TRAITÉ SUR LA TOLÉRANCE, 1763. Voltaire (résumé & analyse)

TRAITÉ SUR LA TOLÉRANCE, 1763.

Voltaire

Les vingt-cinq chapitres de ce traité tirent les enseignements des «affaires» dont Voltaire s’est occupé, pour faire éclater la justice, en particulier ceux de l’affaire Calas. La réhabilitation du protestant Calas, injustement accusé du meurtre de son fils et

supplicié sur la roue, avait demandé à Voltaire trois ans d’efforts.

Les deux premiers chapitres évoquent l’affaire Calas, et les horreurs du fanatisme.

Voltaire plaide pour une autre attitude vis-à-vis des protestants.

Puis il expose une histoire de la tolérance, considérée du point de vue de sa valeur morale et de sa cohérence avec les principes mêmes de la religion chrétienne. Les atrocités des conflits religieux sont décrites sans complaisance, et l’exemple de Jésus-Christ est invoqué à l’encontre de toute prétention chrétienne à imposer le dogme par la force et la violence.

Voltaire insiste particulièrement (comme dans son Dictionnaire philosophique) sur la contradiction qu’il y a à soutenir, par des mesures de persécution violente, un dogme dont les principes sont à ce point incertains et discutables. Et l’auteur de stigmatiser l’orgueil des hommes qui partagent tous l’illusion qu’une seule religion est vraie, la leur, et bénie du seul vrai Dieu, le leur. Il exalte la fraternité: «Je vous dis qu’il faut regarder tous les hommes comme nos frères. — Quoi ! Mon frère le Turc ? mon frère le Chinois? le Juif? le Siamois? — Oui, sans doute : ne sommes-nous pas tous enfants du même père, et créatures du même Dieu?» Par-delà les prises de position de principe sur la tolérance religieuse, cet ouvrage marque pour Voltaire une étape dans son combat pour la réforme de la justice pénale. Ce combat, qui ne finira qu’avec sa vie, trouve des prolongements dans une multitude d’autres textes.

Le Traité sur la tolérance connut un immense succès, aisément explicable : la noblesse de la cause défendue, la hauteur philosophique et littéraire du texte, sa variété de ton : « Il y a des endroits qui font frémir, et d’autres qui font pouffer de rire, disait Voltaire; car, Dieu merci, l’intolérance est aussi absurde qu’horrible.»