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Utopie de Thomas More

Publié le 23/02/2013

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Écrit en latin, Utopie parut à Louvain en 1516 et obtint un succès immédiat auprès de l' intelligentsia européenne. L'ouvrage fut traduit en italien, en allemand et en français avant de l'être en langue anglaise en 1551. Juriste, membre du Parlement, ambassadeur, grand chancelier (soit le premier magistrat du royaume), sir Thomas More est une haute figure de l'Angleterre et un martyr de la foi catholique. Son opposition au divorce et au remariage d ' Henri VIII et son refus de signer le serment de reconnaissance de la suprématie spirituelle d'un souverain qui bafouait le Vatican lui valurent d 'être décapité en 1535 et canonisé quatre sièc les plus tard.

« « Ils boivent du vin de raisin, du cidre, du poiré et de leau, souvent pure, parfois aussi mêlée à une décoction de miel et de réglisse qu'ils ont en abondance.

» EXTRAITS La criminelle indifférence des puissants La principale cause de la misère publique , c'est le nombre excessif des nobles.frelons oisifs qui se nourrissent de la sueur et du travail d'autrui, et qui font cultiver leur s terres, en ra­ sant leurs fermiers jusqu 'au vif, pour augmenter leurs re­ venus ; ils ne con­ naissent pas d'autre économie.

S 'agi t-il au con­ traire, d'acheter un plaisir ? Ils sont pro­ digues jusqu 'à la folie et la mendicité .

Ce qui n 'es t pas moins funeste, c'est qu'ils traînent à leur suite des troupeaux de valets fai­ néants, sans état, et incapables de gagner leur vie.

La grande misère des paysans anglais Ainsi un avare affamé enferme des milliers d'arpents dans un même enclos ; et d' hon­ nêtes cultivateurs sont chassés de leurs maisons , les uns par la fraude, les autres par la violence , les plus heureux par une suite de vexations et de tracasseries qui les forcent à vendre leurs propriétés.

Et ces familles plus nombreuses que riches (car l' agriculture a besoin de beau coup de bras) , émigrent à travers les campagnes, maris et femmes , veuves et orphelins , pères et mères avec de petits enfants.

Les malheureux fuient en pleu­ rant le toit qui les a vus naître , le sol qui les a nourris , et ils ne trouvent pas où se réfugier .

Alors, ils vendent à vil prix ce qu 'ils ont pu emporter de leurs effets, marchandise dont la valeur est déjà bien peu de chose.

Cette faible ressource épuisée, que leur reste-t-il ? Le vol, et puis la pendaison dans les formes.

Qui ne possède rien n'a rien à craindre J'ai essayé, continua Raphaël, de vous décrire la forme de cette république, que je crois être non seulement la meilleure , mais encore la seule qui puisse s'arroger à bon droit le nom de république .

Car, partout ailleurs, ceux qui parlent d'intérêt général ne songent qu'à leur intérêt personnel ; tandis que là où l'on ne possède rien en propre , tout le mondes' occupe sérieuse­ ment de la chose publique, parce que le bien particulier se confond réellement avec le bien général.

Ailleurs, quel est l'homme qui ne sache que, s'il néglige ses propres affaires, quelque florissante que soit la république , il n'en mourra pas moins de faim ? De là, nécessité de penser à soi plutôt qu'à son pays, c'est-à-dire plutôt qu'à son pro c hain.

L'ultime commentaire de l'auteur Car si, d'un côté,je ne puis consentir à tout ce qui a été dit par cet homme , du reste fort savant sans contredit et très habile en affaires humaines , d'un autre côté, je confesse aisément qu'il y a chez les Utopiens une foule de choses que je souhaite voir établies dans nos cités.

Je le souhaite plus que je ne l'espère.

Traduit par Victor Stouvenel « Les gens du pays sont seuls à connaître les passes, si bien qu'un étranger pourrait diffi­ cilement pénétrer dans le port à moins qu'un homme du pays ne lui serve de pilote.

» Son contemporain et ami, le philosophe hollandais Erasme, exprima peu après l 'exécution le sentiment général : « Le supplice de More fut un sujet d 'universels regrets pour ceux mêmes qui avaient été en opposition avec l 'ancien ministre; tant ce grand homme était aux yeux de tous doué de candeur et de sagesse, tant il y avait en lui de bienveillance et de bonté ...

En le perdant, chacun perdit un ami , un frère .

» NOTES DE L'ÉDITEUR «De tous ces" pianistes ", de tous ces anticipateurs, le plus lucide fut incontestablement Thomas More, l'auteur d'Utopie.

C'est au succès de ce livre que le mot a dû d'être utilisé dans le sens que nous lui donnons.

Grand homme politique , âme sainte que ! 'Eglise catholique a portée sur les autels, c'était un esprit singulièrement vaste et profond , et qui, il y a quatre siècles, semble avoir prévu la plupart des grands problèmes qui se posent à ) 'homme moderne ...

»Daniel Rops , « Moreana », n°4, Revue anglo-française , 1964.

«Qu'on le veuille ou non, la pensée de Thomas More ne s'exprime pas comme la démonstration d'un théorème : elle est trop riche pour être simple.

Homme du passé par son attachement à l'Eglise de Rome , homme du présent par sa connaissance des affaires et son appartenance à la classe bourgeoise, homme du futur par sa vision humaniste de la condition humaine, homme d 'ordre voulant le bonheur du peuple , mais non par le peuple dont il redoutait les violences, pourtant visionnaire enthousiaste d 'une société juste, More fut tout cela à la fois.

» Marcelle Bottigelli, introduction à Utopie, Editions sociales, 1982.

1 More par Holbein le J eune, Musée d'Aix-en-Provence / Bo yer -Viollet 2, 3 , 4 , 5 gra vur es de H.

C hapro nt, éd.

Pot Ca ssé , Pari s, 1927 / B.N.

MORE02 ---- - -----. »

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