Tiers Livre de Rabelais
Publié le 22/02/2013
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D'abord moine, puis prêtre défroqué, juriste, Rabelais exerce la profession de médecin lorsqu ' il compose le Tiers Livre. Une immense culture, bien digne d 'un humaniste, marque l'ensemble de son oeuvre, et plus particulièrement le Tiers Livre, publié en 1546. Les humanistes se sont intéressés de près au droit et à la justice, et en ont fait une des cibles favorites de la satire. Le juge Bridoye, qui décide des sentences aux dés, est, à cet égard, une réussite.

«
« Comment Pantagruel
assiste au j ugemen ( de
Brido ye ...
»
~ ------ ~ EXTRAITS
A peine a-t-il fini son discours s ur les
prêteurs et les débiteurs que Panurge,
dans un nouvel accoutrement, déclare
à
la compagnie, sans transition aucune,
son intention de se
marier
Voire, mais puisque de femme ne me peux
passe r en plus qu'un aveugle de bâton ,
n'est-ce le mieux que je m'associe quel
que honnête et prude
femme ?
(.
.
.)
-Marie z-vous donc, de par
D ieu , répondit Pantagruel.
- Mais si, dit Panur ge,
étant malade , ma
femme ,
im patiente
de ma langueur,
pour autrui m' abandon
nait, et non seulement ne
me secourût au b~so in,
mais aussi se moquât de
ma calamité, et (que
pis
est) me dérobât, comme
j'ai vu souvent advenir,
ce serait
pour m'achever
de peindre et courir les
c hamp s en pourpoint.
-
P oint donc ne vous marie z,
répondit Pantagruel.
C'est au tour de Trouillogan,
le philosophe, de disserter
sur la question du mariage.
Et Pantagruel d'interpréter les
arguments livrés
par le philosophe
- J'interprète , dit Pantagruel, avoir et
n'avoir femme en cette façon : que femme
avoir, est l'avoir
à usage tel que nature la
créa, qui est
pour!' aide, ébattement et so
ciété
del' homme ; n' avoirfemme est ne soi
apoltronner autour
d'elle , pour ell e ne
contaminer celle unique et suprême affec
tion que doit l'homme
à Dieu, ni laisser les
offices qu'il doit nature llement
à sa patri e,
à la république , à ses ami s, ni mettr e en non
cha l
oir ses études et ses négoces, pour
continue llement à sa femm e comp laire.
Parmi les épisodes les plus connus du
Tiers Livre, voici celui qui met en scène
le juge Bridoye.
La verve rabelaisienne
semble à son paroxysme
-Je, répondit Bridoye, répondrai briève
ment, selon l'enseignement de la l.
amplio
rem,
§ in refutatoriis , C.
de appela.
J e fais
comme vous autres, Messieurs, et comme est
l' usance de judicature, à laquelle nos droits
comma ndent toujours déférer.
Ayant bien
v u , revu, lu,
relu, paperassé et feuilleté les
comp laintes , ajournements, comparutions,
com missions , informations, avant procédés,
productions, allégations, interdits, contre
dits, requêtes, enquêtes, répliqu es, du
pliques , tripliques, écritur es, rep roches,
griefs, salvations, récollemen t
s, confronta
tions , acarations, libelles , apostoles, le ttr es
royaux , compulsoires , d éc linatoires , antici
patoir es, évocations, envois , renvois,
co nclusions,
jïns de non pro cé der ; appoin
tem ents, reliefs, confessions, exploits et
autres dragées et épiceries d'une
part et
d 'autre, comme doit faire le bon juge (.
..
),je
pose sur le bout de la tabl e en mon cabinet
tous les sacs du défendeur, et lui livre
c han ce premiè
rement, comme vous autres ,
M ess ieu rs.
« Comment Pantagruel
et Panur ge décident de
visiter l'oracle de la
Dive Bouteille.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
Rabelai s a longtemp s été décrié par les
écrivai ns
et les critiques.
Considéré comme
pervertisseur par ses contemporains , il est,
au
xvm e s iècle, comparé à un monstre
inint elli gible , un bouffon , un personnage
ordurier.
Il faut attendre le
x1x e siècle pour
qu ' il soi t réhabilité ' et élevé au rang de s
gra nds
écr ivains .
Michelet té moi gne de ce
changement d'appréhension del 'œuvre de
Rab e lais :« Quel homm e et qu'était-il?
Dema ndez plutôt ce qu 'il n 'était pas.
Homme de toute étude, de tout art, de toute
langue , le
vér it ab le Panourgo s, agent
univ ersel dans toutes les scie nces
et dans les
affaires, qui fut tout et fut propre à tout , qui
conti ent le gé nie du siècle et le déborde à
tout instant.
»Jule s Michelet , Hi stoire de
Fran ce.
considère comm e un des gé nies de la
littérature française en ces term es :
« Le
gra nd rire de Rabelais est un phénomène
uniqu e dan s la litt éra ture de to us le s temp s ;
et, à
côté de lui, Aristophane , Bo ccace,
Molière font figure de cro
que-mort s.
1 cliché B.N.
/coll.
Viollet 2,3,4,5 gra vur es de Gu stave Doré, photo D.R.
Le xxe sièc le fait écho à ce nouveau type
de discours sur Rabe la is .
L'écrivain Marcel
Aymé rend hommag e à ce lui qu' il
JI est vain de se de m and er si l es Français
o nt mérit é de
vo ir un e aurore au ssi
éclata nte.
»Marcel Aymé , Le Confort
inte
llec tuel, Le Livre de Po ch e .
RABE L A IS 04.
»
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