VALERY: Narcisse sur la scène: AMPHION, SÉMIRAMIS, CANTATE du NARCISSE, MON FAUST
Publié le 06/04/2011
Extrait du document
Une vingtaine d'années séparent Narcisse parle de Fragments du Narcisse; vingt ans passent encore avant que Narcisse ne reparaisse. Entre temps, Paul Valéry est devenu l'écrivain le plus illustre des temps modernes, adulé par les mondains, consulté par les philosophes, comblé d'honneurs par les gouvernements. Mais lorsqu'au sortir des parades officielles, l'Académicien se dépouille de l'habit vert, peut-être se prend-il à rêver au jeune Narcisse trouvant la poésie en lui-même au bord de la fontaine solitaire. L'âge ni la gloire n'ont effacé l'image juvénile, s'ils ont dissipé maintes illusions. L'homme sait qu'il est impossible de rester enfermé en soi-même; mais le Poète est reconnaissant au mythe antique de lui avoir suggéré de beaux chants. Narcisse, symbole de perfection artistique, a triomphé du temps et justifié par la Beauté l'amour de soi-même. Pour rendre cette justification plus complète et plus manifeste, Valéry présente Narcisse sur la scène. Alors que Mallarmé avait d'abord songé à donner une forme dramatique à l'Après-Midi d'un Faune, puis s'était résigné à écarter les nymphes, pour ne conserver que le monologue du Faune, par une route opposée, Valéry part du monologue lyrique pour aboutir au dialogue, plus limpide, plus émouvant.
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Me voici donc plus puissant que moi-même
Malgré le trouble qui le saisit, il accepte la volonté divine et commence à construire le Temple :
J'attaquerai le désordre des roches Les ruines des monts, les monstresMes actes purs écroulésVont asservir à l'œuvre sans exempleTombés des flancs sublimes !
Le Temple s'élève au chant d'Amphion, le Peuple célèbre le miracle, mais au moment où le héros va monter autemple, une femme voilée, symbolisant l'Amour ou la Mort, se saisit de la lyre, la jette dans la fontaine et entraînel'artiste.
Symboles.
Le mélodrame d'Amphion représente le passage du sommeil à l'activité consciente, des rêves aux pensées, despensées à la création artistique, thème de prédilection de La Jeune Parque et surtout de Charmes.
Si l'on neconsidère que le fond psychologique, Amphion est une transposition du sujet d'Aurore sous une forme plusaccessible au public ; si on envisage surtout le rôle du poète transformant le désordre des instincts et des rêves enordre harmonieux, c'est à Palme que l'on songe.
Cependant l'évidence un peu nue de ces symboles est voilée par lesenchantements de la musique et du chant, qui reposent de la pensée.
SÉMIRAMIS.
Sémiramis est également la reprise du thème chanté antérieurement dans le poème Air de Sémiramis.
Dans l'Albumde vers anciens, Valéry évoquait la reine célébrant sa puissance face au soleil, unique comme elle-même :
Soleil, Soleil, regarde en toi rire mes ruches ! L'intense et sans repos Babylone bruit, Toute rumeurs de chars,clairons, chaînes de cruches, Et plaintes de la pierre au mortel qui construit.
L'orgueil alimente encore le scénario du mélodrame, où il s'oppose à l'amour et à la mort.
• Le premier acte resplendit du faste oriental : c'est le triomphe de Sémiramis, foulant un tapis de rois vaincus pourmonter à son trône.
Dans la foule prosternée, la reine distingue un captif pour sa beauté, et la femme en fait sonamant.
• Le second acte chante la puissance de la volupté; le captif croit avoir dompté Sémiramis, mais en celle-ci lasouveraine chasse bientôt la femme : elle tue son amant.
• Le troisième acte, le seul qui soit écrit et non pas seulement indiqué, montre la reine sur sa tour, invoquant lesoleil et méprisant les adulations des astrologues.
Elle seule sait qu'elle a agi comme elle le devait :
J'ai donné à chacun sa pâture : ma nuit à la chair, Ma chair à l'Amour, l'Amour à la Mort...
Au-dessus de l'amour et de la gloire humaine, il ne lui reste plus qu'à s'offrir en victime volontaire sur l'autel du soleilet à se libérer du corps en s'envolant colombe nourrie de tant de gloire et de tant d'orgueil.
CANTATE du NARCISSE.
L'Avis qui précède la Cantate informe le lecteur des différences qui la séparent des précédents Narcisses : Ce petitouvrage est tout distinct et tout différent du Narcisse en deux états que son auteur a publié jadis et naguère.
Il futécrit, d'Avril à Novembre 1938, sur la demande de Mme Germaine Tailleferre pour servir de libretto à une cantate quia été composée par cette éminente musicienne.
Toutefois cet Avis ne doit pas faire négliger l'épigraphe, qui, aucontraire, rattache la cantate au Narcisse de Charmes, en citant des vers du premier Fragment :
O semblable ! et pourtant plus parfait que moi-même, Ephémère immortel si clair devant mes yeux...
La Cantate prolonge donc l'églogue symboliste et les Fragments, mais présente des variations sur le thème initial.Analyse.
La première de ces différences provient de la structure dramatique de la Cantate, qui se divise en 7 scènes seregroupant en 3 motifs principaux :
• Narcisse repoussant l'amour de la Nymphe,
• Narcisse défiguré par les Nymphes dépitées,.
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