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Tropique du Cancer d'Henry Miller (Résumé & Analyse)

Publié le 22/02/2012

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Roman paru en 1934, disponible chez Gallimard, Folio, traduction de l'américain par Henri Fluchère, 437 pages. Un rebelle pessimiste qui fait scandale Né le 26 décembre 1891 dans l'État de New York, Henry Miller s'impose comme l'homme du parler vrai. Sa légende résulte des scandales attachés à la parution de ses deux premières oeuvres, Tropique du Cancer et Tropique du Capricorne. Aussi, dans l'Amérique puritaine, fut-il longtemps considéré comme un auteur peu recommandable, un romancier maudit, un adepte d'une littérature proche de la pornographie et gratuitement provocatrice. Ses romans furent interdits dans son pays pour obscénité : Tropique du Cancer (1934) et Tropique du Capricorne (1939) ne parurent qu'après 1960 aux Etats-Unis. Irrévérencieux et inclassable, Miller se situe dans la mouvance d'un Rabelais ou d'un Céline, dont le Voyage au bout de la nuit paraît en 1932, deux ans avant Tropique du Cancer, et témoigne d'une communauté d'inspiration et de ton avec le texte du romancier américain.
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« toutes les illusions nées de la partie spirituelle de l'homme.

Dans la jungle de la vie, il ne faut plus songer qu'à sesappétits. Le narrateur se rend chez son ami Van Norden, qui s'adonne à la boisson et aux femmes mais demeure enferré dansses propres contradictions narcissiques.

Pour lors, il semble obsédé par les aventures de Carl avec une femme,Irène.

Mais Carl donne des versions fantaisistes et contradictoires de son histoire avec Irène, sans qu'il soit possiblede comprendre la vérité.

Le narrateur et Van Norden se rendent souvent au Dôme.

Un soir, ils invitent une grue à serendre à l'hôtel.

Là encore, le narrateur constate que la volonté de jouir a remplacé la passion, qui, seule, pourraitdonner un sens à la vie. Il parvient à se faire embaucher dans le journal où travaillent ses amis.

Il éprouve un plaisir indicible à s'abîmer dansun travail de correction des épreuves qui lui ôte toute initiative et tout souci de penser.

Rien ne le satisfaitdavantage que sa confrontation au néant.

Se manifestent à nouveau Boris et Tania, revenue de Russie parfaitementconvaincue par l'utopie nouvelle, taxée de « déconnage» par le narrateur.

Celui-ci estime qu'à Paris, les théories les plus fantastiques, les plus absurdes, semblent s'exaspérer pour mieux torturer les individus dans un piège dépourvude sens. Le 4 juillet, une compression de personnel laisse le narrateur sans travail.

Il écrit alors sur n'importe quel sujet poursurvivre.

Par chance, il rencontre un Américain, Fillmore, un jeune homme du service diplomatique avec qui ilpoursuit ses conversations littéraires.

Après diverses aventures, le narrateur finit par habiter chez Fillmore, quirecueille, aussi, une curieuse princesse russe, fort tyrannique.

Elle part au début de l'hiver et les deux amisentament une période faste, s'entretiennent de l'Amérique.

Le narrateur affirme qu'elle n'existe pas, si ce n'est àl'état de représentation de l'esprit.

Pour lui, les idées ne possèdent aucune réalité parce qu'elles ignorent le sexe et,partant, l'énergie créatrice.

L'homme a bâti un monde sur les fondations de la peur qu'il s'efforce d'oublier et demasquer à grands coups de mensonges.

Depuis la Renaissance, l'humanité sombre dans la déchéance et le néant.L'artiste poursuit le but absurde, fou, de rendre cohérent le chaos pourrissant du monde.

Mais le narrateur seréclame de ce groupe d'artistes, qu'il qualifie d'inhumain parce qu'il ne partage pas les illusions communes. A la fin de l'année, le narrateur commet l'erreur fatale d'accepter un poste d'enseignant en anglais dans un lycée deDijon.

Partout, il semble obligatoire de travailler comme un esclave pour « gagner » sa vie et perdre sa liberté.

Pourlui, l'amour déraisonné pour le passé transforme tout lettré en ennemi du genre humain.

Aussi lui-même obtient-il ungrand succès en donnant des leçons sur la physiologie de l'amour à des adolescents.

Le lycée lui apparaît commeune prison peuplée de morts-vivants.

Il s'en évade au printemps à la faveur d'une vacance à la rédaction du journal. A Paris, il retrouve Carl et Van Norden.

Mais Fillmore se trouve sous la coupe d'une Française despotique, Ginette, qui exige le mariage sous prétexte qu'elle attendrait un enfant de lui.

Le narrateur est effondré par la métamorphosede son ami : il parvient, avec difficulté, à l'arracher aux griffes de ces Français, de cruels mercenaires.

Après avoirmis Fillmore dans le train de Londres, le narrateur dispose d'assez d'argent pour rentrer en Amérique et retrouver safemme. L'ANALYSE Un farouche besoin de libération Tropique du Cancer s'impose comme un récit à la fois symbolique et réaliste.

En effet, le narrateur figure une des représentations de l'auteur qui transfigure son expérience personnelle pour la transformer en un pamphlet virulentcontre la société de son temps. Le lecteur entre dans la narration in situ, sans préparation, comme il est de mise dans un récit réaliste.

D'emblée, lespersonnages foisonnent, les rencontres se multiplient.

Le narrateur croise des individus dont la marginalité, lasoûlographie ou les frustrations sexuelles n'excluent pas l'intérêt fraternel puisqu'il vit, en quelque sorte, de lacharité d'autrui.

Il s'est même organisé un emploi du temps de manière à pouvoir manger chaque jour chez uneconnaissance différente. A première lecture, la relation du narrateur aux femmes semble trahir un certain sexisme, comme en témoignent, parexemple, les descriptions de la dominatrice Tania ou de l'exigeante Ginette.

Comme Céline, encore, le narrateurévoque différentes figures de prostituées au grand cœur, suggérant par là qu'elles représenteraient une formed'humanité humiliée supérieure à celle qu'encense la morale.

En fait, la femme incarne la tentation charnelle,contradictoire : elle postule l'ignorance nécessaire de la relation à la matière qui donne accès, dans la transparenceet l'immédiateté, à l'intuition de l'énergie. La narration retrace une errance symbolique, qui reproduit la déréliction de l'homme moderne dans un monde privéde signification mais qui témoigne aussi d'un profond refus de tout compromis.

La situation d'urgence où se trouve lenarrateur agit comme une manière de révélateur : elle témoigne de l'importance du corps et de ses exigences quitrahissent la duperie idéologique et mettent au jour la personnalité réelle des individus.

En fait, l'espace parisiendésigne le lieu même de la décadence européenne mais, en même temps, il rend possible l'oisiveté du narrateur, qui,aux États-Unis, se verrait contraint de travailler pour survivre — c'est, du moins, ce qu'il affirme : « [...] je ne demande pas à retourner en Amérique pour endosser le harnais de nouveau, pour qu'on me fasse travailler commeun forçat.» Le paradis américain lui apparaît comme une illusion, au même titre que l'utopie marxiste, qui s'installe en. »

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