UNE VIE. Roman de Guy de Maupassant (résumé et analyse de l'oeuvre)
Publié le 27/10/2018
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UNE VIE. Roman de Guy de Maupassant (1850-1893), publié à Paris en feuilleton dans le Gil Blas du 27 février au 6 avril 1883, et en volume chez Victor Havard la même année.
Premier roman de Maupassant, Une vie est aussi celui dont la maturation et la genèse furent les plus longues. Vraisemblablement entreprise au printemps 1878, la rédaction initiale prévoyait une intrigue plus complexe, des personnages plus nombreux ; Maupassant se rendit très vite compte de la difficulté à « mettre en place quelque chose » et à ménager « les transitions » : aussi, après une phase d'abandon du projet (fin 1878-début 1881), concentra-t-il plus rigoureusement l'action autour du seul personnage de Jeanne, évinçant tout ce qui pouvait nuire à l'unité de son récit. À partir du printemps 1881, la rédaction du roman se fait en parallèle avec celle de nouvelles que Maupassant essaime dans les journaux et dont les sujets - voire la forme même - apparaissent comme des «brouillons » de chapitres d'Une vie : « Par un soir de printemps » (7 mai 1881 dans le Gaulois, repris dans le Père Milon, 1899) évoque la promenade de Jeanne et de Julien au chapitre 4; « Histoire corse » (1er décembre 1881 dans le Gaulois) contracte le récit de
Paoli Palabretti au chapitre 5 ; « le Saut du Berger » (9 mars 1882 dans Gil Blas, repris dans le Père Milon) présente un « jeune prêtre austère et violent », véritable préfiguration de l'abbé Tolbiac, qui accomplit à la fois le meurtre des amants confié au comte de Fourville et le massacre de la chienne en gésine par l'ecclésiastique dans le roman (chapitre 10) ; « Vieux Objets » (29 mars 1882 dans Gil Blas) apparaît comme une esquisse de la rêverie de Jeanne au chapitre 12, de même que « la Veillée » (7 juin 1882 dans Gil Blas, repris dans le Père Milon) annonce celle du chapitre 10... Des nouvelles au roman (ou vice versa) l'échange apparaît constant, traduction à la fois de l'unité d'inspiration de l'écrivain et de sa volonté de parvenir à une parfaite adéquation de la forme et du fond. Un tel « chantier » n'est d'ailleurs pas original chez Maupassant et l'étude du *Horla permet de mettre en évidence le même phénomène.
Sortie du couvent où vient de s'achever son éducation, Jeanne, fille unique du baron Le Per thuis des Vauds, convainc ses parents de s'instal ler dans leur château des Peuples, sur la falaise d'Yport (chap. 1) : une vie charmante et libre commence (2) jusqu'au mariage avec julien de Lamare. Après une décevante nuit de noces (34), jeanne connaît pourtant le plaisir lors d’une excursion pendant leur lune de miel en Corse (5). Après le retour aux Peuples, la vie devient mélancolique : Julien et jeanne font chambre à part (6). Puis l'ennui s'installe, rompu par l'accouchement inattendu de la fille de chambre, Rosa lie, la sœur de lait de jeanne que celle-ci trouve, une nuit, dans le lit de Julien. Elle s'enfuit s'éva nouit, puis après une brève convalescence, apprend qu'elle est enceinte (7). Pendant que sa grossesse se déroule douloureusement, julien fréquente des hobereaux du voisinage, les Four-ville. Enfin jeanne est délivrée prématurément d'un fils : Paul (8). Peu après elle découvre la nouvelle liaison de Julien avec Gilberte de Four ville, puis, à l'occasion de la veillée funèbre de sa mère, elle trouve dans les papiers de la défunte les preuves d'un ancien adultère avec un ami de
«
son père
(9).
Mis au cour ant de l'infidél ité de sa
fe mme par le fanati que abbé Tolbia c, le comte
de Fourvi lle précipite furieusem ent du haut de la
colli ne, la roul otte qui abrite les amants.
Le soir
même , Jean ne acco uche d'un second enfant
mort né ( 1 0).
Il ne lui reste plus qu'à reporter
son affection sur le petit Paul qu'elle couve jus
qu 'à refuser de s'en sépar er pour l'envoyer à
l'école.
Lorsqu'il a dix sep t ans, pourtant, elle
accepte de le mettre en pension au Havre.
Trois
ans plus tard il s'enfuit avec une fille, endetté,
deman dant l'aide financière des siens.
On hypo
thèque bientôt les Peuple s.
Puis le baron meurt.
Ros alie s'en revient vivre avec Jeanne ( 1 1 ), pre
na nt en main « le gouv ernemen t des choses et
des gens du château ».
C'est elle qui fait vendre
les Peuple s, emména ger Jean ne dans une petite
ma ison à l'int érieur des tenres, qui gère le peu
d'argent qui reste ( 12 ).
Jean ne pense jalousement
à son fils, puis part à sa recherche dans Paris.
Errance vaine qui ne lui sert qu'à éponger les
dettes de Paul ( 1 3).
Alors elle s'installe dans une
né vrose de souv enirs et ne retrouve sa joie qu'au
reçu d'une lettre de son fils lui apprenant que sa
ma îtresse est mour ante après avoir donné nais
sance à une petite fille : Ros alie ramène l'enfant
chez Jeanne, annonçant le reto ur de Paul pour le
lend emai n.
Finalemen t «la vie ça n'est jamais si
bon ni si mau vais qu'on croi t » ( 14 ).
Une vie.
Par sa platitude extrême (pas
même d'adjectif pour faire un clin
d'œil au lecteur), le titre inscrit le
roman dans le naturalisme ambiant
qu'il évoque de-ci, de-là : « Et leur vie
était lamentable » (chap.
11).
Une vie et
non > ni même > comme il y a la Fin de Lucie
Pellegrin (1880) de Paul Alexis ou le Cal
vaire d'Héloïse Pajadou (1882) de Lucien
Descaves : , donc, car cette
existence est tout à la fois unique et
exemplaire.
En effet, tout est vécu à travers la
perception particulière des événements
et la sensibilité de Jeanne : sa nuit de
noces ne confirme-t-elle pas ses rêves ?
elle est (4); n'est-elle pas
d'accord avec les agissements mes
quins de Julien ? elle > ( 5) ;
surprend-elle sa sœur de lait dans le lit de
son mari ? elle s'enfuit (14).
Une telle attitude n'est en
fait que la traduction du refus du pré
sent : d'abord ignoré au profit des rêves
d'avenir -et son mariage ne devait
être, pour elle, qu'une (15).
On constate alors que le « bovarysme ,,
de Jeanne n'est en rien comparable à
celui d'Emma (voir *Madame Bovary) :
raison d'agir pour celle-ci dès lors qu'il
s'agit de forcer le réel à prendre les cou
leurs du rêve, il pousse en revanche
celle-là à la résignation, dès la première
déception venue : (6).
Mais, dans le même temps, la vie de
Jeanne est aussi celle de tout un cha
cun : les adultères de Julien ? absous
par l'abbé Picot au motif ,.
»
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