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VOLTAIRE: Lettres philosophiques

Publié le 22/11/2010

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voltaire

Pour moi, quand je regarde Paris ou Londres, je ne vois aucune raison pour entrer dans ce désespoir dont parle M. Pascal ; je vois une ville qui ne ressemble en rien à une île déserte, mais peuplée, opulente, policée, et où les hommes sont heureux autant que la nature humaine le comporte. [...] Notre existence n'est pas si malheureuse qu'on veut nous le faire accroire. Regarder l'univers comme un cachot, et tous les hommes comme des criminels qu'on va exécuter, est l'idée d'un fanatique. croire que le monde est un lieu de délices où l'on ne doit avoir que du plaisir, c'est la rêverie d'un sybarite. Penser que la terre, les hommes et les animaux sont ce qu'ils doivent être dans l'ordre de la Providence est, je crois, d'un homme sage.

voltaire

« Française.

La capitale lui fait un triomphe.

Il meurt le 30 mai 1778 à quatre-vingt-quatre ans.

En 1791, l'Assembléeconstituante fait transférer ses cendres au Panthéon où il repose désormais...

à côté de Rousseau. 1 .

L'ANGLETERRE: UNE ANTITHÈSE DE LA FRANCE Contraint à l'exil après son altercation avec le chevalier de Rohan, Voltaire arrive en Angleterre en 1726.

Arrivépoète mondain, il en repartira philosophe: les institutions et la société qu'il découvre là-bas lui font prendreconscience des combats qu'il doit mener dans son propre pays pour l'homme et pour sa liberté. Rapidement lui vient l'idée de concevoir un ouvrage à partir de ses découvertes et des réflexions qu'elles lui ontinspirées.

Il aura pour vocation d'abord de présenter au public une vue globale de l'Angleterre.

Le livre, rédigéd'abord en anglais et paru dans une première version en Angleterre en 1733 sous le titre Letters concerning the English Nation a également une portée polémique qui justifie son second titre : les Lettres philosophiques. La version définitive comporte vingt-cinq lettres : sept sur la religion, trois sur la vie politique et sociale, sept sur lascience et la philosophie, sept sur la littérature, et une sur les Pensées de Pascal.

Dans chacun de ces domaines, Voltaire montre que l'Angleterre est un pays de liberté.

Il évoque tour à tour la coexistence de plusieurs sectesreligieuses, gage de tolérance et de paix civile (Lettres I à IV «Sur les Quakers»), la monarchie constitutionnelle etles prérogatives du Parlement (Lettre VIII «Sur le Parlement», Lettre IX «Sur le Gouvernement»), les bienfaits ducommerce qui contribue au bien-être (Lettre X «Sur le Commerce»), la largesse d'esprit des Anglais en matière descience et de philosophie (Lettre XIII «Sur Locke», Lettres XIV à XVII «Sur Newton»), le respect dont ils fontmontre envers les écrivains (Lettre XXIII «sur La considération que l'on doit aux gens de lettres»), etc. Mais derrière ce tableau de l'Angleterre, c'est la France qui apparaît comme un contre-exemple et qui estimplicitement critiquée.

Voltaire s'affirme dans les Lettres philosophiques comme un polémiste et il n'a d'autre but que de dénoncer, grâce à la comparaison entre un pays tourné vers l'avenir et l'autre replié sur sesarchaïsmes, l'intolérance religieuse qui sévit en France, l'absolutisme monarchique, les préjugés sociaux quisont facteurs d'immobilisme : là où l'Angleterre possède une bourgeoisie active et entreprenante, la Francecultive les privilèges d'une aristocratie improductive. 2.

UN MANIFESTE DES LUMIÈRES Malgré l'interdiction dont elles firent l'objet, les Lettres philosophiques ont connu dès leur parution un succès considérable.

Elles illustraient l'essentiel des idées qu'allaient diffuser les Lumières et comportaient déjà lesthèmes principaux de la pensée voltairienne, telle qu'on la retrouve exprimée notamment dans le Dictionnaire philosophique, trente ans plus tard : une critique sans complaisance de l'ordre établi et un plaidoyer pour la tolérance et la liberté.

Deux aspects en particulier, outre la défense du libéralisme politique, sont fondamentauxpour comprendre la conception voltairienne de l'homme et du monde : sa conception de la religion et son rejetde l'abstraction métaphysique. Le livre débute par les lettres sur la religion.

Ce n'est pas un hasard: c'est le combat voltairien par excellence.Voltaire consacre ses quatre premières lettres à la secte des Quakers'.

S'inspirant de la forme du reportage, ilmet en scène un voyageur français, ingénu et plein de préjugés, qui découvre d'autres moeurs et d'autrescoutumes que les siennes.

Le procédé est le même que celui utilisé par Montesquieu dans les Lettres persanes: adopter sur une chose un point de vue extérieur et distancié afin d'échapper aux idées reçues.

Ici, le voyageur souligne le ridicule de certaines pratiques des Quakers : «Ensuite il me rendit raison en peu de mots de quelques singularités qui exposent cette secte au mépris des autres."Avoue, dit-il, que tu as eu bien de la peine à t'empêcher de rire, quand j'ai répondu à toutes tes civilités avec monchapeau sur ma tête en te tutoyant..."» (Lettre I) Malgré ses railleries, Voltaire ne peut s'empêcher de louer les Quakers pour leur simplicité, leur humilité, et leur modede vie ascétique.

C'est au contraire le visiteur, bon catholique français, qui apparaît ici sectaire, voire intolérant.Les questions qu'il pose induisent une critique implicite du catholicisme : «Mon cher monsieur, lui dis-je, êtes-vous baptisé ? Non, me répondit le quaker, et mes confrères ne le sont point. Comment morbleu, repris-je, vous n'êtes donc pas chrétiens ? Mon fils, répartit-il d'un ton doux, ne jure point, nous sommes chrétiens, et tâchons d'être bons chrétiens ;mais nous ne pensons pas que le christianisme consiste à jeter de l'eau froide sur la tête, avec un peu de sel.[...] Hélas ! dis-je, comme vous seriez brûlé en pays d'Inquisition, pauvre homme...» (Lettre I). »

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