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Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme

Publié le 22/05/2019

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Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme, ouvrage de Sainte-Beuve, parut en avril 1829 à Paris. Nouvellement lié à Hugo et Lamartine, membre du Cénacle, Sainte-Beuve ambitionnait de donner le credo esthétique de la « nouvelle école ». A ce titre, les Pensées qui ferment le recueil peuvent passer pour une sorte de manifeste ; la poétique de Delorme-Sainte-Beuve s'articule en quatre points : rime riche, césure mobile, enjambement libre, d'abord ; dotée par là d'un « instrument à la fois puissant et souple » {Pensées, 4), la nouvelle école serait à même de « concilier la forme grammaticale et la forme rythmique et métrique » (16) ; elle

 

renouerait ainsi avec la tradition du vers français, spécialement Chénier, et, au-delà, avec la Pléiade. Enfin, grâce au « mot propre et pittoresque » (14), elle saurait faire « saillir le je-ne-sais-quoi » (15). Les Poésies trouveraient là leur commentaire, tandis qu'en guise d'introduction la main de l'ami trace pour le lecteur une Vie de J. Delorme. Ce dernier, qui a renoncé à la poésie pour

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)POÉSIE ET ROMAN 0J Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme Publié en 1829 sans nom d'auteur, réédité et augmenté en 1830, l'ouvrage ne subit plus que des modifications mineures au cours des éditions ultérieures des Poésies; accueilli avec tapage, objet de scandale, fort remarqué tout au long du xrxe siècle, il jouit de nos jours d'une très modeste notoriété et se caractérise par une indéter­ mination d'ensemble, une plurivocalité parfois agressive et discordante qui n'empêche pas certains thèmes et cer­ tains tons de ressortir sur ce fond d'éclectisme.

Le titre indique la structure générale en triptyque.

Sainte-Beuve se donne comme l'éditeur (anonyme) d'un poète défunt, Joseph Delorme, dont il raconte d'abord la vie :embryon de roman intime, largement autobiographi­ que (foi de la jeunesse, enthousiasmes poétiques, études de médecine commencées puis abandonnées, introspec­ tion pathologique, réserve velléitaire et idéalisante devant la femme), drame caché d'une existence consu­ mée par la maladie, rongée par les excès de l'imagination et de la pensée, froissée par les mépris d'une société dure à l'égard des pauvres et des isolés.

Aux poésies, rangées dans un ordre approximativement chronologique, succè­ dent les pensées, une vingtaine de fragments critiques, sorte d'art poétique du romantisme hugolien et beuvien.

Ainsi se traduit en une organisation différenciée, mais synthétique, la polyvalence de l'écrivain en 1829 : le « il » elu romancier ou elu biographe, le «je » intime de l'élégiaque, le «je » législateur du critique se côtoient, sous le couvert du pseudonymat.

Les poésies reflètent et amplifient cette indétermina­ tion.

Les thèmes sont ceux du lyrisme élégiaque de l' épo­ que : amour, fuite du temps et mort, joies et peines de la vie quotidienne, amitié, littérature.

Sainte-Beuve en hypertrophie les aspects négatifs (frustrations, désespé­ rances, contiguïté et complicité d'Eros et de Thanatos, imagination réaliste et brutale de la mort), et l'impor­ tance des « métapoèmes » théoriques révèle le critique.

Les styles utilisés rappellent Lamartine, Hugo, Ronsard, les élégiaques néo-classiques de la Restauration avec leurs périphrases et leur religiosité fleurie, toute de convention.

L'originalité stylistique essentielle consiste en une tendance à 1' abandon de la rhétorique tradition­ nelle du lyrisme, tendance qui va de pair avec l'emploi du vocabulaire de la prose et avec la désarticulation du vers par l'affaiblissement des accents métriques; ces traits caractérisent les pièces les plus célèbres du recueil : érotiques, avec une légère et perverse sensualité ( « la Gronderie », « Rose » ), macabres ( « le Creux de la vallée», «les Rayons jaunes», «Ma muse», «la Veil­ lée», «la Plaine»), intimes («Bonheur champêtre», « Promenade » ), littéraires («Mes livres » ).. »

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