suivi, cette déclaration de Céline en 1949 dans sa Postface au Voyage cherche à atteindre les sources mêmes de son art. Voyage au bout de la nuit, c'est le miroir sans pitié de toute une époque : la guerre fratricide de 1914, les excès de la colonisation en Afrique, la froide modernité des États-Unis, la misère et la souffrance quotidiennes des banlieues sordides des grandes villes. C'est aussi le livre où les idées de Céline sur l'existence apparaissent le plus clairement. Maximes au présent gnomique, formules denses et percutantes expriment sous des formes diverses l'<< abomination d'être pauvre >> ou l'ignominie de l'existence, << cette farce atroce de durer >>. Plus que dans tous ses autres livres, Céline veut aller par la formule au cœur de la condition des hommes : << Quand on n'a pas d'imagination, mourir c'est peu de chose, quand on en a, mourir c'est trop. >>.

« (Acte IV).

Dans le bistrot transformé en clinique, Pistil est en train de mour ir d'une cirrhose.

Janine, que Bardamu fait soigner, lui déclare son amour.

Mais celui ci n'aime que les belles femmes.

Arrive Eliz abeth qui se met à danser.

Janine tente de tuer Bardam u avec un revolver.

Tous font cencle aut our d'Eliz abeth dansant (Acte V).

L' Église constitue un pas supplémen­ taire dans la con stitution par Céline d'un véritable personnage romanes­ que.

Du docteur Semmelweis, décou­ vreur incompris des techniques moder­ nes d'hygiène, à Bardamu, si nourri des obsessions céliniennes, il y a toute la distance qui sépare la biographie, même romancée, d'une véritable créa­ tion.

Le Bardamu de l'É glise est lui aussi médecin.

Déjà anarchiste, il (phrase reprise par Sartre en épigraphe à la *Nausée).

Comme dans le Voyage, l'errance est associée à la recherche de la vérité, et l' amour, vécu comme une sorte de morale anatomique dont le modèle est l a danseuse : « Ah ! Ferdinand ...

tant que vous vivrez, vous irez entre les ja mbes des femmes demander le secret du monde !>>, dit Vera.

Cependant, la critique de la SDN laisse affleurer un antisémitisme qui disparaîtra dans le Voyage .

Le passa ge au roman nécessitera néanmoins plusieurs mutations consi­ dérables.

Le surgissement d'une voix unique, celle du >, s'o père par la marginalisation de Bardamu .

L'accen­ tuation de son statut de bouc émissaire à partir de l'épisode ajouté de la guerre, l' app arition du personnage de Robin­ son, qui reprend certains des caractères de Pistil, permettent de donner une lég itimité accrue au langage nouveau du personnage- narrateur et à la noir­ ceur du monde qu'il décrit .

Voyage au bout de la nuit.

Ferdinand Bar­ damu, jeune révolté, s'engage sur un coup de tête dans l'armée française en route pour la Pne mièn e Guerre mondiale.

Mais, au front, dans l'e nfer d'« un monde où tout s'est rétréci au meurtre », il découvre bien vite la vérité sur la « sale âme héroïque et fainéa nte des homme s » : ils sont les complic es de la mort qu'ils redoutent ..

Au cour s d'une nuit d'errance, Ferdinand nen­ contne Robinson, un réserviste qui chenche à déserter.

De retour à l'a rri ère, ayant été réformé, Bardamu met à l'épreu ve sa nouvel le concep tion des rapports humains (notamment en fréq uen tant une belle infirmière américaine, Lola, et une jolie musicienne nommée Musyn e).

Il cons tate que partout triomphe un égoïsme foncené der ri ère un patriotisme de façade.

É cœuré mais bien content d'avoir pu sauver sa peau, il s'em barque pour l'Afrique par le prem ier bateau, l'Am iral Bragueton, sur lequel il ne doit son sal ut -face à l'hosti lité des colonia ux envers tout ce qui est étrang er-qu' aux plus basses flat teries et à l'esqu ive.

Héla s, la Bam bola Br aga ma nce où il déb arque se révèle être un monde englué dans la torpeur tropicale et où l'on ne sait à qui il faut s'en prendr e des injusti ces : aux colons profrt:eurs et cruels de la Compagnie Por duri ère, ou aux colonisés naïfs et se prêtant au jeu.

Bardam u, qui a de nouveau croisé Robin son, fini t par tomber malade avant d'être vendu par ses dom estiques noirs au patron d'une galène, 1'/ nf onta Combitto.

Achevant le trajet tri angulaire du trafic des esclaves, il parvient aux État s Unis.

Mais la tenre promise -la révélation annoncée par le corps de Lola - se révèle bien vite êtne une continua tion de la guerre par d'autres moyens, un monde gl acé et mercantile où l'exploitation de l'homme (usine s de Detroit) s'avère aussi implacab le qu'aille urs.

Après avoir retrouvé Robinson qui exence un piteux emploi de travai lleur de nuit, Bardam u refu se le bonh eur avec Molly, une pros­ tituée au grand cœur, et repart pour l'Europ e.

Devenu médecin, mais toujours aussi miséra ble, il s'ins talle en banlieue parisienne, à La Garenne R ancy, où il a tout loisir, dans l'exercice de ses fonctions, de découvrir les aspects les plus sor dides et les plus désespér ants de la condition humaine : scène de sadisme de ses voisins avec leur petite fille, mort d'un enfant (Béb ert) que la science ne peut sauver, volonté d'un couple (les Henr ouille) de se débarrasser de leur vieille mène en la faisant inte rner , etc.

Robinson, reparu et lassé de son labeur de pauvre, accepte de tuer la viei lle Henr ouille pour dix mille francs.

Mais, par mala dresse, il s'ave ugle avec la chevro tine. »

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