Thomas Stearns ELIOT : La Terre vaine
Publié le 22/09/2012
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L'univers morcelé du poème où aucune quête n'aboutit, et où les citations elles-mêmes sont tronquées ou inachevées, ne peut cependant se réduire à une simple version moderne d'une quête du Graal devenue impossible, d'autant plus que la parodie existe souvent au coeur des références littéraires. Le long poème d'Eliot pourrait se lire aussi, par exemple, comme une interrogation sur les origines du langage poétique et sur son pouvoir de vérité.
«
Peintures de Vieira da Silva.
Photo Edim édia.
Eliot travailla lui
même dans une ban
que, ex périen
ce qui ne lui plut gu ère si
l 'on en croit les im
précations contenues
dans
La Terre vaine contre le monde de la
finance et l'aliénation
du bureau crate par le travail.
Le livre
Stérilité du monde moderne
C
e long poème de T.
S.
Eliot, divisé en cinq parties, est
un texte difficile dont l'hermétisme naît du caractère
discontinu et morcelé des thèmes , des références implicites, des
nombreuses citations de textes antiques (Ovide et Homère),
religieux (Bible, légende du Graal, saint Augustin, mystiques
hindous) ou poétiques (Dante, Baudelaire , Nerval , etc.) , ainsi
que de l'emploi de sept langues différentes non traduites dans
le
texte .
En voici un essai de reconstitution thématique .
La
première partie, « L 'enterrement des morts », propose un
parcours des saisons dans lequel le printemps,
réveillant les
humains de cette
« mort >> que constituent trava il et hab itude s,
est la saison la plus cruelle.
> fait allusion au chemin d'Emmaüs
de l' Évangile et à la Chapelle Périlleuse, épisode d'initiation de
la quête du Graal.
Le texte se met à parler toutes les langues et
se termine par une invitation rituelle hindoue à la paix.
Une quête du sens
L
es images récurrentes de La Terre vaine montrent une
nature désolée , aride , où le sol est gelé, où le roc lisse
n 'offre
aucune ouverture , où l'eau apparaît dangereuse.
Les
seuls animaux peuplant cet univers noir tiré de l'Enfer de Dante,
ouvrage abondamment cité, sont les rats qui rongent les os des
cadavres pourrissants et les chauves-souris, leurs équiv alents
volants ayant remplacé les anges du paradis.
Notre civilisation,
intéressée par le seul profit , apparaît sous les traits d'hommes
d 'affaires et de dactylos fatiguées ainsi que de toute une popu
lation
rongée par l ' ennui.
C'e s t elle qui s emb le tenue pour
responsable de ce néant.
Tel le roi Pécheur de la l égende
arthurienne, l' homme aurait perdu tout lien avec le divin..
»
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