Tapisseries (les). Poèmes de Charles Péguy (résumé et analyse de l'oeuvre)
Publié le 27/10/2018
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Tapisseries (les). Poèmes de Charles Péguy (1873-1914), publiés à Paris dans les Cahiers de la Quinzaine en 1912 (la Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc) et en 1913 (la Tapisserie de Notre-Dame).
En 1912, Péguy accomplit deux pèlerinages à Chartres, le second en action de grâce pour le rétablissement de son fils Pierre atteint de diphtérie. Le début des poèmes en alexandrins que Péguy a baptisés « tapisseries » date, semble-t-il, de cet événement familial. Il est
difficile de préciser selon quel ordre les poèmes contenus dans chaque Tapisserie furent écrits ; regroupés par l'auteur, ils forment désormais deux grands ensembles : la Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc qui réunit neuf « sonnets » au nombre varié de tercets (320 pour le huitième) composant une « neuvaine » en l'honneur de la « vieille sainte », publiée dans les Cahiers de la Quinzaine (1er décembre
1912) et partiellement dans le Bulletin des professeurs catholiques de l'Université. Puis la Tapisserie de Notre-Dame en cinq poèmes - sonnets ou suite de quatrains -, qui inclut la fameuse \"Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres\" (89 quatrains) et « Cinq prières dans la cathédrale de Chartres ». Ce deuxième ensemble parut dans les Cahiers du 11 mai 1913. Avant la publication de la seconde Tapisserie, la conversion de Péguy n'était guère connue que de Joseph Lotte auquel le nouveau catholique en avait fait confidence en 1908. Mais la menace de guerre devenant plus proche, Péguy se décide à livrer son secret au public, tout chrétien selon lui se devant de porter témoignage. La puissante expérience religieuse ressentie au cours de la marche vers la flèche de Chartres fut-elle décisive ? En tout cas, les abonnés furent avertis de sa nouvelle foi
«
avant la mort de Péguy au champ
d'honneur (5 septembre 1914).
La Tapisserie de sainte Geneviève et de
jeanne d'Arc.
Cette première Tapisserie réunit
les poèmes d'une neuvaine célébrant les deux
bergères.
Sainte Geneviève veille sur Paris et ses
habitants ( 1-3).
Jeanne d'Arc s'inscrit dans la des
cendance de l'« antique bergère» (4-5).
L'« aïeule » voit venir la « fille de Lonraine » qui
sauvera le royaume menacé de nouveau par de
«sinistres hordes» (6).
La cad ete de celle qui
sauva jadis Paris appara'ltra en pleine « discorde
civile » (7).
Geneviève prévoit la venue de Jeanne
montée sur un « cheval de guerre » avec son
oriflamme brodé au nom de Jésus.
Trois cents
tercets de ce poème opposent les « armes de
Jésus » (l'idéal intellectuel, politique et chrétien
de Péguy) aux « armes de Satan » (les maux
générateurs de discorde civile et de faiblesse
nationale).
Les derniers tercets évoquent à nou
veau le lien ancestral entre Geneviève et jeanne
(8).
En une vision, Geneviève aperçoit les ravages
de la guerre dont jeanne sauvera la France (9).
La Tapisserie de Notre-Dame.
La seconde
Tapisserie tisse ses sonnets et ses suites de qua
trains autour des cathédrales de Paris et de
Chartres.
En quatre poèmes, Péguy présente à
Notre Dame la ville de Paris, « nef» chargée de
pécheurs ("Présentation de Paris à Notre
Dame", sept quatrains), de pénitents ("Paris vais
seau de charge", sonnet, rimes féminines), de
« galériens » ("Paris double galère", sonnet), de
soldats ("Paris vaisseau de guerre", sonnet).
Il
présente ensuite à Notre-Dame de Chartres, la
Beauce, « océan des blés » que domine la flèche
de la cathédrale chargée de symboles ("Présenta
tion de la Beauce à Notre-Dame de Chartres",
quatre-vingt-neuf quatrains).
Le poète se remé
more le pèlerinage qui le mena de la « bouti
que» des Cahiers de la Quinzaine jusqu'à l'« illus
tre tour».
Un flot d'oppositions dresse ensuite
les valeurs incarnées par la cathédrale contre cel
les du monde, se terminant par une allusion à un
pauvre « gamin » qui s'est donné la mort et pour
lequel le pèlerin implore la pitié de Marie.
Suivent
« Cinq Prières dans la cathédrale ».
Le poète se
détache des valeurs du monde, en oraison aux
pieds de Marie ("Prière de résidence", quarante
huit quatrains).
Il demande la grâce de la fidélité
("Prière de demande", douze quatrains) et
consomme dans la douleur le sacrifice de ses attachements humains
("Prière de confidence",
huit quatrains).
Renonçant au bonheur pour lui
même il en demande le « report » sur « quatre
jeunes têtes» ("Prière de report", vingt-trois
quatrains).
Devenu «tombe », le cœur du poète
ne s'ouvrira plus qu'aux dévots de Marie ("Prière
de déférence", vingt et un quatrains).
Après la période où Péguy utilisa
avec tant de bonheur le vers libre, soit
dans le récit de la Passion (le Mystère de
la charité de Jeanne d'Arc, 1910), soit
pour célébrer l'espérance (le Porche du
Mystère de la deuxième vertu, 1911; le
Mystère des saints Innocents, 1912),
il revient dorénavant à l'a lex andrin
adopté dans toutes ses œuvres poéti
ques, à l'exclusion des Quatrains restés
confidentiels (rédigés à partir de 1911,
publiés en 1939) .
Le changement est si
subit que ses proches et ses commenta
teurs en ont cherché la raison : son fils
Marcel se souvient qu'en 1912, Péguy
voulait traduire l'Ili ad e.
Il proj etait un
essai sur la pureté antique.
Stanislas
Fumet, de son côté, mentionne l'effet
que fit un soir sur le po ète une lecture
de Verlaine : «Mon Dieu m'a dit : mon
fils, il faut m'aimer.
Tu vois 1 [ ..
.
] »
(*Sagesse), qui lui révèle les ressources
de la scansion.
Péguy retourne donc
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obtenu par la strophe, le couplet ,
l' architecture, «par le dessin de ces
lignes mêmes que sont les vers "· Il se
lance dans le sonnet (Sonnets ; les Sept
contre Thèbes; Châteaux de Loire, 1912)
sans grand bonheur d'expression, ver
sifiant à la manière parnassi enne
( « Tydée allait foncer sur la porte Proe
tide »).
Mais l'inspiration lui revient
avec le retour à Je anne d'Arc.
Dominée par l'obsession d'un salut.
»
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