VOLEUR (Le) de Georges Darien : Fiche de lecture
Publié le 21/11/2018
Extrait du document
VOLEUR (Le)
Georges Darien. Roman, 1898.
Un voyageur-voleur trouve un journal enfermé dans une malle, alors qu’il inspecte sa chambre d’hôtel. C’est ainsi qu’il est amené, en même temps que le lecteur, à lire le récit chaotique de Georges Randal, a priori voué à une existence paisible, qui s’est fait voleur après avoir constaté que, «dans l’état naturel, le voleur, c’est celui qui a du superflu, le riche ». C’est ainsi que, avec la complicité de l’abbé Lamargelle, qui l’introduit dans la confrérie des voleurs et le fait initier au maniement du passe-partout et de la pince-monseigneur, ainsi que de Roger-la-Honte, canaille accomplie, il mène à bien diverses entreprises.
«
Georges Darien, Le voleur , 1897
Contraint dans ses désirs, s’en estimant vol é par la soci été, le narrateur va d écider de devenir voleur.
L'enfant a l'orgueil de sa personnalit
é et le fier ent êtement de ce qu'on appelle ses mauvais instincts. L'ironie n'est pas rare chez lui ;
et il se venge par sa moquerie, toujours juste, du personnage ou de la doctrine qui cherche
à peser sur lui. Mais la raillerie n'est pas
assez forte pour la lutte . De l
à ce m élange de douceur et d'amertume, de patience et de m échancet é, de confiance large et de doute
p
énible que je remarque chez plusieurs de mes camarades. Non, le sarcasme ne suffit point. Ce n'est pas en secouant ses branches que
le jeune arbre peut se d
ébarrasser de la liane qui l' étouffe ; il faut une hache pour couper la plante meurtri ère, et cette hache, c'est la
N
écessit é qui la tient. C'est elle qui m'a d élivr é. Il y a une chose que je sais et qu'aucun de mes camarades ne sait encore : je sais qu'il
faut vivre.
Je sais qu'il faut avoir une volont
é pour vivre, une volont é qui soit à soi — qui ne demande ni conseil avant, ni pardon apr ès . — Je
sais que les ann
ées que je dois encore passer au coll ège seront des ann ées perdues pour moi. Je sais que les avis qu'on me donnera
seront mauvais, parce qu'on ne me conna
ît point et que je ne suis pas un être abstrait. Je sais que ce qu'on m'enseignera ne me servira
pas
à grand'chose ; qu'en tous cas je n'aurais pu l'apprendre tout seul, en quelques mois, si j'en avais eu besoin ; et qu'il n'y a, en
r
ésum é, qu'une seule chose qu'il faille savoir, «Nul n'est cens é ignorer la loi.»
J'ex
écute le programme, tr ès consciencieusement.
D'abord, parce que je ne veux pas être puni.
Les pensum s sont ridicules,
d
ésagr éables, et je cherche avant tout à ne pas me laisser exasp érer par les injustices maladives d'un cuistre auquel j'aurai fourni un
jour l'occasion de m'infliger un ch
âtiment, m érité peut être, et qui s'acharnera contre moi. Je tiens à n'avoir point de haine pour mes
professeurs ; car je ne suis pas comme beaucoup d'autres enfants qui, abrutis par la discipline scolaire, n'ont de respect que pour les
gens qui leur font du mal. Ces gensl
à, je ne pourrais jamais les v énérer, jamais — et je pr éfère garder à leur égard, sans aller plus
loin, des sentiments inexprim
és.
Qu'estce que je saurai, quand je sortirai du coll
ège, moi qui ne serai pas riche, moi qui d épense ici, inutilement, de l'argent dont
j'aurai tant besoin, bient
ôt ? Qu'estce que je conna îtrai de l'existence, de cette existence qu'il me faudra conqu érir, seul, jour par jour
et pied
à pied ?
Mais, puisqu'il faut que jeunesse se passe — elle se passera, ma jeunesse ! — Dans l'avenir ; n'importe quand. M
ême si mes pieds se
sont
écorch és aux cailloux de la route, m ême si mes mains saignent du sang des autres, m ême si mes cheveux sont blancs. Je l'aurai,
ma jeunesse qu'on m'a mise en cage ; et si je n'ai pas assez d'argent pour payer sa ran
çon, il faudra qu'on la paye à ma place et qu'on
paye double. Ce n'est pas pour moi, l'Esp
érance qui est rest ée au fond de la boite. Je n'esp ère pas. Je veux.
«Qu'un homme se fixe fermement sur ses instincts, a dit un auteur, et le monde entier viendra
à lui.» Je n'en ai pas retrouv é assez,
des instincts qu'on m'a arrach
és, pour en former un caract ère ; mais j'en ai pu faire une volont é.
Une volont é que mes chagrins
furieux ont rendue
âpre, et mes rages mornes, implacable. Et puis, elle m'a donn é violemment ce qu'elle donne à tous plus ou moins,
cette instruction que je re
çois ; un sentiment qui je crois, ne me quittera pas facilement : le m épris des vaincus.
1 er
paragraphe
1.
Que signifie pour vous un esprit libre ?
2.
Etesvous d’accord avec la premi
ère phrase ? Donnezen un exemple dans votre vie au coll ège.
3.
De quoi se vengent les
élèves en se moquant de l’ école, selon l’auteur ?.
»
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