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TRANSCENDANCE DE L’EGO (LA), Esquisse d’une description phénoménologique, Jean-Paul Sartre

Publié le 03/10/2018

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Sartre, dans ce premier essai, s’interroge sur les liens entre conscience, «Je», moi et ego. L’hypothèse — kantienne — est qu’il y a dédoublement de la conscience : si notre conscience accompagne nos représenta-

tions, il doit nécessairement y avoir une conscience transcendantale pour affirmer cette conscience empirique.

 

«Etre conscience, c’est être conscience de quelque chose», selon le principe phénoménologique posé par Husserl. Il y a donc, au-delà de notre conscience réflexive, une conscience irréfléchie. Quand je prends une chaise, je sais que je la prends (conscience intérieure et réflexive), mais avant même cette conscience, il y a la chaise : conscience irréfléchie de l’objet extérieur, qui ne se prend pas elle-même pour objet, mais qui porte à l’existence toute conscience de tout objet. Cette «conscience de conscience» est impersonnelle, dépourvue du Je. «Ainsi la conscience qui dit “Je pense” n’est précisément pas cette conscience.»

Il y a donc trois degrés de conscience: la conscience irréfléchie, la conscience réflexive et l’acte qui unit ce dédoublement. Dans ce troisième degré — que Husserl nomme «réduction phénoménologique» (êjioxn, épochè) parce qu’il ramène le trans-cendantal à l’empirique — apparaît le Je, non concret mais existant, réel. Ce Je du cogito se donne comme transcendant, car il est le principe unitaire de nos actions. Lui correspond le moi, matériel, formé de l’ensemble de nos sentiments (états ou qualités). L’un et l’autre constituent ce que Sartre nomme l'ego (la personnalité), inconnaissable car intime, mais principe d’unité de toutes nos productions. Il est l’objet que découvre la conscience réflexive: «L'ego est aux objets psychiques ce que le monde est aux choses.»

En 1934, Sartre étudiait la phénoménologie — Heidegger et Husserl — à Berlin. Il la fit connaître en France par ce court traité, publié deux ans plus tard. 

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