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Une Journée d'Ivan Denissovitch d'Alexandre Soljenitsyne

Publié le 22/02/2012

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Dans le camp, c'est à cinq heures du matin que l'on sonne le réveil. Ivan Denissovitch Choukhov, d'ordinaire très matinal, s'attarde sur sa paillasse, ce qui lui vaut la punition de nettoyer le poste de garde. Après cette tâche et un maigre repas vite avalé, il ne se sent pas bien et décide de se rendre à l'infirmerie. Cependant, sa fièvre n'est pas assez forte pour être prise en considération et l'infirmier le met en garde : il risque d'être puni pour « refus d'obéissance ». Choukhov regagne sa brigade en attendant l'appel. Dehors, le froid fait serrer les dents. Il aperçoit César en train de fumer une cigarette. Lui-même n'a pas eu le temps d'acheter du tabac et, bien que l'envie lui torde le ventre, il ne se résout pas, comme d'aucuns, à quémander du regard. A sa plus grande joie, il reçoit le mégot et le fume avec délice.

« Maison de Matriona (1963), L'Inconnu de Kretchetovka (1963),...

Devenu célèbre, Soljenitsyne est admis à l'Uniondes Ecrivains. Les écrits engagésMais l'éviction de Khrouchtchev, en 1964, marque la fin de la déstalinisation et la répression sévère condamne tousceux qui émettent des opinions non conformes au régime.

Soljenitsyne soumet aux autorités Le Premier Cercle et LePavillon des cancéreux, qui seront refusés.

Ce sont des versions dactylographiées mises clandestinement encirculation qui parviendront en Occident et seront éditées.

Accueillis triomphalement, ces écrits procurent à leurauteur une gloire mondiale.

En 1970, il reçoit le Prix Nobel qui provoque un tollé dans la presse soviétique.

L'Archipeldu Goulag, énorme dossier dénonçant la répression en Union Soviétique, est saisi par le KGB et parvient en Occidentsous forme de microfilm.En 1974, Soljenitsyne, menacé depuis longtemps, est expulsé d'U.R.S.S.

et se fixe pour un temps à Zurich où ilrédige une partie de son roman historique : La Roue rouge.

Il élit ensuite résidence dans le Vermont (USA).

Ilmultiplie également les interventions publiques, suscitant de nombreux remous et polémiques.

La Lettre auxdirigeants de l'Union Soviétique reflète l'ampleur de sa protestation. Une journée comme tant d'autresUne Journée d'Ivan Denissovitch a l'immense mérite d'avoir, grâce à l'audace de son auteur, révélé au monde entierla réalité des camps soviétiques.

L'oeuvre, adoucie par les coupures effectuées dans certaines versions, contient engerme tout ce que l'auteur dénoncera explicitement dans L'Archipeldu Goulag.Dans Une Journée d'Ivan Denissovitch, l'art polémique de Soljenitsyne réside dans la manière dont la dénonciationest amenée : il nous fait le récit d'une journée simple, pareille à tant d'autres, constituée d'éléments que l'onpourrait qualifier d'anodins.

Aucun acte exemplaire ne vient rompre le déroulement des heures, scandées par lesmaigres repas, la lutte contre le froid ou les travaux manuels de longue haleine.

C'est ce quotidien tragique etpourtant sans tragédies qui donne à l'oeuvre littéraire toute sa force dénonciatrice, contenant en filigrane toutel'horreur d'une existence de détenu.Le choix de la figure centrale est également capital : Choukhov n'est pas un dangereux contre-révolutionnaire, ni unintellectuel virulent.

C'est un homme simple, presque illettré, qui s'est forgé une conduite en fonction de son bonsens.

Il ne se révolte pas contre les événements politiques (il ne les connaît pas) ni contre les discours (il ne lescomprendrait pas).

Il accepte la vie quotidienne et désire que ses journées se passent au mieux.

Obéissant etvolontaire, il effectue son travail avec amour parce que celui-ci est la seule forme de réalisation de lui-même.

Loinde tenir du stakhanovisme, son zèle est celui d'un homme qui accomplit « son oeuvre d'art ».

Soljenitsyne lui a prêtéson expérience concentrationnaire, son métier d'un moment (maçon), mais la comparaison s'arrête là.

Plutôt quefaire oeuvre autobiographique, l'auteur a préféré faire le portrait d'un simple zek (détenu) tel qu'il en rencontradurant ses années de camp.

Son roman n'en acquiert que plus de force.

Dans L'Archipel du Goulag, Soljenitsynedéclare : « La bombe cachée dans Ivan Denissovitch, c'est justement ce simple Ivan (...).». »

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