UBU ROI, UBU ENCHAÎNÉ, UBU COCU de Alfred Jarry (résumé & analyse)
Publié le 21/11/2018
Extrait du document
UBU ROI
UBU ENCHAÎNÉ
UBU COCU
Alfred Jarry. Théâtre. 1896, 1900,
1944 (texte datant de 1897).
L’action se déroule en Pologne, c’est-à-dire nulle part: officier de confiance du roi Ladislas, le père Ubu le trahit et le supprime pour prendre sa place. Sa cupidité le pousse, après avoir dépossédé les nobles, à pressurer le peuple. Le czar intervient pour chasser le tyran et rétablir le pouvoir légitime: ayant perdu la bataille qui s’en est suivie, le père Ubu s’enfuit en bateau et compte se faire nommer ministre des finances à Paris (Ubu roi).
En fait, lorsque nous le retrouvons, le père Ubu veut gagner sa vie en cirant les chaussures ou les pieds des passants, s’impose comme serviteur et se fait jeter en prison. Émerveillant les hommes libres par la liberté qu’il prend de faire ce qui est ordonné, il est sorti de sa geôle par ceux qui veulent sa place, et un long convoi de forçats se précipite vers les galères du Turc. Ce dernier, effrayé par celui qu’il reconnaît comme son frère, le fait conduire ailleurs, sur une trirème à quatre rangs de rames (Ubu enchaîné).
Nous retrouvons enfin le père Ubu en maître des Phynances qui fait pourchasser par ses palotins ceux qui ne veulent pas payer: les contrevenants risquent divers supplices, dont le pal, ou le grand trou noir de la machine à décerveler, à moins qu’ils ne soient précipités dans la gidouille où tout arrive, d’où tout est évacué, et que l’on
peut visiter comme on le fait des égouts. Pendant que le père Ubu s’installe chez Achras, collectionneur de polyèdres, ce dernier et une autre victime s’enfuient en Égypte où ils sont repris par des palotins : ceux-ci ont pour mission de recueillir la graisse de momies qui, permettant de graisser l’axe du monde, fera sonner la vingt-cinquième heure sidérale, celle de la vengeance du père Ubu. La mère Ubu le trompe, en effet, et a accouché d’un archéoptéryx... (Ubu cocu)
«
sera
toujours lui qui tuera tout le monde
et qui poW'Tll s'en aller.
• Ubu roi est la manifestati on la plus
aboutle d'un cycle créé collectivement,
avant même l'anivée de Jarry parmi eu.x
!en 1888), par les élèves du lycée de
Rennes.
La saveur potachlque est plus
perceptible encore dans les dift'érents
états d'Ubu cocu fOnésime ou les tribuJa
tioM de Priou, Ubu cocu ou l'Archéopté
ryx).
De fait.
Ubu peut être lu au premier
degré, comme une pièce peu drôle et
sans aucune originalité dramatique.
Mais la même pièce a pu être intégrée à
une dramaturgie aussi savante que oelle
de César-Antechrist dont l'•acte ter
restre • est une version légèrement abré
gée d'Ubu rol: énième degré, donc, équi
valant au premier comme le mauvais
droit au bon.
En vérité, si •J&IT)' fut
artiste en ceci surtout qu'à ses vingt ans il
sut n'ajouter rien à cette œuvre
d'enfance• Wai.rù, il remania sans cesse
les textes du cycle d'Ubu, et les Présenta
lions et autres tenes qui l'acco mpagnent
IDe l'inutilité du théâtre au thédtre,
Réponses à un questionnaire sur l'art
dramatique, Questions de théâtre, Confé rence sur les pantins) développent une
théorie très organisée où l'auteur plaide
pour un théâtre proprement abstrait
dont l'importance sera reconnue dans
notre siècle !voir, dès 1905, L'Art du
thé6tre d'Edward Gordon Craig, et, en
1930, le théâtre Alfred-Jarry d'Antonin
Artaud).
La recherche de oet idéal de
représentation motivera la réécri ture
d'Ubu sur la Butte !1906), uitime version
condensée pour marionnettes et retour
au théâtre des origines, puisque les
pièces hébertiques avaient été créées en
marionnettes par les adolescents.
On
peut semblablement interpréter l'incar
nation d'Ubu par Jarry lui-même, pantin
déraciné et bon dissant au milleu des
fantoches.
ses contemporainS, qui trou
vèrent à s'en émerveiller, et à créer la
légende.
• Ubu enchatné.
œuvre du seul Jarry
adulte, est une contrepartie d'Ubu roi
tendant à une nouvelle démonstration
du principe de l'identité des contraires
!voiT César-A ntech.ri8tl, principe d'équi
valence qui, plus tard, sera un des dog
mes fondateurs du Collège de 'Pataphy
sique .
est
particulièrement mise en application,
outre les Ge3tes et opil'lioM du docteur
Fa.u#roll* et les Spéculations de la Chan
delle verte.
dans les Almanacha du père
lJbu (1899 et 1901l.
L'éditeur du second Almonach.
Ambroise Vollard, reprit le
personnage d'Ubu et, gauc hissant ses
interventions dans l'actualité, a proba
blement contribué à en faire le person
nage littéraire le plus connu des journa
listes.
• Ubu roi fut créé au théâtre de l'Œuvre
en 1896, dans une mise en scène de
Lugné-Poe.
avec Firmin Gémier dans
celw le rôle du père Ubu et Lowse France
dans celui de la mère Ubu.
La générale
fut l'occas ion d'un de ces •tapages· que
le père Ubu prétend ne pas aimer !Ubu
cocu.
m.
3), mais, contrairement à ce
qu'on répète souvent, celui-cne fut pas
déclenché dès le premier mot: c'est plu
tôt la nouveauté de ce théâtre que sa
supposée grossièreté qui choqua les
spectateurs choquables ...
lJbu en.cha!né fut créé en 1937 à la Comé
die des Champs-Élysées, dans une mise
en scène de Sylvain Itkine et des décors
de Max Ernst.
Ubu cocu ne fut créé qu'en 1946 à la
Chambre de commerce de Reims, par
une troupe d'amateurs et dans une mise
en scène d'Emmanuel Paillet.
On peut
voir dans la conférence qu'il donna à
cette occasion les prodromes du futur
Collège de 'Pataphysique.
tomoNs.
Jarry, Tout Ubu.
Maurice S&lllet, LG.r.,
·Le livre de poche·.
19112.
Ubu roi.
Ubu enchainé.
Ubu cocu.
dans Œu\II"U CompUte•.
l 1.
éd.
Michel
Arri vé.
C&llim ard.
-La Pléiade•.
1972.
Ubu.
éd.
Noël Arnaud et Henri BordUion.
Gallimard.
·Folio•.
1978.
Ubu roi.
éd.
Jean-Claude Dlnguirard
QI Paul Gayot.
Bordas.
1986.
ETVDI!• Henri Béhar.
JBTT)I dronl4turge, Nlz.et, 1!180..
»
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