Ulrich VON HUTTEN : Lettres des Hommes obscurs

« Les Epistolae d' Ul­ ri ch von Hutten ( 14 88- 15 23) furent publi ées en 15 15- 1516.

S es œuvres lui valurent une reli e re­ nommée que Charles­Quint lui offrit, sans su ccè s, un titre de conse iller .

Les moines d'Allemagne obtin­ rent toute fois sa condamnat ion par le pape Léo n X.

Le livre L'hérétique est celui qui pense C es trente-neuf lettre s so nt adressées à Ortuinus Gratius, prêtre, orateur et théologien, qui avait pris la défen se des dominicain s dan s leur controverse avec le philologue Reuchlin.

Elles sont supposées avoir été écrites par divers personnages désireux d 'encourager Ortuinus et laissent apparaître sous une lumière crue les turpitude s, l'ignorance et les manigances éhon­ tées de ceux qui, se faisant appeler , se permettent d 'excommunier et d'exclure les poètes séculiers.

Censés être dé­ positaires de la connaissance , ils se perdent en discussion s sur la casuistique la plu s futile .

Repré sentants supposé s de la probité évangélique , ils échan gent des histoire s graveleuses agrémen­ tées d 'anecdotes sord ides.

A la poésie des séculiers, ils n'oppo­ sent que la théologie et se rengorgent en énonçant de médiocres vers.

Pratiquant le commerce des indulgences , ils utilisent à leurs fins les juri stes .

Le verbe au service de l'action C ri de révolte de l' Allemagne n ationale contre la toute­ puissance de Rome , manifestation des idée s avancées de la Réforme contre les abus du catholicisme , les Lettres des Homm es obscures sont avant tout l'instrument forgé par un homme d'action au service d'une cause.

Guen·ier , érudit, voya­ geur, Ulrich von Hutten , loin des controverses dogmatiques qui agitent les théologien s, choisit, pour s'attaquer directement aux faits , l'arme la plus redoutable: le rire .

Mettant à profit les inépuisables ressources du latin , il stigmatise par des tournures de phrases grotesques, des locutions triviales, de s syllogismes oiseux, la prétention , l'ignorance , la perversion des moines .

Mani ant avec virtuosité l'irr évérence , la malice et la raillerie , so n di sco urs fr appe l' adversaire là où il est le plus vulnérable et fait mouche plus sûre ment que tous les arguments d'une longue démon stration théo riqu e.

La verdeur de la lan gue , la save ur incomparable s des expressions, la hardie sse des traits forcés à l 'ex trêm e en font un divertissement au comique irrésistible qu ' un Villon ou un Voltaire n 'auraient certes pas renié .. »