VARIÉTÉ de Paul Valéry : Fiche de lecture
Publié le 21/11/2018
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VARIÉTÉ
Paul Valéry. Essais, 1924-1944.
Sous ce titre, Valéry a rassemblé en cinq volumes successifs l’essentiel de ses écrits en prose. Variété proprement dit — qui s’ouvre sur le constat d’une crise de la civilisation européenne — paraît en 1924. Il est suivi de Variété II (1929), essentiellement consacré à la littérature, de Variété III (1936) où toutes sortes de sujets sont représentés, puis de Variété IV (1938), recueil de discours. Dans Variété V (1944), on trouve des méditations philosophiques et des propos sur la poésie. Ce dernier ouvrage comporte une «liste des matières contenues dans les cinq tomes de Variété», rangées sous six rubriques: «Études littéraires», «Études philosophiques », « Essais quasi politiques», «Théorie poétique et esthétique », « Enseignement », « Mémoires du poète ». L’édition de « La Pléiade » regroupe l’ensemble des textes selon ce classement. Dans les «Études littéraires », Valéry médite d’abord sur ses devanciers, La Fontaine, Hugo, Nerval, Baudelaire, Verlaine, Mallarmé — son initiateur — et les symbolistes: ils lui fournissent l’occasion d’analyser la magie que l’artiste doit tirer du langage par les sons et les rythmes. La lecture de Pascal, Bossuet, Racine et Montesquieu le conduit à analyser
«
Paul Valéry, Variété, I et II
« Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leursengins ; descendus au fond inexorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures etappliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques etles critiques de leurs critiques.
Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelquechose.
Nous apercevions à travers l'épaisseur de l'histoire, les fantômes d'immenses navires qui furent chargés de richesse etd'esprit.
» La crise de l'esprit
« Les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plusdu tout inconcevables : elles sont dans les journaux » La crise de l'esprit
« Tant d'horreurs n'auraient pas été possibles sans tant de vertus.
Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tantd'hommes, dissiper tant de biens, anéantir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualités morales.
Savoiret Devoir, vous êtes donc suspects ? » La crise de l'esprit
« Tout le spectre de la lumière intellectuelle a étalé ses couleurs incompatibles, éclairant d'une étrange lueur contradictoire l'agoniede l'âme européenne » La crise de l'esprit
« Il y a l'illusion perdue d'une culture européenne et la démonstration de l'impuissance de la connaissance à sauver quoi que cesoit ; il y a la science, atteinte mortellement dans ses ambitions morales, et comme déshonorée par la cruauté de ses applications ;il y a l'idéalisme difficilement vainqueur, profondément meurtri, responsable de ses rêves ; le réalisme déçu, battu, accablé decrimes et de fautes ; la convoitise et le renoncement également bafoués ; les croyances confondues dans les camps, croix contrecroix, croissant contre croissant.
» La crise de l'esprit
« - Adieu, fantômes ! Le monde n'a plus besoin de vous.
Ni de moi.
Le monde, qui baptise du nom de progrès sa tendance à uneprécision fatale, cherche à unir aux bienfaits de la vie les avantages de la mort.
Une certaine confusion règne encore, mais encoreun peu de temps et tout s'éclaircira ; nous verrons enfin apparaitre le miracle d'une société animale, une parfaite et définitivefourmilière.
» La crise de l'esprit
« Nous considérons ce qui a disparu, nous sommes presque détruits par ce qui est détruit ; nous ne savons pas ce qui va naitre,et nous pouvons raisonnablement le craindre.
Nous espérons vaguement, nous redoutons précisément ; nos craintes sontinfiniment plus précises que nos espérances ; nous confessons que la douceur de vivre est derrière nous, que l'abondance estderrière nous, mais le désarroi et le doute sont en nous et avec nous.
» Note .
« L'homme est cet animal séparé, ce bizarre être vivant qui s'est opposé à tous les autres, qui s'élève sur tous les autres, parses… songes, - et par l'intensité, l'enchainement, par la diversité de ses songes ! par leurs effets extraordinaires et qui vont jusqu'àmodifier sa nature, et non seulement sa nature, mais encore la nature même que l'entoure, qu'il essaie infatigablement de soumettreà ses songes.
Je veux dire que l'homme est incessamment et nécessairement opposé à ce qui est par le souci de ce qui n'estpas !» La crise de l'esprit .
« Il – l'européen - est pris entre des souvenirs merveilleux et des espoirs démesurés, et s'il lui arrive de verser parfois dans le.
»
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