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TIBULLE : Élégies

Publié le 25/09/2012

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Naturellement, il ne peut être question de suivre au jour le jour le roman de Tibulle. Le poète ne nous a pas donné une autobiographie ; il ne nous met pas au courant, comme le fait souvent Properce, des incidents de sa passion. Chercher à établir dans tous les détails une suite rigoureuse, comme l'ont tenté Dissen et Lachmann, mène à l' arbitraire. (...) En réalité, motifs et souvenirs livresques ne sont là que pour servir de cadre ou de soutien à l' inspiration personnelle. Certes Tibulle ne nous révèle que certains moments de son existence, que certaines circonstances de ses passions. Mais ses élégies laissent voir en lui un tempérament trop...

« Les poèmes de Tibulle (v .

50-19 av.

J.-C.), dont la plupart ont pour thème l'amour, r elevaient pour cer­ tains de ses conte m­ porains du registre de la littérature légère, vo ire licencieuse.

C'est a0zsi que le grand Ovide , exi lé sous de vag ues pré­ texte d'immoralité, écrivait à l'empereur Auguste qu'il jugeait injuste qu'on ne condamnât pas au mênle titre les textes de Tibull e et leur auteur.

Le livre Les amours malheureuses L e mot « élégie >> vient d' un verbe grec ancien signifiant .

L'élégie est une plainte , généralement amou­ reuse.

Aussi, en dépit de quelques poèmes consacrés au thème de la guerre, Tibulle chante ses déceptions amoureuses au fil du temps, la cruauté de ses maîtresses , mais aussi de ses amants.

Tibulle est fidèle , mais on le trompe ; il est simple, mais les ob­ jets de sa passion amoureuse se laissent facilement convaincre par des barbons argentés ou de jeunes écervelés couverts d'or.

C 'est Délia , d'abord saisie par la sincérité du poète , qui lui pré­ fère des bras multiple s chargés de cadeaux ; c'est Marathus aussi, ce jeune éphèbe à 1 'étrange beauté, qui jure fidélité à son amant, proclame sa pa ssion pour la belle Pholoé , mais se laisse convaincre par quelque vieil époux délaissé et riche; c'est Né­ mési s enfin, courtisane hautaine et volage, qui évince Tibulle au profit d' un amant sans valeur.

..

Tibulle chante alors l 'abandon et se révolte contre Amour, dieu cruel à proportion de ce qu 'on le redoute.

Tibulle, poète contre le temps C 'est doublement qu'on peut dire que Tibulle refuse le cours du temps .

En premier lieu, parce qu'il refuse son époque, ce dernier siècle où l 'Empire se substitue à une République dé­ cadente, où les grands patriciens désargentés, hommes raffinés et cultivés, n 'ont plus de poids face à l'arg ent.

Tibulle rêve, à la manière de Virgile , des amours simple s du berger , d'une vie modeste comblée par la présence de l'être aimé.

Mais son époque, telle que la chante Ovide dans L'Art d'aimer , est celle des séductions faciles sur le forum , aux bain s et même au cirque.

Temp s de l'arge nt-roi , déte sté par Caton , Cicéron, Scipion.

Or cette expérience désenchantée de son époque rencontre chez Tibulle 1 'expérience de la durée, qui fait et défait les liens entre les êtres et les sépare plus vite encore qu 'elle ne les a réunis.

Tibulle, amant fidèle, décrit cette courbe de la passion confron­ tée au détachement de l' autre avec une émotion qui le rend très proche de notre sensibilité.. »

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