VIEILLE MAÎTRESSE (Une), de Barbey d'Aurevilly
Publié le 22/05/2019
Extrait du document
VIEILLE MAÎTRESSE (Une), roman de Barbey d'Aurevilly paru en 1851. Dans la préface à la réédition de 1858, l'auteur annonçait « l'antithèse complète d'Adolphe ». Ryno de Marigny garde pour la Vellini, une ancienne maîtresse, espagnole et laide, qu'il n'aime plus, une passion charnelle insurmontable ; la belle et pure Hermangarde de Polastron, qu'il épouse, ne le fait pas renoncer à cette ensorceleuse. En ces deux personnages manichéens s'opposent l'ange et
le démon. L'œuvre est d'ailleurs empreinte de romantisme, surtout dans le récit que Marigny, héros byronien, fait de sa liaison. La description (les paysages du Cotentin) voisine avec l'échange épistolaire : le xvine s., représenté par les personnages témoins (Mme de Fiers, son amie et un vieux libertin) est un siècle bien tentant pour le dandysme de Barbey. Le « parfum de péché » qui s'exhale d'Une vieille maîtresse ne doit pas en masquer le côté tragique : Marigny est « prédestiné » à la Vellini. La fatalité qui pèse sur eux rend impossible la rupture ; Marigny brise la vie d'Her-mangarde, après avoir provoqué la mort de Mme de Mendoze. Au-delà des explications psychologiques fournies par le narrateur, au-delà de la « diablerie » de Vellini (le lien du sang échangé), le propos du roman est surtout de montrer que, quel que soit celui qui l'inspire, la passion est toujours satanique.
«
XIX '' SIITLE
JULES
ARBEY D'AURE VILLY
Une Vieille Maîtresse
L'œuvre fut rédigée en quatre ans, de 1845
à 1849 ,
et publiée seulement en 1851.
De 1838 à 1846 , c'est pour Barbey l'époq ue
du dandysme.
Il compose autour de lui un
halo de scandale et de mystère et passe pour
un grand séducteur.
Le per sonnage de
Vellini serait inspiré
d'une aventure
autobiographique.
Gravures de Félix Buhot
L'ensorcelé
D
ans les années 1830, le séduisant Ryno de
Marigny, dandy scandaleux, doit
épouser la
douce et aristocratique Hermangarde de Polastron que
chérit sa grand-mère, la marquise de Flers.
Opposée
à cette union, la comtesse d' Artelles, secondée par
son ancien amant le vicomte de Prosny, alerte son
amie Mme de Flers.
Celle-ci obtient de son futur petit
fils la confession de sa passion pour Vellini et sa rup
ture avec cette
« vieille maîtresse » dont il croit
pouvoir oublier le charme envoûtant et animal auprès
de la pure et angélique Herman garde.
La jeune fille,
aussi blonde et douce que Vellini est brune et sauvage,
fascinée par la renommée du jeune séducteur avant
même de le connaître, s'éprend follement de lui.
Ils
se marient donc.
Mais leur voyage
de noces en
Normandie dans un château isolé dominant la grève
est vite troublé par la réapparition de
Vellini.
Un soir, alors qu'il chevauche sur
la plage , Ryno la rencontre et renoue les
liens
d'une passion inextinguible : un
pacte mystérieux
et indissoluble paraît
unir ces deux êtres.
Se sachant trahie,
Hermangarde meurt doucement.
La beauté du diable
0
n peut être surpris par 1 'outrance
dandy du style, les fleurs de langage
et la violence emphatique de certaines
scènes, mais peu
à peu on se laisse gagner
par la fascination que le héros éprouve
pour cette étrange Vellini.
L'emprise
qu'elle exerce inexorablement sur Ryno
malgré son âge et la durée de leur liaison
crée une tension dramatique qui ne se re
lâche pas.
Vellini représente la tentation
permanente,
c'est un personnage diabo
lique.
Cette passion fait voler en éclat les
critères sécurisants de la beauté classique,
harmonieuse et paisible.
En ce milieu du
xrxe siècle, l'amo ur n'est plus un senti
ment éthéré et désincarné.
Il est lié
à une
sensualité dont le pouvoir est encore re
jeté du côté du mal.
La beauté de Vellini
réside dans sa laideur même et dans son pouvoir de
métamorphose, et
c'est ce mélange énigmatique qui
touche aujourd'hui le lecteur.
Ryno de Marigny
ne peut se défaire de sa passion
pour Vellini, une Malagaise
à
la laideur envoûtante.
Sa femme, la douce Hermangarde ,
en meurt de chagrin..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- JULES BARBEY D'AUREVILLY : Une Vieille Maîtresse.
- En 1865, dans la préface à son roman Une vieille maîtresse, Barbey d'Aurevilly écrit : « La moralité de l'artiste est dans la force et dans la vérité de sa peinture. En peignant la réalité, en lui infiltrant, en lui insufflant la vie, il a été assez moral : il a été vrai. Vérité ne peut jamais être péché ou crime ». En appuyant votre argumentation sur des exemples précis empruntés notamment à la littérature, vous analyserez et apprécierez ce point de vue. ?
- Jules BARBEY d'AUREVILLY: Une Vieille Maîtresse (Résumé & Analyse)
- Fiche de lecture : PRÊTRE MARIÉ (Un ) de Barbey d’Aurevilly
- Les Diaboliques (résumé) Jules Barbey d`Aurevilly