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Tallemant des Réaux (1619-1690): HISTORIETTES

Publié le 10/04/2013

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Tallemant des Réaux (1619-1690) est né dans une famille de riches banquiers protestants. Jeune homme aisé, il mène une vie de poète mondain et se lie à la marquise de Rambouillet, dont il fréquente le salon. Il commence la rédaction de ses Historiettes en 1657. La fin de sa vie sera assombrie par la ruine de sa famille et par les mesures prises par Louis XIV contre les protestants. Les Historiettes ne furent pas publiées du vivant de l'auteur. Il fallut attendre 1834-1835 pour qu' une première édition, expurgée et incomplète, vît le jour et fit scandale : en dévoilant les dessous parfois peu reluisants du « Grand Siècle «, l'auteur remettait en question bien des idées reçues.

« La marquise de Sablé Henri IV Si ce prince fût né roi de France et roi paisible, apparemment ce n'eût pas été un grand personnage ; il se fût noyé dans les voluptés, puisque malgré toutes ses tra­ verses, il ne laissait pas, pour suivre ses plaisirs , d 'a ban­ donner ses plus im­ portantes affaires.

(.

..

) Il n'était ni trop libéral ni trop re­ connaissant.

Il ne louait jamais les autres et se van tait comme un gascon.

( ..

.) On n'a jamais vu un prince plus humain ni qui aimât plus son peuple.

Cinq-Mars, grand écuyer de France, favori de Louis XIII, dit Monsieur le Grand Il est temps de parler de Monsieur le Grand.

Le Cardinal, qui ne s'était pas bien trouvé de La Fa yette, et qui voyait bien qu'il fallait quelque amusement au Roi , jeta les yeux sur Cinq-Mars, second fils du maréchal d'Effiat.

Il avait remarqué que le Roi avait déjà un peu d'inclination pour ce jeune seigneur, qui était beau et bienfait, et il crut qu'étant le fils d'un homme qui était sa créature , il serait plus soumis à ses volontés qu'un autre.

Cinq-Mars fut ùn an et demi à s'en défendre.

( ...

)Le Roi l'appelait cher ami.

Quand le Roi n'aimait plus Monsieur le Grand Le Cardinal voulait qu'on· chassât Monsieur le Grand.

Le Roi ne le voulait pas, à cause que le Cardinal le voulait ; non, comme vous allez voir, qu'il aimât encore Monsieur le Grand.

(.

..

) « Il faut vous dire tout, mon­ sieur Faber t, il y a six mois que je le vomis» (ce sont les propres termes du Roi).

«(.

..

)Il n'y a point d'homme plus perdu de vices, ni si peu complaisant.

C'est le plus grand in­ grat du monde.

Il m'a fait attendre quel­ quefois des heures entières dans mon carrosse, tandis qu'il crapulait.

Un royaume ne suffirait pas à ses dépenses.

Il a, à l'heure que je vous parle, jusqu'à trois cents paires de bottes.

»La vérité est que Monsieur le Grand était las de la ridicule vie que le Roi menait, et peut-être encore plus de ses ca­ resses.

L'ambitieux cardinal de Retz Jean-Fran çois de Gondi , aujourd'hui cardinal de Ret z, est un petit homme noir qui ne voit que de fort près, mal fait, laid et maladroit de ses mains à toute chose .

Quand il écrit, il fait toujours des arcades ; il n'y a pas une ligne droite, et ce n'est que du grif­ f onnis.

J'ai vu qu'il ne savait pas se bou­ tonner.

Une fois, à la chasse, il fallut que M.

de Mercœur lui remit son éperon; il n'en put jamais venir à bout.

(.

..

) Il est enclin à l'amour; il a la galanterie en tête, et veut faire du bruit; mais sa passion dominante c'est l'ambition ; son humeur est étrangement inquiète.

( ...

) Gallimard, 1960 Marion Delorme NOTES DE L'ÉDITEUR «Des Réaux ne s'étonne de rien.

Il raconte de la même humeur un trait d'héroïsme et un trait de débauche.

C'est qu'il est conteur et qu'il est peintre.

Mais, sans imagination, il demande à la réalité les contes et les tableaux qu'il veut établir.

Point de rhétorique.

Les adjectifs dans la phrase de Tallemant sont des actes, comme les verbes.

Aucune tentative pour construire un récit.

principal sera souvent un mot ajouté à la fin.

»Historiettes, notice, Mercure de France, 1927.

Historiettes en recueillant les propos de quelques personnages plus ou moins bien renseignés.

La vérité, c'est qu'il a conçu son entreprise en véritable historien.

( ...

) Ce qu 'il faut dire, c'est que les Historiettes apportent sur les soixante premières années du xvne siècle un témoignage d'une extraordinaire vérité, aussi bien dans le détail que par l 'image d'ensemble qu'elles en donnent.

» Antoine Adam, introduction aux Historiettes, Gallimard, 1960.

Il les dit comme ils lui reviennent et le «Ceux-là mêmes qui sont le moins disposés à faire confiance aux Historiettes sont obligés d'avouer que leur auteur avait recueilli toutes sortes de confidences, et des personnages les mieux informés.

Sur Henri IV il a su bien des choses par le marquis de Rambouillet et sa femme.

Ne disons plus que Tallemant a écrit les 1 Edimédia I B.N.

2, 3 , 4 illustrations d'André Collot, Paris, éd.

Monceau , 1943 / B .N.

TALLEMANT DES RÉAUX 02. »

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