TCHÉKHOV : La Mouette (Résumé et analyse)
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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On pourra consacrer un exposé à Stanislavski (1863-1938) et au Théâtre d'Art de Moscou, dont la création est d'unan postérieure à la parution de La Mouette (1896).De même, on pourra évoquer la personnalité singulière de Meyerhold (1874-1940) qui, avant de répudier le réalismedu Théâtre d'Art, y aura joué les rôles d'intellectuels ténébreux, entre autres celui de Treplev, de La Mouette.Dans un climat théâtral que Patrice Pavis qualifie de désert culturel (p.
100), Tchekhov nourrit depuis longtemps desambitions théâtrales.
On en donnera pour preuve : Ce fou de Platonov, pièce écrite en 1885, à vingt-cinq ans,L'Ours (1888), La Demande en mariage (1889), Le Tragédien malgré lui (1890), sketches en un acte, et surtoutIvanov (1889) où pour la première fois Tchekhov esquisse les grandes lignes d'un théâtre nouveau.
2.
L'oeuvre : architecture, mouvements, personnages
Les « Commentaires » proposent une étude rigoureuse et pratiquement exhaustive de l'architecture de la pièce (pp.102 à 110) et de la dramaturgie (pp.
140 à 147).
L'action
Il n'est cependant pas inutile de proposer aux élèves, au début ou à la fin de l'étude de la pièce, selon le partichoisi, un résumé de celle-ci moins « microscopique » (voir p.
103) que celui de Patrice Pavis.
Par exemple celui-ci :
Fils de la célèbre comédiennes Irina Nikolaievna Arkadina, (Mme Treplev), Constantin Treplev aspire à connaître lacélébrité en devenant écrivain.
Ainsi il lui sera plus facile d'obtenir la main de Nina, fille d'un riche propriétaire terrien,sa voisine.
Dans la propriété de son frère Sorine, il fait représenter sur un théâtre de tréteaux une de ses pièces.Nina en est l'interprète.
Par ses remarques assassines, la mère de l'auteur, elle-même actrice professionnelle, troublela représentation, que Treplev décide d'interrompre brutalement.
Ce fiasco éloigne Nina de Treplev ; la jeune fille,avide elle aussi de réussite, part pour Moscou en compagnie de Boris Trigorine, homme de lettres en vogue.
Cedernier l'abandonnera bientôt, mais Nina n'en restera pas moins sourde aux appels éplorés de Constantin qui, dedésespoir, sera conduit au suicide.
Dans un geste prémonitoire, cédant au désarroi provoqué par l'échec de sapièce, il avait un jour déposé aux pieds de la jeune fille une mouette qu'il avait eu « la bassesse de tuer », et avaitannoncé : C'est comme ça bientôt que je me tuerai moi-même » (pp.
46-47).
La construction
Autour de ce noyau dur de la pièce s'enroulent les cercles concentriques des paraboles symboliques (le lac, lamouette), des mythes proprement théâtraux (Hamlet) ou éternels (OEdipe).
La mise en évidence de cette géométriedes significations pourra constituer l'axe d'une étude didactique de La Mouette.
Le metteur en scène Giorgio Strehler nous suggère une image très concrète de cette structure dramatique : celle detrois « boîtes chinoises » se contenant l'une l'autre, image qui rend compte de la structure de l'ensemble de latrilogie tchékhovienne dont Patrice Pavis observe (p.
103) qu'elle est en germe dans cette première grande pièce.
a/ Première boîte : le réel.
Des personnages, des caractères, leur évolution, un cadre, une atmosphère réaliste à laquelle s'est souvent borné leregard des commentateurs du théâtre de Tchékhov.
b/ Deuxième boîte : l'histoire.
Ces personnages appartiennent à un moment donné de l'histoire.
Propriétaires terriens, artistes, écrivains,instituteur, composent une peinture sociale, sous-tendue par un portrait de la classe bourgeoise terrienne, en trainde s'effacer devant la classe montante, fille du capitalisme conquérant.
c/ Troisième boîte : la vie.
Le père absent, la mère abusive, les illusions perdues, l'amour déçu, les échecs, le désarroi des sentiments, l'idéal, ledésespoir, la mort.
Au centre de ce faisceau se trouve le principe de ressemblance entre Treplev et Hamlet.
Ce principe structurant estdoublement important : par la référence culturelle qu'il introduit (L'Orestie -> Hamlet -> La Mouette ou Oreste -> Hamlet -> Treplev) et par le jeu du « théâtre dans le théâtre » qu'il autorise.
Le style de l'écrivain
Les « Commentaires » développent une étude du dialogue, de ses rapports avec le dit et le non-dit, de l'écho ourécurrence des thèmes et des propos, de la place qu'y tient l'ironie, de celle également des figures mythiques.
1.
Les silencesIl est banal, mais essentiel, de souligner l'importance primordiale du silence dans l'économie générale du dialogue etdans l'élaboration du sens.
De ce point de vue, La Mouette présente des analogies avec la composition musicaledans laquelle le rythme et le phrasé sont intimement liés à la distribution des silences..
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