STÈLES de Victor Segale (résumé & analyse)
Publié le 08/11/2018
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STÈLES. Recueil poétique de Victor Segalen (1878-1919), tiré à Pékin sur les presses des Lazaristes en 1912 (81 exemplaires) ; réédition augmentée de 16 poèmes, dans la \"Collection Coréenne\", à Pékin sous la direction de Victor Segalen pour Georges Crès à Paris en 1914.
« Elles sont des monuments restreints à une table de pierre. haut dressée, portant une inscrip tion [...]. Épigraphe et pierre taillée. voilà toute la stèle, corpset âme, être au complet [ ...]. La direc tion n'est pas indécise. Face au midi si la stèle porte les décrets. [...] Droit au nord, [ ...] les Stèles amicales. On orientera les amoureuses [...). On lèvera vers l'ouest [ ...) les guerrières et les héroï ques. D'autres, stèles du bord du chemin, sui vront le geste indifférent de la route. [ ...] Certaines [ ...] désignent [...] le milieu. [...] Ce sont les décrets d'un autre empire, et singulier. » C'est ainsi que Victor Segalen présente ses Stèles en Avant propos. Ce recueil, dédié «en hommage à Paul Claudel », se compose de 64 textes grou pés en 6 parties : « Stèles face au midi » ( 15 stè les) ; « Stèles face au nord » (8 stèles) ; « Stèles orientées » ( 12 stèles) ; « Stèles accidentées » (7 stèles) ; « Stèles du bord du chemin » (9 stè les) ; « Stèles du milieu » ( 13 stèles). L'unité de chaque partie tient, comme annoncé dans l'Avant propos. au thème des stèles qui la composent. Les titres des parties. ainsi que ceux des stèles, sont donnés en caractères chinois. Les stèles se présentent comme des groupes de ver sets, de volume, de rythme, de longueur variables, à la tonalité ample, majestueuse : celle de l'hommage.
Victor Segalen s'est servi, pour composer ses Stèles, de tous les signes apparents et attendus de l'exotisme chinois. Le recueil original tel qu'il en dirigea lui-même la composition reprenait ainsi, en réduction, les proportions exactes de la stèle nestorienne de Sian et se présentait sous la forme d'un livre à la chinoise : papier impérial de Corée imprimé sur un seul côté, une seule feuille pliée en accordéon sous deux couvertures de bois, caractères chinois pour le titre, ainsi que pour les titres des parties et des poèmes (ces titres ne seront accompagnés de leur
«
traduction
en français que dans la
deuxième édition en 1914).
Les réalités chinoises semblent au
premier abord envahissantes et mas
quent l'authenticité de l'œuvre : on y
trouve empire, empereurs, princes
régents , Bouddha, vieux sages, prêtre
lama ; on y voit tablettes de jade, coif
fures et fards chinois, soieries, paons,
et dragons si caractéristiques ; les noms
propres chinois y abond ent.
La langue
elle-même semble adapter (traduire)
des expressions chinoises par ses
archaïsmes et son caractère figé, solen
nel, hiératiqu e.
Pour tant, ici encore, comme dans
René Leys (1921) ou Équi pée (1929), le
recours à une réalité apparemment
reproduite dans le mystère hermétique
de son exotisme et, comme dans les
Immémoriaux (1907), à une forme, un
idiome étrangers à l'auteur, lui permet
d' exprimer , dans un moule extrême
ment codé, toute la force propre de son
univers poétique.
Ce que crée ici
encore Victor Segalen , c' est une langue
très personnelle pour dire au mieux sa
quête, son voyage intérieur à la décou
verte de son identité profonde et de la
frontière mouvante entre réel et imagi
naire, une langue dépouillée, sans
effets, qui traque la pureté dans l'éco
nomie des formes, des images et du
vocabulaire, à la manière des dires
sacrés et des hymnes primitifs consa
crés à l'être, au monde , au divin :.
»
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