Voltaire BETES - Analyse de texte
Publié le 03/06/2023
Extrait du document
«
Etude de texte :
Voltaire (1694-1778)
Article « Bêtes » du Dictionnaire philosophique (1764)
Présentation du texte :
Le Dictionnaire philosophique a connu un certain succès et de nombreuses parutions à partir de 1764.
Il fit pourtant
scandale et fut brûlé à maintes reprises.
Destiné à plaire à un public aristocratique en lui proposant de « petits
chapitres qui ne fatiguent pas l’esprit », il a pour objectif de combattre « l’Infâme » et de promouvoir la tolérance.
L’article « Bêtes » constitue une réponse à la théorie des « animaux machines » que développe Descartes en 1646,
selon laquelle les bêtes agissent comme des horloges et n’ont pas de sensibilité.
(texte en annexe) Il s’agissait pour
Descartes d’une hypothèse scientifique permettant de comprendre le vivant, mais les implications morales d’une
telle réduction de l’animal ont suscité de vives réactions chez des auteurs comme La Fontaine, Gassendi, et ici
Voltaire.
D’ailleurs, cette théorie, qui associe l’animal à une machine, ne cesse pas de nous interroger encore
aujourd’hui, et nous verrons combien ce débat reste actuel.
Il est en tout cas intéressant de voir que Voltaire se
penche sur la question animale dans un ouvrage de philosophie.
L’article s’insère entre les articles « Beau, Beauté » et « Bien (Souverain bien) »
Lecture texte
Introduction : Il ne s’agit pas, dans ce texte, d’une simple définition du mot « bêtes », mais d’une réponse à la
théorie de Descartes selon laquelle les animaux sont des machines.
Pour Voltaire, les animaux, comme les êtres humains, sont perfectibles et sont dotés de sensibilité.
A la lecture de ce texte, on peut se demander ce que voit Voltaire quand il voit l’animal.
On peut suivre la structure du texte pour saisir le raisonnement du philosophe.
1-Voltaire s’oppose à Descartes : (premier paragraphe)
« Quelle pitié, quelle pauvreté, d’avoir dit que les bêtes sont des machines privées de connaissance et de sentiment1,
qui font toujours leurs opérations de la même manière, qui n’apprennent rien, ne perfectionnent rien, etc.
! »
On voit ici combien il s’agit pour Voltaire de répondre à Descartes, et ce, plus d’un siècle après le Discours de la
méthode (1637) (texte en annexe).
L’implication du philosophe est d’emblée visible dans le texte par la répétition de l’adjectif exclamatif « quelle »,
qui ouvre le texte.
Il faut signaler le ton véhément et dénonciateur par la forme exclamative de la phrase de même
que par la violence du vocabulaire « pitié », « pauvreté ».
2-Voltaire voit que les animaux sont perfectibles : (deuxième paragraphe)
Le deuxième paragraphe de l’article Bêtes une succession de questions (dont certaines rhétoriques) ayant pour
objet les animaux.
Le philosophe utilise trois exemples pour montrer que les animaux sont perfectibles : l’oiseau,
le chien de chasse et le serin et démontrer par l’exemple que Descartes a tort.
« Quoi ! cet oiseau qui fait son nid en demi-cercle quand il l’attache à un mur, qui le bâtit en quart de cercle quand
il est dans un angle, et en cercle sur un arbre ; cet oiseau fait tout de la même façon ? Ce chien de chasse que tu as
discipliné pendant trois mois n’en sait-il pas plus au bout de ce temps qu’il n’en savait avant les leçons ? Le serin1 à
qui tu apprends un air le répète-t-il dans l’instant ? n’emploies-tu pas un temps considérable à l’enseigner ? n’as-tu
pas vu qu’il se méprend et qu’il se corrige ? »
Il montre comment l’oiseau adapte la forme de son nid aux exigences du terrain, comment le chien de chasse dressé
par son maitre a progressé grâce aux leçons qu’il a reçues, comment le serin reprend son chant pour l’améliorer.
Le vocabulaire de l’apprentissage, consacré aux animaux, souligne leurs capacités à accueillir des connaissances.
Voltaire s’adresse directement à Descartes avec le pronom “tu”, qui peut aussi être associé au lecteur.
Cela donne
plus de force aux mots.
3-Voltaire voit que les animaux ont de la sensibilité : (troisième et quatrième paragraphes)
Voltaire distingue la sensibilité affective, c'est-à-dire les sentiments, et la sensibilité physique, c’est à dire les
sensations.
a-sentiments
« Est-ce parce que je te parle que tu juges que j’ai du sentiment, de la mémoire, des idées ? Eh bien ! je ne te parle
pas ; tu me vois entrer chez moi l’air affligé, chercher un papier avec inquiétude, ouvrir le bureau où je me souviens
de l’avoir enfermé, le trouver, le lire avec joie.
Tu juges que j’ai éprouvé le sentiment de l’affliction et celui du plaisir,
que j’ai de....
»
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