Voix endormies de Dulce Chacon (biographie de l'auteur, résumé et analyse de l'oeuvre, opinion personnelle)
Publié le 01/10/2013
Extrait du document
«
Ensuite, il y a Elvira qui n’a que 16 ans.
C’est la sœur de Paulino, chef du maquis del Cerro Umbria.
Elle a
été arrêtée en compagnie de sa mère alors qu’elle tentait d’embarquer dans un bateau pour quitter le pays.
Il y a également Reme, une jeune grand-mère membre dirigeante du parti communiste de Salamanque, qui a
ses trois filles, son fils, son mari, et son petit-fils qui lui écrivent et lui rendent visite une fois par an.
Enfin, il y a Tomasa, emprisonnée au tout début de la guerre civile après avoir été dénoncée.
Ses quatre fils,
sa belle fille et son mari ont été jetés d’un pont.
La sœur d’Hortensia, Pepita, est également un personnage important.
Elle sera la messagère entre les
prisonnières et leurs proches, et rencontrera ainsi Paulino, le frère d’Elvira, dont elle tombera amoureuse.
Le roman se divise en 3 parties.
Dans la première, qui comporte 35 chapitres, on est plongé dans l’atmosphère pesante du monde carcéral de
Las Ventas.
Au fur et à mesure de la lecture sont livrés les destins de ces héroïnes, les raisons de leur
présence ici, et les liens particuliers que chacune maintient avec l’extérieur.
En dehors des murs de la prison,
on s’identifie au personnage de Pepita, qui multiplie les petits travaux pour fournir de la nourriture à sa sœur
incarcérée, et qui établit des liens avec la guérilla.
C’est grâce à son intervention que Felipe, le mari de sa
sœur, sera opéré par un médecin après avoir été touché à la poitrine lors d’une fusillade avec la garde civil.
C’est au cours de la deuxième partie, en 17 chapitres que sera scellé le destin d’Hortensia.
Son procès
expéditif débouchera sur une condamnation à mort, que les autorités franquistes effectueront après la
naissance de l’enfant qu’elle porte.
Parallèlement, Paulino se fait arrêté, et est incarcéré à la prison de
Burgos.
Il y apprend le démantèlement de la guérilla, l’échec de l’opération Reconquête de l’Espagne lancée
depuis Toulouse, et surtout la non-intervention des Alliés contre Franco.
Il est révolté par l’ONU qui a
décidé d’isoler le pays diplomatiquement et commercialement.
La troisième et dernière partie, qui contient 32 chapitres, a lieu 18 ans plus tard en 1963, année où Paulino
est gracié et obtient d’être placé en liberté conditionnelle, ce qui lui permet d’épouser enfin Pepita, avec qui
il ira vivre à Cordoue, village natale de la mariée.
Choisissant de « mourir debout plutôt que de vivre à genoux », toutes ces femmes formulent un même et
unique vœu : « survivre pour raconter l’Histoire »
Simplement, elles demandent de ne pas être oubliées.
C’est à travers la publication de Voix endormies, que
Dulce Chacón leur rend enfin hommage.
4) Opinion personnelle
J’ai trouvé ce livre superbement conçu et très bien écrit.
Il raconte une période de l’histoire espagnole qui
nous semble déjà bien loin mais qui ne date que d’une bonne soixantaine d’années.
L’écriture est vive, prenante.
Les dialogues sont très crédibles, très vrais.
Chacon va toujours à l’essentiel et
sa toute première phrase nous le prouve bien : « La femme qui allait mourir s’appelait Hortensia.
» Elle
utilise souvent des phrases très courtes, parfois quelques mots, et qu’elle répète tant ils sont importants.
Elle
les met en évidence.
Ce livre est d’autant plus prenant qu’il est écrit avec un style direct, qui correspond à la façon de parler de
ceux qui n’ont pas l’habitude de jongler avec les mots.
Ce récit utilise un style lyrique (parce qu’il y a des extraits de poèmes présents tout au long de l’œuvre) Il
mêle drame, angoisse, et histoire d’amours contrariées.
Le lecteur est amené à s’identifier aux héroïnes et il
subit, comme les prisonnières ce sentiment d’enfermement et d’injustice.
Il se sent à l’étroit, comme
oppressé par cette souffrance quotidienne contagieuse.
La personnification en araignée noire du franquisme fait l’objet d’une métaphore filée de la première à la
dernière page, et maintient une certaine tension, une crainte.
Ce récit poignant met en lumière des destins anonymes mais singuliers et marquants.
On est convaincu car
le travail de recherche effectuée par l’auteur renforce la crédibilité de l’ouvrage.
Néanmoins, on peut formuler la critique que, diluée par la fiction, la vérité historique ait été vidée de son
essence, en résultant une impossible distinction entre le réel et le fictif pour le lecteur..
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