VÉRITABLE SAINT GENEST (Le) de Jean Rotrou (résumé & analyse)

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)La première moitié du XVIIe siècle est une période préclassique, dite « baroque », où la tragédie religieuse connaîtun succès exceptionnel auprès du public : ainsi, de Corneille, Polyeucte (1642) ou Théodore, vierge et martyre(1646).La technique dramatique du « théâtre dans le théâtre » connaît son plein essor entre 1660 et 1680 ; Rotrou (1609-1650) fait donc figure d'avant-gardiste en l'utilisant, et surtout en la rattachant au genre de la tragédie religieuse.La pièce dans la pièce insérée dans Le Véritable Saint Genest est inspirée du Sanctus Adrianus, œuvre latine duPère Cellot. A la cour des empereurs Dioclétien et Maximin, l'acteur Genest interprète le rôle d'un martyr chrétien ; touché par lagrâce pendant cette représentation, Genest se convertit. Une tragédie religieuse A la cour de Dioclétien et de Maximin se prépare le mariage de la princesse Valérie, fille du premier, avec le second.La troupe du comédien Genest s'apprête, en leur honneur, à représenter l'histoire du martyre d'Adrian ; en unepériode de persécution chrétienne, cette représentation doit distraire la cour et glorifier la politique de l'empereur.Mais au moment où, seul, il répète le rôle d'Adrian, Genest ressent les premiers signes d'une foi naissante : une voixdivine l'appelle à la conversion.

La représentation du martyre d'Adrian commence à la scène sept du deuxième actepour s'achever à la scène cinq du quatrième acte : ce long passage constitue donc une pièce dans la pièce.

Mais,touché par la grâce, Genest doit abandonner son rôle : à la fin de l'acte quatre, il proclame publiquement à une courd'abord incrédule, puis furieuse, sa foi inébranlable.

Enfermé dans une prison pendant le cinquième acte, Genest,insensible aux menaces des deux empereurs, subira à son tour le martyre. Une réflexion sur l'illusion Le Véritable Saint Genest paraît en 1647.

Son impact sur le public français et chrétien est avant tout religieux : l'œuvre de Rotrou manifeste en effet une volonté édificatrice et moralisatrice.

Mais cette pièce comporte égalementune réflexion, étonnamment moderne, sur les rapports de l'illusion et du réel.

La pièce dans la pièce permet déjà unepremière distance du spectateur par rapport à l'illusion théâtrale : le travail de répétition des comédiens,l'élaboration d'un décor signalent que le théâtre n'est qu'un jeu de masques.

Mais, paradoxalement, c'est sur scène,dans la peau d'un autre, que Genest reçoit la grâce divine : par le truchement de l'illusion, Genest devient levéritable saint Genest, c'est-à-dire lui-même.

Dans un mouvement dialectique, la réalité et la vérité se découvrent àtravers la fiction théâtrale.

Au-delà de sa fonction religieuse, le théâtre acquiert une fonction philosophique.. »