VOLTAIRE : Histoire de Charles XII

« Photo Goldner 1 Sipa-lc ono Dans les années 1720 , Voltaire était encore peu connu.

Mis à part des poè­ mes de circonstance, il avait fait jouer une tragédie , Œdipe (1718) , et il avait publié une première édition de La Hen­ riade (1723) , sous le titre de La Ligue.

Le livre La genèse d'une histoire D ans le Paris cosmopolite du début du XVIIIe siècle, Voltaire se lia avec un certain baron Gi:irtz, qui se disait envoyé du roi de Suède, Charles XII.

La description du monarque que lui fit cet "ambassadeur " ne pouvait que retenir l'attention de l'écrivain, tou jours à la recherche de personnages hors du commun.

Échafaudant des plans aussi mirobolants que démesurés, Charles XII faisait et refaisait la carte de l'Europe d'un battement de cils.

Voltaire, lui, ouvrait toutes grandes ses oreilles et réunissait ainsi un commencement de documenta­ tion.

On était au tout début des années 1720.

Exilé à Londres en 1726 et 1727, il rasse mbla de nouveaux documents sur Charles XII, et il écrivit la plus grande partie de l'ouvrage , qu'il termina une fois rentré à Paris.

La première édition de l'Histoir e de Charles XII fut publiée en 1731 , mais fut aussitôt sa isie par la police, sous prétexte de ne pas déplaire au roi Auguste de Saxe, si bien que Voltaire opta pour une parution semi-clandestine, à Rouen, et pour une sorte de vente directe.

Une histoire romancée P ourquoi avoir choisi Charles XII, le roi qui régna sur la Suède de 1697 à 1718 ? Nous l'avons dit , parce que Voltaire fut attiré par ce personnage hors du commun, qui lui permit de mettre en valeur ses qualités d'auteur dramatique.

A moitié Alexandre et à moitié Don Quichotte , Charles XII fai­ sait beaucoup parler, par ses projets grandioses, souvent exces­ s ifs et anachroniques.

Bref, il était déjà un personnage légen­ daire et héroïque , et Voltaire en fit tout naturellement le héros de son drame.

Car la trame romanesque domine dans cet ou­ vrage pourtant historique, où Voltaire se montra un novateur .

Il approfondit encore sa méthode avec Le Siècle de Louis XIV mai s, déjà, il rompait avec la conception classique et avec les règles littéraires qu'il fallait observer.

TI afficha une indépen­ dance d'historien moderne et se soucia de peaufiner un style clair et alert e, plaisant pour le lecteur.

Il ne fut pas le premier à consacrer un ouvrage à Charles XII , mais il renouvela totale­ ment le sujet, en faisant plus court, et fit oublier tous les textes précédents.. »