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UBU ROI. Alfred Jarry (Résumé et analyse)

Publié le 25/01/2016

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UBU ROI. Alfred Jarry (1873-1907) n’avait que quinze ans, lorsqu’il composa cette pièce en cinq actes, à la fois légendaire et bouffonne, qui devait faire passer son nom à la postérité. On connaît peu la vie de cet écrivain cocasse, mort si jeune et dont son ami J. Saltas nous a dit que, «malgré son érudition profonde et variée, il fut toujours un garçon simple et naïf, content de tout et de lui-même ». Écrit d’abord pour les marionnettes et représenté dès 1888 par la compagnie « Les Marionnettes \", Ubu Roi fut joué au Théâtre de l’Œuvre par la troupe de Lugné-Poé le 10 décembre 1896. D'après les témoins de cette présentation au public, ce fut une soirée mémorable. Ubu Roi parut la même année en librairie, sous le titre complet de Ubu Roi. Drame en cinq actes en prose. Restitué en son intégrité tel qu'il a été représenté par les Marionnettes du Théâtre des Phvnances en 1888, au Mercure de France. Deux autres éditions furent publiées du vivant de l’auteur 1897 et 1900). La farce commence dès la dédicace à Marcel Schwob, qui est suivie de cette épigraphe : (( Adonc le père Ubu hoscha la poire, dont fut depuis dénommé par les Anglois Shakespeare, et avez de lui sous ce nom maintes belles tragoedies par escript « : farce aussi que la composition qui est donnée de l’orchestre, lequel comprend des cervelas, des oli-phans verts, des sacquebutes et des galoubets. Le premier mot de la pièce est aussi énergique qu’imprévu : «Merdre ! \", dit le Père Ubu. Cela met aussitôt dans l’ambiance. Nous sommes en Pologne, où Uhu, ancien roi d’Aragon, et présentement capitaine des dragons, officier de confiance du roi Venceslas et décoré de l’ordre de l’Aigle

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« 644 dans sa verdeur et sa.

cocaBSerie, s'impose.

Par là, il n'est pas sans rappeler les Monologues (*) et les Soties (*) du Moyen Age, et même Rabelais.

Mais Ubu Roi est aussi un drame fort bien construit et fort soigneusement écrit.

Il fallait à coup sftr quelque étincelle de génie à ce collégien de quinze ans, pour faire de cette macabre et bizarre plai­ santerie une œuvre caricaturale certes, mals puissante et humaine, trop humaine ; car par delà le bourgeois, c'est l'homme que vise Jarry, l'homme dont il venait de mesurer l'indicible ·bêtise.

la lâcheté et la sauvagerie.

* Malheureusement, étonné lui-même par le succès, Jarry voulut donner une suite à son drame : c'est ainsi qu'il écrivit Ubu enc/ialm et Ubu cocu, Ubu enclioCné fut publié en 1900 dans la • Revue blanche,( *), mais il ne fut représenté qu'en 1937.

Dans ce drame en cinq actes, qni est, dans une certaine mesure, un Ubu Roi à l'envers, le Père Ubu, instruit par l'expérience, est résolu à devenir esclave ; c'est ainsi qu'Il acquérera une véritable puiBBance.

Aux conseils de prudence de son épouse, il réplique : • Cela m'est égal d'être égal à tout le monde.

puisque c'est encore moi qui finirai par tuer tout le monde •.

C'est pourquoi il cire de force les pieds nus de la charmante Eleuthère, et tue son oncle Plssembock, puis Il s'impose, avec sa femme.

comme domestiques à leur service.

Le nouveau système d'esclavage Inventé par Ubu fait merveille ; les hommes libres, qui se forcent pour désobéir, se convertissent ; et Ubu, qÙi avait enfin conquis la tranquillité et assuré son entretien en se faisant mettre en prison, réussit assez mal dans sa nouvelle carrière de galérien.

En effet, le sultan Soliman reconnalt en lui son frère disparu et met ainsi un terme à l'abaissement où il se complaisait.

Ubu enchainé n'est qu'une charge : la satire Ici est directe et féroce, mais ce nouveau drame est fort loin d'avoir la rigueur de construction dramatique d' Ubu Roi.

Quant à Ubu cocu, qui ne fut pas publié du vivant de rauteur.

c'est une grosse farce assez forcée, où la drôlerie fait long feu.

Au cycle ubuesque, se rattache encore Ubu sur la butte, adaptation abrégée d' Ubu Roi, destinée au • Guignol des Quate-z'Arts •, où elle fut représentée en 1901.

Dans les Para!ipom�nes d' Ubu, Jarry présente une genèse, tout à fait fantaisiste d'ailleurs, de son héros ; retenons toutefois cette indication : • Ce n'est p as exactement Monsieur Thiers, ni le bourgeois, ni le roulle : ce serait plutôt 1 'anar­ chiste parfait, avec ceci qui empêche que nous devenions Jamais l'anarchiste parfait, que c'est un homme, d'où couardise, sâ.leté, laideur, etc.

•.

Nous y apprenons également qu'il y eut de nom­ breux gestes d'Ubu.

tous joués par des marion­ nettes ; ces gestes, nous dit Jarry, n'ont pas été Intégralement conservés, toutefois les • Parali­ pomènes • contiennent auelaues extraits de ces œuvres.

dont r • Autoclète n qui est un cocasse dialogue du Père Ubu et de sa conscience, • Phono· graphie », enftn • L'Art et la Science"· Les divers Ubu s'accompagnent généralement de la • Chanson du décervelage •.

valse en forme de complainte populaire dont Claude Terra88e écrivit la musique : elle décrit le divertiBSement favori de l'ouvrier parisien, la séance de décervelage ; le refrain évoque cette délicate opération : • Voyez, voyez la machin' tourner.

-Voyez, voyez la cervell' sauter, -Voyez.

voyez les rentiers trembler : - Hourra, cornes-au-cul, vive le père Ubu ! " Enfin, il faut mentionner deux curieux articles sur le théll.tre publiés dans la • Revue blanche • et dans le • Mercure de France • (1896).

Dans le premier de ces articles : • Questions de thé ittre •, Jarry explique qu'Ubu Roi ne doit pas être joué dan s le ton comique, puis il exhale avec violence sa haine pour le public ; tandis aue dans le second : • De l'inutilité du théâtre au théll.tre •, il s'attaque aux décors et aux acteurs .Mais ces pièces.

ces Eau-forte de Rouault tirée des Réincarnations du Père Ubu.

(Vollard éditeur, 1933).

articles n'ajoutent pas grand'chose à Ubu Roi, inqniétant chef-d'œuvre, étrange phénomène de notre littérature, beaucoup plus proche par l'esprit qu'Il n'y parait de Lautréamont et, par certains côtés, de Rimbaud.

Jarry y fait figure d'adolescent bouffon, mais grave, qui s'attaque avec férocité et humour au monde des adultes, à leur sottise et à leur méchanceté.

Uki .éprend. »

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