VOIES AÉRIENNES (Les) de Boris Pasternak (résumé)

Intitulée « l’Enfance de Luvers », la seconde histoire est centrée sur une fillette au seuil de l’adolescence et s’attache à montrer l’évolution de sa sensibilité. C’est sans doute une des meilleures choses qu’on ait écrites sur ce thème, merveilleux mais si délicat à manier, et assurément un des meilleurs textes que nous ait donnés Pasternak. Frémissant et pudique, il suggère plus qu’il ne conte. Il est tissé de menus faits, souvent un peu flous. Alors qu’on a en France un goût prononcé pour la sécheresse et la précision, le flou paraît être essentiel à beaucoup d’écrivains russes. Témoin notamment ce livre où les détails s’imposent avec netteté tandis que les ensembles restent brumeux. Suivant les sujets traités et les personnages mis en scène, suivant qu’on a l’impression d’aller à tâtons dans un monde magiquement vague ou de se perdre dans un labyrinthe inutile, cela fascine ou irrite. La réussite ici est parfaite parce qu’aux yeux d’une enfant qui n’en connaît ni les structures ni les lois, l’univers des adultes semble toujours mystérieux, bien que terriblement important. On le sent d’une façon très vive en lisant ce récit doux et acide, plein à craquer d’événements ordinaires et d’un demi-bonheur paisible que parfois déchirent d’impétueuses tristesses.