UN SINGE EN HIVER. Roman d'Antoine Blondin (résumé & analyse)
Publié le 07/11/2018
Extrait du document
UN SINGE EN HIVER. Roman d'Antoine Blondin (1922-1991), publié à Paris aux Éditions de la Table ronde en 1959. Prix Interallié.
Albert Quentin, la soixantaine, est propriétaire d'un hôtel restaurant dans une petite station de la côte normande, Tigreville. Il a été autrefois sol dat en Chine et alcoolique notoire. Mais, au moment du débarquement il a fait le vœu, si sa femme était épargnée, de ne plus boire une goutte d'alcool. Depuis dix ans, les deux époux, qui n'ont pas d'enfant, vivent dans l'attente de rares clients, jusqu'à ce qu'un étrange pension naire, Gilbert Fouquet, trente-cinq ans, boule verse leur existence. Arrivé au mois d'octobre, il suscite d'abord leur curiosité par la longueur de son séjour, puis leur inquiétude par sa façon de boire. Fouquet, divorcé, abandonné par sa maî tresse, est venu voir sa petite fille Marie, en pen sion à Tigreville. Mais nul, à Tigreville, ne connan: son projet, pas même Marie que Fouquet observe à son insu pendant de longues journées. Il s'attire la sympathie du couple, et surtout celle de Quentin, mais ne peut s'empêcher de chercher à briser le vœu du vieil homme. Le jour de la Toussaint, où Fouquet a promis de ramener sa fille à Paris, et où Quentin doit accomplir un traditionnel pèlerinage sur la tombe de son père, les deux hommes basculent et prennent enfin une « cuite » ensemble, scellant leur amitié avant de retourner à leur vie quotidienne.
Le symbolisme profond d'Un singe en hiver tient sans aucun doute à cette histoire, racontée par Quentin à Fouquet dès le début du roman, avant que ce dernier ne la répète lui-même à sa fille dans le train qui les emmène vers Paris : dans certains pays d'Orient, lorsque le climat se fait trop rigoureux, de petits singes égarés se réfugient dans les villes. Lorsqu'ils deviennent trop nombreux, les habitants louent un train spécial chargé de ramener les animaux dans la jungle. Et certes Fouquet, comme nombre de personnages d'Antoine Blondin, est un égaré. Publicitaire parisien, noctambule, arrivé à Tigreville presque par hasard, au terme d'une nuit d'ivresse, il se trouve en exil dans cette petite ville endormie, qui ne connaît que deux mois d'affluence et se réveille à peine au passage des voyageurs de commerce. Mais il semble surtout incapable d'assumer aucune des fonctions de la vie adulte : ni mari ni amant, il s'essaie maladroitement à la condition de père. De son côté, Quentin, qui se refuse à voir dans son vœu passé un sacrifice, revit cependant chaque nuit ses aventures en Chine, et, malgré sa solidité apparente, laisse vite entrevoir à Fouquet les failles de son existence. Il n'a jamais connu son père, et n'a pas de fils : ainsi se trouvent réunies les conditions pour
«
fonctions de la vie adulte : ni mari ni
amant, il s'essaie maladroitement à la
condition de père.
De son côté, Quen
tin, qui se refuse à voir dans son vœu
passé un sacrifice, revit cependant cha
que nuit ses aventures en Chine, et,
malgré sa solidité apparente, laisse vite
entrevoir à Fouquet les failles de son
existence.
Il n'a jamais connu son père,
et n'a pas de fils : ainsi se trouvent
réunies les conditions pour que les
deux hommes, au-delà d'une banale
amitié d'ivrognes, puissent se ren
contrer.
Ce n'est pas sans une cer
taine ambiguïté que Quentin, épiant
les faits et gestes de Fouquet, jaloux de
ses beuveries dans les bistrots du voisi
nage, se surprend à avoir des réactions
d' « amoureux >> : mais il faut plutôt
voir dans cette passion qui réunit les
deux hommes la fraternité des marins,
des «bleus», que le vieil homme n'a
plus éprouvée depuis sa jeunesse, et le
sentiment d'avoir enfin découvert son
double.
Car, dans l'alcool, les deux
hommes trouvent la même chose : non
seulement l'accès à une autre dimen
sion de l'existence, mais surtout, peut
être, le goût de la destruction, la fasci
nation pour la mort.
Ainsi, au moment
où Quentin décide de rompre son vœu,
Fouquet se livre-t-il à une sorte de
« corrida » dangereuse face aux voitu
res qui passent devant l'hôtel, expé
rience que, de son propre aveu, Blon
din a souvent pratiquée dans les rues
parisiennes.
Car Fouquet, comme les
héros de l'Europe buissonni ère (1949) et
des Enfants du Bon Dieu (1952), est
aussi un double de l'auteur, se flattant
comme lui d'être appelé par son pré
nom par les patrons de bistrots pari
siens.
Il est comme lui le représentant
d'une génération privée de sa jeunesse
par la guerre, et qui ne se résout pas à
accepter une vie dépourvue d'im
prévu : peut-être aussi, selon l'expres
sion de Fouquet, la dernière génération
de.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- ROMAN BOURGEOIS (Le) d'Antoine Furetière (résumé & analyse)
- SINGE EN HIVER (Un) d'Antoine Blondin : Fiche de lecture
- ENFANTS DU BON DIEU (Les) Antoine Blondin (résumé & analyse)
- Force ennemie - Roman de John-Antoine Nau (résumé & analyse)
- Fiche de lecture : SINGE EN HIVER (Un) de Antoine Blondin